dimanche 25 juin 2017

Les Mystérieuses Enquêtes de Sandman : "Le Scorpion" (Le Téméraire ; février 1998)

"Les Mystérieuses Enquêtes de Sandman" est une série en trois tomes qui a été publiée dans la collection "Vertigo" des éditions Le Téméraire de 1997 à 1998. Le Téméraire est une ancienne maison française d'édition créée en 1993. Hélas, l'éditeur ayant cessé ses activités en 2000, certaines séries n'ont pas pu être terminées.
Ces albums sont tirés de la série VO "Sandman Mystery Theatre", publiée entre 1993 et 1999. Publié dans la collection Vertigo de DC Comics, le titre compte soixante-dix numéros. Le Téméraire n'ayant sorti que douze d'entre eux, la quantité de matériau inédit en France est de taille ; elle attend patiemment son heure.
"Le Scorpion" est le troisième et dernier tome. Il comprend les numéros VO #17-20, soit la totalité de l'arc intitulé "The Scorpion". Cet album cartonné d'une centaine de planches est sorti en 1998.
Le scénario est de Matt Wagner et Steven T. Seagle. Wagner est connu pour "Batman et les monstres" et "Batman et le moine fou". Seagle, lauréat de deux "Eisner", a beaucoup travaillé pour Vertigo. Guy Davis ("Starman"), qui a été récompensé de trois "Eisner", signe tous les dessins et David Hornung réalise la mise en couleur.

Wesley Dodds est plongé en plein cauchemar. Une rose se métamorphose, lentement. De son pistil émerge une protubérance de forme vaguement phallique, qui évolue en la queue d'un scorpion.
Dodds et Dian prennent leur petit déjeuner. Ils sont encore émoustillés au souvenir de leur première nuit ensemble. Dodds n'avoue toujours pas à Dian la nature exacte de son activité de détective amateur. Il continue donc à ruser avec elle, prétendant qu'il est indisponible le soir même. Il ne pourra pas assister au gala de charité avec Buster Calhoun, une vedette de films de western, organisé par des investisseurs. Wesley donne alors ses deux places à une Dian enthousiaste, afin qu'elle puisse en profiter avec son père. Détail important, il lui offre également une rose en origami...

Ce Scorpion-là, qui n'a rien à voir avec l'ennemi de Spider-Man, est un peu le premier véritable super-vilain costumé de la série. Ici, le Scorpion, qui pourra rappeler Zorro, est un esprit vengeur qui s'est donné pour mission de punir le tort causé à son père mort. Il représente une critique de la cupidité humaine, de l'attrait qu'exerce la richesse, et du capitalisme, dont les agents, des investisseurs, proposent des placements juteux au rendement assuré par la guerre imminente. Wagner prend plus de temps que précédemment pour dérouler son intrigue, qui monte crescendo. L'auteur développe la conscience sociale de Dodds, hanté par les inégalités et les attaques que subissent décence et honnêteté. Tandis que Sandman mène l'enquête sur le terrain et dans son laboratoire, le milliardaire pratique la méditation et sa relation avec Dian Belmont gagne en intensité. La jeune femme offre un aspect plus lumineux ; Dian est intelligente, courageuse, énergique, débrouillarde et astucieuse. Les auteurs n'hésitent pas à malmener le héros. Notons, encore une fois, les clins d'œil aux pulps et aux comics, ainsi que la présence de certaines déviances sexuelles, comme dans "La Tatentule". Il faut lire (relire) "La Vamp" pour saisir les références des dialogues.
Bien que la couleur soit pâlotte, la partie graphique, dans ce style semi-réaliste au découpage limpide, est remarquable. Le Sandman de Davis est représenté une créature nocturne, silencieuse, qui place ses suspects sur écoute et s'introduit dans des domiciles dont les occupants sont absents afin d'enquêter. L'artiste produit des planches sans paroles, qui diffusent une atmosphère de suspense quasiment palpable.

Comme dans le tome précédent, c'est Xavier Hanart qui réalise la traduction de ces épisodes. L'amélioration de la qualité du texte est perceptible, c'est vrai. Mais malgré cela, ce n'est pas encore parfait et quelques fautes ont résisté à la relecture.

Bien que le début de cet album soit long (l'intrigue est lente à se mettre en place), ce troisième volume est captivant. Wagner et Seagle explorent la psyché de cette Amérique d'avant-guerre, tandis que l'amour entre Wesley et Dian continue à éclore. Près de vingt-cinq ans plus tard, la traduction en langue française et la publication de l'intégralité de ces soixante-dix épisodes semblent, hélas, fortement improbables.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence27 juillet

    Je me souviens effectivement que Matt Wagner intégrait une tension sexuelle assez élevée (parfois sous forme de déviance comme tu le rappelles), ce que j'avais pris comme un commentaire sur le climat moral de l'époque : répressif en bonne société, engendrant des frustrations propres à générer des comportements déviants.

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    1. Toi qui lis en version originale, sais-tu si DC Comics a réédité l'intégralité de la série en TPB ? Parce que j'ai l'impression qu'ils se sont arrêtés au départ de Wagner et je me demande pourquoi. As-tu lu les épisodes que Seagle a écrits seul (les #53-70), par hasard ?

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