vendredi 11 août 2017

"Daredevil" : L'Intégrale 1968 (Panini Comics ; janvier 2017)

Ce quatrième tome de l'intégrale consacrée au personnage de Daredevil est sorti en janvier 2017. Il contient tous les numéros de 1968, de janvier (#36) à décembre (#47), ainsi que le "Fantastic Four" #73 (avril 1968), ajouté pour compléter l'histoire. Cet album compte approximativement deux cent soixante planches.
Les scénarios ont été conçus par Stan Lee. Lee restera le scénariste de la série jusqu'en mars 1969 (#50). Gene Colan (1926-2011) signe les dessins. Le "Fantastic Four" est illustré par Jack Kirby (1917-1994). Le travail d'encrage est réparti entre Frank Giacoia (1924-1988), George Tuska (1916-2009), John Tartaglione (1921-2003), Dan Adkins (1937-2013), Vince Colletta (1923-1991), George Klein (1915/1920-1969) et Joe Sinnott pour Kirby.
Dans l'ensemble, la traduction, réalisée par Nicole Duclos et Geneviève Coulomb, est très correcte, et le texte, plutôt soigné.

À l'issue du tome précédent, le Piégeur usurpe l'identité de Daredevil pour entrer dans le Baxter Building. Il pose une bombe qui explosera dès qu'elle détectera une source de chaleur corporelle.
Daredevil rattrape le Piégeur, mais perd connaissance lors du corps-à-corps. À son réveil, il est surpris par Fatalis, qui le capture et procède à un échange de corps en vue d'affronter les Quatre Fantastiques. Cela provoque des quiproquos dans lesquels Spider-Man et Thor sont impliqués. Daredevil retrouve ensuite les Trois Renégats sur sa route, ainsi que leur nouveau patron, l'Exterminateur. À l'issue de la confrontation finale, Matt met en scène la mort de Daredevil - et de son frère jumeau Mike. Plus tard, un politicien véreux fait appel au Pitre pour empêcher Foggy de postuler au poste de procureur de la ville. Le complot échoue, mais le Pitre parvient à fuir. Matt ronge ensuite son frein suite au départ de Karen et se mesure à Captain America sur le ring. Ailleurs, le Pitre concocte un plan machiavélique visant à faire inculper Daredevil pour meurtre. Enfin, DD est la vedette d'un spectacle pour les troupes armées au Viêt Nam...

L'année ne commence pas de façon particulièrement satisfaisante. Lee confronte Daredevil à des super-héros ou super-vilains bien plus puissants que lui dans des épisodes sans intérêt aux interminables rebondissements qui font penser à du mauvais vaudeville. Bien que l'arc avec l'Exterminateur et les Trois Renégats ne soit pas non plus du meilleur cru, il est relativement important, puisque l'Exterminateur reviendra sous une identité nettement plus intéressante et inquiétante, celle du Chasseur (Death-Stalker en VO, #113), qui n'a rien à voir avec le Kraven de Spider-Man. Malgré un accoutrement ridicule, le Pitre est un personnage réussi qui rappelle indéniablement certains côtés du Joker de la Distinguée Concurrence. Dans les premiers épisodes de cette année-là, Lee offre à son Daredevil une caractérisation qu'il applique sans différentiation à d'autres héros, tels que Spider-Man ou Iron Man : un justicier à l'intarissable bagout dès qu'il enfile son costume et qui, lors des combats, maîtrise aussi bien le crochet, l'uppercut ou le salto que les boutades infantiles qui deviennent indigestes à force d'être ressassées. Le ton change à la "mort" de Mike Murdock (incroyablement dénuée d'émotions, même feintes, elle est rapidement mise de côté) et, surtout, après le départ de Karen. L'idylle platonique entre l'avocat et sa secrétaire ne pouvait plus continuer sous peine de sombrer dans le ridicule, et Lee prend la décision qui s'impose. Suite à cela, la caractérisation de Daredevil évolue ; le héros donne libre cours à sa rage (il va jusqu'à s'en prendre au symbole des Vengeurs) et sa psyché devient bien plus tourmentée, ce qui le rend franchement plus intéressant. Le dernier chapitre n'est pas un récit propagandiste.
Avec Colan, "Daredevil" est un périodique béni qui bénéficie du talent d'un artiste de premier plan sur la durée, synonyme d'homogénéité visuelle. L'expressionnisme de Colan, son sens du contraste entre ombre et lumière, sa maîtrise du mouvement et la fluidité de son trait font tout l'intérêt de ces récits. Il expérimente dans les #44-46 (avec le Pitre) en s'éloignant du découpage classique (horizontal ou vertical) et en optant pour un découpage parfois oblique et des cases aux formes irrégulières. Il reprend une approche plus classique au #47, question d'atmosphère.

Après un début d'année peu enthousiasmant aux intrigues et confrontations médiocres, Lee redresse la barre et métamorphose Daredevil en un héros plus sombre, en faisant table rase de Mike Murdock et de son idylle sans substance avec Karen Page.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence30 août

    J'apprécie également que tu inclus les dates des auteurs, ce qui me permet de les situer dans la chronologie, point de vue auquel je n'avais jusqu'alors prêté que peu d'attention.

    Je partage entièrement ton goût pour Gene Colan et j'espère de tout cœur que Marvel reprendra la réédition des épisodes de Tomb of Dracula.

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  2. J'ai pris le pli d'indiquer les dates des auteurs à la fois pour leur rendre hommage mais également pour voir l'âge qu'ils avaient au moment où ils avaient travaillé sur ces pages.
    J'ai la forte impression que Colan est sous-estimé (surtout par rapport à Kirby).

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