mardi 8 août 2017

"Captain America" : L'Intégrale 1973 (Panini Comics ; février 2017)

Le septième tome de l'intégrale Panini Comics consacrée à Captain America comprend les douze numéros de la série régulière "Captain America" de 1973, du #157 de janvier au #168 de décembre. Chaque épisode comptant entre dix-neuf et vingt et une planches, ce volume approche les deux cent cinquante planches.
Steve Englehart écrit la quasi-totalité des numéros, dont le #157 avec Steve Gerber (1947-2008) ; le dernier de l'année (#168) a été confié à Roy Thomas et Tony Isabella. Sal Buscema dessine tous les numéros, à l'exception du #164, réalisé par Alan Weiss. Outre Weiss, John Tartaglione (1921-2003), John Verpoorten (1940-1977) Frank McLaughlin, Tony Mortellaro, George Roussos (1915-2000) et Frank Giacoia (1924-1988) participent à l'encrage.

À l'issue du tome précédent, Steve Rogers, en vacances aux Bahamas avec Sharon Carter, revenait aux États-Unis affronter le Captain America extrémiste des années cinquante et son acolyte.
Ici, le justicier cherche à mettre fin aux agissements du Commandant masqué, un mystérieux criminel qui corrompt la police et a recruté des super-vilains, dont la Vipère, qui, lors d'un combat, empoisonne Captain America et le Faucon. Le Vengeur avale l'antidote et réalise que le mélange des produits chimiques à l'intérieur de son organisme a décuplé sa force. Captain America et le Faucon affrontent ensuite le puissant Solarr (un super-vilain que les Vengeurs retrouveront en 1974). Puis le héros à la bannière étoilée dévoile un plan machiavélique ourdi par le docteur Faustus. Après cela, c'est au tour de l'Escadron des Serpents de mener la vie dure aux forces de l'ordre. Plus tard, Nightshade et ses loups-garous pensent avoir réglé son compte à Captain America. À New York, la Griffe jaune est de retour et entend bien instaurer un nouvel ordre mondial. Enfin, Captain America est attaqué par le Phénix, un nouveau criminel masqué...

Sous Englehart, rien n'évolue. La série reste ancrée dans les années soixante. Les maladroites incursions de nature sociopolitique disparaissent. Avec la Griffe jaune, le scénariste replace mollement Captain America dans son contexte de héros de propagande, sans oublier les énièmes rejetons des cendres du Troisième Reich. Pour varier les recettes de ses aventures, Englehart pioche dans le domaine de l'épouvante et en ramène, au gré des épisodes, loups-garous, momies, araignées ou scorpions géants pour un résultat peu convaincant ; car non, Captain America n'est pas un super-héros qui se prête (ou alors, pas longtemps) au registre horrifique. Les caractérisations des personnages n'évoluent guère. Cette camaraderie teintée de rivalité et de velléité d'indépendance entre Captain America et le Faucon est ici troublée par l'apparition des nouveaux pouvoirs du premier, faisant ressentir au second une relative inutilité. L'idylle entre Steve Rogers et Sharon Carter est sans substance, d'autant qu'Englehart la complique inutilement avec l'arrivée de Peggy Carter. Avec Cal Trimble, logeur indélicat, l'auteur tente bien de plonger Rogers dans les tracas du quotidien, mais cela reste sans conséquence notable. Malgré tout, ces aventures-là ne sont pas désagréables à lire, au contraire, car Englehart, à trente-cinq ans, a du métier, et sait produire des histoires sans longueur, pleines d'action.
C'est surtout grâce à Buscema que le titre se maintient. Certes, son style, ancré dans le classicisme des années soixante, manque d'une personnalité propre. Oui, l'expressivité de ses personnages est souvent exagérée. Mais l'artiste est capable de produire des compositions qui dégagent une incroyable énergie, un punch étonnant, notamment lors des corps-à-corps. Dans une série comme celle-ci, c'est primordial. Passons sur les planches de Weiss, plus réalistes, il est vrai, mais qui manquent d'animation, et dont les sujets ont des visages aux traits trop irréguliers.

La valse des traducteurs continue. Curieux que Panini Comics n'aient pas attribué les volumes d'une même intégrale à un seul traducteur pour des raisons de cohérence de texte. Ces épisodes n'en pâtissent pas. Nick Meylaender réalise un travail solide.

En 1973, "Captain America" est une série inerte, profondément ancrée à la fin des années soixante, et dans laquelle rien ne semble devoir changer. C'est le métier du duo artistique, plus que son imagination, qui fait la différence et sauve les meubles.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence30 août

    Je lis toujours avec intérêt tes billets sur ces intégrales. En vérifiant, je me rends compte que le hasard a fait que j'ai lu, il n'y a pas longtemps, les épisodes suivants écrits part Steve Englehart et qui constituent l'histoire Secret Empire originale.

    Ces épisodes sont à nouveau dessinés par Sal Buscema, et il a bien fallu que je fasse avec.
    "L'expressivité de ses personnages est souvent exagérée." - Plus je redécouvre les pages de Sal Buscema, plus j'y vois des dessins dérivatifs de Jack Kirby, avec une bonne capacité à transcrire la violence et la force (malgré l'absence de sang et de blessures), mais avec une gamme d'expressions du visage très limitée, très répétitive et très forcée.

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    1. J'ai lu que Buscema avait pour mérite principal de travailler rapidement. À vrai dire, son style graphique convient à ces grosses séries Marvel du milieu des années soixante-dix, qui, je trouve, font quand même du sur place (je pense aux Vengeurs, dont j'ai arrêté la lecture).

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