lundi 10 juillet 2017

Le Mercenaire (tome 10) : "Géants" (Glénat ; mars 1999)

"Le Mercenaire" est une série de bande dessinée créée et réalisée (scénarisée, illustrée, encrée et mise en couleur) par l'artiste espagnol (catalan) Vicente Segrelles. Elle a d'abord été publiée en Espagne à partir de mars 1981, dans le premier numéro du journal "Cimoc", sous le titre "El Mercenario". En France, elle a été publiée dans le magazine Circus, qui appartenait aux éditions Glénat. C'est chez Glénat que paraîtront les treize tomes de cette série médiévale fantastique (qui peut être, hélas, considérée comme finie), entre 1982 et 2004.
"Géants" ("Gigantes" en VO) est le dixième tome de la série. Cet album cartonné de quarante-six planches, sorti chez Glénat en mars 1999, ne compte encore qu'une seule édition à ce jour.

Une vallée au crépuscule. Le Mercenaire et Nan-Tay installent leur campement entre quelques pierres et se réchauffent dans des couvertures. Nan-Tay apprécie les haltes paisibles lors des voyages, à écouter des histoires fantastiques, surtout avec des géants. Nostalgique, elle se souvient des contes de son grand-père. Aussi accepte-t-elle avec empressement lorsque son compagnon lui propose des récits de ses aventures.
Dans "Une halte en chemin", le Mercenaire éprouve le sentiment d'être tombé bien bas. Il a accepté cent écus pour entrer dans un palais taillé à même la roche. Il monte la visière de son heaume, sonne l'imposant gong à l'entrée, traverse le pont-levis qui s'abaisse, vide un sac d'or dans un panier qui est tracté...
Dans "Les Trois Vœux", le soldat et son lézard volant font une halte au milieu de ruines. L'attention de l'aventurier est attirée par une trappe de pierre ornée d'un anneau encastré. La trappe étant lourde, il y attelle sa monture, qui parvient à la soulever. Le Mercenaire descend ensuite, à l'aide d'une corde...
Dans "Endora", le lézard volant du Mercenaire plane en direction d'une tour au sommet de laquelle un géant ailé armé d'une épée monte patiemment la garde, sûr de lui. Le colosse semble surpris par la présence du Mercenaire. Le soldat fait effectuer une manœuvre à sa monture, arme son arbalète, vire, et décoche le carreau qui frappe le titan en plein poitrine, et le tue...
Dans "Le Faux Bourdon", le Mercenaire est en fâcheuse posture. Il a dû se poser sur un petit îlot rocheux. La brume l'empêche de voler. Pire, un monstre marin attend patiemment sur l'îlot voisin. Retentit alors le son d'une corne, qui attire instantanément le prédateur. Le Mercenaire décide de le suivre, décolle et le dépasse. Il aperçoit un rocher de forme sinistre, auquel est enchaînée une femme à moitié nue...

"Géants", c'est un petit moment d'intimité entre le Mercenaire et Nan-Tay, même si cet aspect n'est pas davantage exploité. Pour Segrelles, c'est l'occasion de s'essayer à la nouvelle illustrée, puisque l'auteur nous offre ici quatre histoires courtes à la longueur variable, respectivement huit, sept, seize et treize planches (en omettant l'introduction et la conclusion d'une planche chacune). Aucun de ces chapitres ne fait écho à la continuité de la série. Ils proposent tous des aventures en solo du Mercenaire. La première, très onirique, est un récit d'épouvante et d'horreur sur fond de science-fiction, un thème cher au scénariste. La seconde, pleine d'humour, est un hommage au conte traditionnel arabo-perse "Aladin ou la Lampe merveilleuse". La troisième met le Mercenaire face à une puissante sorcière obsédée par la jeunesse éternelle ; malgré quelques bons moments et de l'humour, elle pâtit d'une conclusion longuette. La quatrième et dernière rappellera les toutes premières aventures du Mercenaire et pourra être interprétée comme une critique du féminisme.
Segrelles, qui peint à l'huile dans un style hyperréaliste, produit des planches remarquables, bien que son trait en vingt ans, n'ait pas évolué. Si les cases manquent parfois de mouvement et que certaines scènes sont statiques, la science de l'encrage, de la couleur et la maîtrise de l'ombre et la lumière sont indéniables. L'artiste soigne ses créatures, géants, génies et monstres, puisque c'est de leur album qu'il s'agit.

"Géants" peut se lire indépendamment. C'est un album agréable, réussi (malgré des longueurs dans "Endora") et bien traduit (par Anne-Marie Meunier) qui, en quatre récits, expose les facettes du titre (médiéval fantastique, épouvante et science-fiction).

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence31 juillet

    "C'est un album réussi" : ce qui n'est pas si simple que ça car l'art de la nouvelle est difficile. Tous les auteurs n'arrivent pas à raconter une histoire consistante en un nombre de pages aussi réduit.

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    1. Sans doute. Pour ma part, et sans diminuer le talent requis, je pense que la nouvelle en BD est plus facile qu'un scénario plus long qui doit faire preuve de cohérence.
      Van Hamme s'y est lui aussi essayé dans "Thorgal", avec tout autant de réussite.

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