jeudi 25 mai 2017

Thorgal (tome 8) : "Alinoë" (Le Lombard ; février 1985)

"Alinoë" est le huitième tome de "Thorgal". Cet album, sorti chez Le Lombard en février 1985, est indépendant de tout cycle. Chronologiquement, c'est la suite de "La Chute de Brek Zarith".
Le scénario a été écrit par Jean Van Hamme, qui restera le scénariste de "Thorgal" jusqu'en 2007, date à laquelle il se retire. La couverture, les dessins, l'encrage ainsi que la mise en couleurs ont été réalisés par Grzegorz Rosiński, qui est toujours dessinateur de la série. Ce tome compte quarante-six planches.
L'album a reçu le prix de la Sonnaille d'Or du Festival de Sierre, en Suisse, deuxième plus grand festival de bande dessinée d'Europe après celui d'Angoulême (le dernier a eu lieu en 2004).

Précédemment, suite à la tragédie de Brek Zarith, Thorgal déclare à Aaricia, sur le bateau qui les emmène, que lui, elle et Jolan vivront désormais loin de tout pour préserver leur bonheur.
Jolan est seul sur la plage d'une île. Le garçonnet a rapidement grandi. Il est agenouillé au bord de l'eau et trace une série d'étranges caractères complexes dans le sable, tandis que son chien Muff poursuit les mouettes. Thorgal arrive et l'interroge sur la signification de ces signes. L'enfant lui répond qu'il l'ignore et qu'il reproduit ce qui lui passe par la tête. Thorgal trouve cela curieux. Son fils lui demande de lui apprendre à lire et à écrire ; le père, gêné, lui avoue qu'Aaricia et lui ne savent ni lire ni écrire et que, chez les Vikings, seuls les prêtres-sorciers en sont capables. Jolan ignorant qui sont les Vikings, Thorgal lui explique que sont les maîtres de la mer et des vents et qu'Aaricia était la fille d'un des rois vikings. Lorsque le garçon souhaite savoir si Thorgal est un Viking lui aussi, son père lui raconte que les Vikings l'ont recueilli, mais que lui-même vient de beaucoup plus loin. Tout en discutant, ils arrivent au bateau. Aaricia les attend au bord de l'eau. Tandis que Jolan joue avec Muff, elle confie à Thorgal qu'elle n'aime pas le voir partir. Son mari lui répond qu'il leur faut pourtant de la farine et des vêtements chauds, car l'hiver approche. Il ne devrait être absent que deux jours, peut-être trois en cas de vents contraires. Et puis, ce n'est pas la première fois qu'il se rend sur le continent. Il ajoute que Jolan la protégera et il fait promettre à l'enfant de prendre soin de sa mère. Après un baiser langoureux à son épouse, Thorgal jette son paquetage sur le pont et monte à bord. Son embarcation commence à s'éloigner du rivage. Aaricia et Thorgal échangent un dernier signe de la main. Lorsque Jolan demande à sa mère pourquoi elle pleure, elle le prend par la main et, prétextant le froid, rétorque qu'ils doivent rentrer à la maison. Dès qu'ils sont arrivés, Aaricia prépare le repas, pendant que le gamin continue ses incessantes questions...

"Alinoë", c'est d'abord un exercice de style de Van Hamme. C'est une histoire fantastique, voire d'épouvante, en huis clos, puisque l'action se déroule en un lieu unique (une île) dont les personnages ne peuvent pas sortir (il n'y a qu'un bateau, celui de Thorgal). Il y a peu de protagonistes : Thorgal s'absente et n'intervient qu'au début et à la fin. Aaricia, Jolan et Alinoë sont donc les seuls acteurs de cette sinistre pièce, qui comporte quelques animaux en figurants, dont seul le chien Muff a un rôle d'importance. Tous les codes de l'épouvante (cinéma ou littérature) y sont : l'isolement, le mystère inexplicable (le bracelet), la créature surnaturelle, les situations dramatiques, l'opposition entre innocence et mal (par l'intermédiaire de la symbolique de l'enfant) et entre cauchemar et réalité, les êtres possédés au regard vide, aux yeux blancs, sans iris ni pupille, la traque, la fuite et la recherche d'un refuge, la solitude, la poursuite, jusqu'au dénouement. Cet album est absolument captivant, sans faiblesse, et représente l'un des grands moments d'un titre qui en compte beaucoup.
La travail de Rosiński est remarquable : lumières, ombres (troisième case de la première planche), expressivité des personnages (c'est important, car les protagonistes sont peu nombreux et le texte n'est pas dense). L'encrage est d'une grande finesse. L'artiste produit, en moyenne, six à sept cases par planche. Le découpage, classique, sert la narration décompressée à la perfection. La couleur est cependant trop pâle.

"Alinoë" est un album à part dans la série. Ce huis clos fantastique est une histoire surprenante qui, en plus de la patte de Rosiński, bénéficie d'un crescendo de la tension jusqu'à la fin et pose des questions au sujet de Jolan et ses étranges facultés.

Mon verdict : ★★★★

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence13 juillet

    Voilà le deuxième commentaire que je lis qui encense cet album atypique dont le héros donnant son titre à la série est quasiment absent.

    http://www.brucetringale.com/good-news-from-the-stars/

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    1. Je dois avouer que la relecture de ce tome, ça a été une petite claque.
      Quelle série, quand même !

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