"R.I.P., Ric !" est le premier tome des "Nouvelles Enquêtes de Ric Hochet", une relance de la série fleuve "Ric Hochet" (une somme de soixante-dix-huit tomes entre 1964 et 2010, avec 15 millions d'albums vendus) du duo franco-belge formé par Gilbert Gascard, alias Tibet (1931-2010), et André-Paul Duchâteau. Sorti aux éditions Le Lombard en mai 2015, "R.I.P., Ric !" est un album cartonné qui compte cinquante-quatre planches.
L'équipe artistique qui relève ce défi est composée du scénariste belge Zidrou (Benoît Drousie) et du dessinateur français Simon Van Liemt. Contrairement à d'autres reprises, le tandem devrait rester stable sans changer à chaque tome (bien que seulement deux volumes aient été publiés à ce jour). Zidrou est un vétéran de la bande dessinée (surtout humoristique) et compte plusieurs titres ou reprises à son actif, y compris des albums indépendants sans suite ("Natures mortes"). Le scénariste est notamment connu pour "L'Élève Ducobu", ou encore "L'Adoption". Van Liemt, lui, a travaillé sur deux titres, "Incantations" (série terminée), et "Poker" (en cours à ce jour).
Mai 1968. Paris, la nuit. Le narrateur demande aux lecteurs s'ils ont déjà haï quelqu'un jusqu'à souhaiter sa mort. Il se trouve dans un appartement, dont il parcourt les pièces du faisceau de sa lampe de poche. Notre visiteur nocturne a fait de la haine qu'il lui porte une drogue. Lui, c'est Ric Hochet, dont il énonce fièrement que sa mort est devenue sa raison de vivre. Ric Hochet, dont le nom suffit à faire bouillir son sang. Rageur, l'homme chasse d'un coup de pied Nanar, le chat du journaliste, tout en se gaussant du patronyme de l'objet de sa haine. Tandis qu'il enfile les vêtements de celui dont il souhaite ardemment la mort, il lui reconnaît néanmoins un courage certain et une chance insolente qui font finalement de lui un boy-scout. Feuilletant les dossiers de Ric, l'homme finit par révéler son identité : l'ex-inspecteur Philippe Manière, alias Philippe Volcan, alias le Caméléon. Il interrompt le flot de ses pensées en apercevant la Volvo P1800 jaune canari de son ennemi juré se garer. Ric Hochet entre chez lui et referme la porte derrière lui. Son visiteur, le menaçant de son pistolet de loin, lui souhaite le bonsoir et lui interdit d'allumer la pièce. Il raille sa proie encore un moment, puis enlève l'étoffe qu'il avait placée sur l'abat-jour d'une lampe, révélant ainsi son visage, qui n'est autre que celui de Ric Hochet ! Le reporter avoue être impressionné, mais ne se départit pas de son sens de la répartie, causant un mélange d'amusement et d'agacement chez son interlocuteur. Ric ne parvient cependant pas à mettre un nom sur la voix, mais l'homme révèle son identité. Le Caméléon revient sur la vie du journaliste : son père escroc, sa mère qui meurt alors qu'il n'est encore qu'un enfant...
Ric Hochet est de retour ! Certes, l'approche de Zidrou ne contentera sans doute pas les fidèles de la première heure. Le scénariste fait preuve d'un iconoclasme sans méchanceté, plein d'humour, en témoignent le soliloque du Caméléon et le bonheur pervers et masochiste avec lequel le malfrat se glisse dans la peau du héros en trompant tout le monde (y compris Nadine). D'emblée, l'auteur s'amuse avec les nerfs du lecteur. Soutenue par des dialogues de qualité, l'intrigue est menée de main de maître, et le suspense monte crescendo jusqu'à la fin. Zidrou, s'il soigne les caractérisations, n'hésite pas à égratigner les légendes, ternissant le passé de Bourdon d'actes collaborationnistes, dont le commissaire, plein de remords, a honte. Le scénariste fait souffler un vent de liberté sur le titre, entre autres lorsque Nadine abandonne son soutien-gorge sur la plage. Il place le récit dans le contexte de son époque (noter aussi le prospectus "Sois jeune et tais-toi!" de mai 68), sans l'ignorer, et avec le recul de notre regard actuel. Ce premier volume est une franche réussite.
Dans l'ensemble, Van Liemt réalise une bonne partie graphique. Son Ric Hochet, son Bourdon et sa Nadine sont convaincants. Le découpage, classique, rend l'action limpide. Les véhicules sont soignés (Volvo, Porsche ou Renault Estafette, etc.). Mais les plans moyens sont moins détaillés et les fonds de cases sont souvent omis. Notons les références au "Bassin aux nymphéas" (1899) de Claude Monet (1840-1926).
"Les Nouvelles Enquêtes de Ric Hochet" est une relance dont le premier numéro est un indéniable succès et qui, d'emblée, donne envie de découvrir la suite. Le scénario est captivant, les dessins sont plutôt réussis, et les références, nombreuses.
Mon verdict : ★★★★☆
L'équipe artistique qui relève ce défi est composée du scénariste belge Zidrou (Benoît Drousie) et du dessinateur français Simon Van Liemt. Contrairement à d'autres reprises, le tandem devrait rester stable sans changer à chaque tome (bien que seulement deux volumes aient été publiés à ce jour). Zidrou est un vétéran de la bande dessinée (surtout humoristique) et compte plusieurs titres ou reprises à son actif, y compris des albums indépendants sans suite ("Natures mortes"). Le scénariste est notamment connu pour "L'Élève Ducobu", ou encore "L'Adoption". Van Liemt, lui, a travaillé sur deux titres, "Incantations" (série terminée), et "Poker" (en cours à ce jour).
Mai 1968. Paris, la nuit. Le narrateur demande aux lecteurs s'ils ont déjà haï quelqu'un jusqu'à souhaiter sa mort. Il se trouve dans un appartement, dont il parcourt les pièces du faisceau de sa lampe de poche. Notre visiteur nocturne a fait de la haine qu'il lui porte une drogue. Lui, c'est Ric Hochet, dont il énonce fièrement que sa mort est devenue sa raison de vivre. Ric Hochet, dont le nom suffit à faire bouillir son sang. Rageur, l'homme chasse d'un coup de pied Nanar, le chat du journaliste, tout en se gaussant du patronyme de l'objet de sa haine. Tandis qu'il enfile les vêtements de celui dont il souhaite ardemment la mort, il lui reconnaît néanmoins un courage certain et une chance insolente qui font finalement de lui un boy-scout. Feuilletant les dossiers de Ric, l'homme finit par révéler son identité : l'ex-inspecteur Philippe Manière, alias Philippe Volcan, alias le Caméléon. Il interrompt le flot de ses pensées en apercevant la Volvo P1800 jaune canari de son ennemi juré se garer. Ric Hochet entre chez lui et referme la porte derrière lui. Son visiteur, le menaçant de son pistolet de loin, lui souhaite le bonsoir et lui interdit d'allumer la pièce. Il raille sa proie encore un moment, puis enlève l'étoffe qu'il avait placée sur l'abat-jour d'une lampe, révélant ainsi son visage, qui n'est autre que celui de Ric Hochet ! Le reporter avoue être impressionné, mais ne se départit pas de son sens de la répartie, causant un mélange d'amusement et d'agacement chez son interlocuteur. Ric ne parvient cependant pas à mettre un nom sur la voix, mais l'homme révèle son identité. Le Caméléon revient sur la vie du journaliste : son père escroc, sa mère qui meurt alors qu'il n'est encore qu'un enfant...
Ric Hochet est de retour ! Certes, l'approche de Zidrou ne contentera sans doute pas les fidèles de la première heure. Le scénariste fait preuve d'un iconoclasme sans méchanceté, plein d'humour, en témoignent le soliloque du Caméléon et le bonheur pervers et masochiste avec lequel le malfrat se glisse dans la peau du héros en trompant tout le monde (y compris Nadine). D'emblée, l'auteur s'amuse avec les nerfs du lecteur. Soutenue par des dialogues de qualité, l'intrigue est menée de main de maître, et le suspense monte crescendo jusqu'à la fin. Zidrou, s'il soigne les caractérisations, n'hésite pas à égratigner les légendes, ternissant le passé de Bourdon d'actes collaborationnistes, dont le commissaire, plein de remords, a honte. Le scénariste fait souffler un vent de liberté sur le titre, entre autres lorsque Nadine abandonne son soutien-gorge sur la plage. Il place le récit dans le contexte de son époque (noter aussi le prospectus "Sois jeune et tais-toi!" de mai 68), sans l'ignorer, et avec le recul de notre regard actuel. Ce premier volume est une franche réussite.
Dans l'ensemble, Van Liemt réalise une bonne partie graphique. Son Ric Hochet, son Bourdon et sa Nadine sont convaincants. Le découpage, classique, rend l'action limpide. Les véhicules sont soignés (Volvo, Porsche ou Renault Estafette, etc.). Mais les plans moyens sont moins détaillés et les fonds de cases sont souvent omis. Notons les références au "Bassin aux nymphéas" (1899) de Claude Monet (1840-1926).
"Les Nouvelles Enquêtes de Ric Hochet" est une relance dont le premier numéro est un indéniable succès et qui, d'emblée, donne envie de découvrir la suite. Le scénario est captivant, les dessins sont plutôt réussis, et les références, nombreuses.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
La polyvalence de Zidrou m'épate. Je n'avais jamais prêté attention à ce scénariste jusqu'à il y a peu. Les louanges de Bruce à son endroit m'ont convaincu de sauter le pas et lire le dernier album de Clifton, surtout pour le plaisir de retrouver les dessins de Turk. J'ai effectivement découvert un scénariste capable de se couler dans le moule de la série, et de se montrer inventif et pertinent. J'ai également lu Natures mortes que tu cites, attiré par la partie graphique, à nouveau une bonne pioche. Je suis très impressionné par les chiffres de vente et de longévité de la série Ric Hochet.
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas Zidrou, à vrai dire !
SupprimerRic Hochet, pour moi, c'est un souvenir d'enfance. Zidrou ne parvient pas tout à fait à recréer la même ambiance, mais j'ai lu que le troisième tome serait écrit dans une veine plus fantastique.