"Groenland Vertigo" est un album cartonné de quatre-vingt-dix-huit planches, sorti chez Casterman en janvier 2017. "Groenland Vertigo" est une histoire complète, indépendante.
Le scénario et les dessins sont signés par Hervé Tanquerelle. Tanquerelle est connu pour avoir travaillé, entre autres, sur les séries "Professeur Bell" (avec Joann Sfar) ou "Lucha Libre". Il a également illustré trois des quatre recueils de l'écrivain danois Jørn Riel adaptés en bande dessinée : "La Vierge froide et autres racontars", "Le Roi Oscar et autres racontars", et "Un petit détour et autres racontars". La mise en couleur a été réalisée par Isabelle Merlet. Merlet est une coloriste chevronnée qui compte une cinquantaine d'albums à son actif.
Août 2011, au Nord-Est du Groenland, près de la côte. Georges Benoît-Jean, un illustrateur français de bande dessinée, s’accroche au sommet du mât de misaine d'un voilier ancien. Tremblant, les yeux clos par la peur, il se dit que c'est la fin du voyage, et se demande encore ce qui a bien pu l'amener là.
Novembre 2010, Nantes. Installé à sa table à dessin, devant une feuille blanche, Georges Benoît-Jean déprime. Il ne peut que constater le manque d'inspiration. Cela fait plusieurs semaines qu'il tente d'écrire un scénario, mais rien ne vient. Doit-il changer de métier ? Ses livres ne se vendent pas. Seule son adaptation d'un recueil de nouvelles de Jørn Freuchen, "Vertigos en gelée et autres bobards", lui rapporte quelque chose. Alors qu'il est toujours assis, prostré sur sa chaise, une notification sonore l'avertit de l'arrivée d'un courriel. Le visage maussade, Georges se lève pour tromper son ennui et voir de quoi il s'agit. L'expéditeur du message est un certain Magnus Kuller. Le capitaine Kuller le contacte de la part de Jørn Freuchen. L'officier est chargé d'organiser une expédition de trois semaines au Groenland, en août 2011. L'équipe sera acheminée par voie maritime avec la goélette Aurora. Freuchen y participe, et le capitaine désire savoir si Georges souhaite se joindre à eux. L'objectif de cette expédition est de réunir des artistes et des scientifiques au parc national du Nord-Est-du-Groenland et son couronnement sera l'installation d'une œuvre d'Ulrich Kloster, un sculpteur allemand. L'équipage sera constitué de trois marins et un cuisinier. Outre Freuchen et Kloster, les autres invités seront l'assistant de Kloster, un géologue, un ornithologue, un producteur de films, un chef opérateur et un cadreur. Kuller conclut en espérant une réponse positive de Benoît-Jean. Celui-ci reste abasourdi devant l'écran de l'ordinateur. Il s'amuse déjà à imaginer le bateau bloqué par les glaces, les retrouvailles avec Jørn, les ours polaires et l'excitation de l'aventure. Hélas, Benoît-Jean déteste les voyages...
"Groenland Vertigo" est un album qui comprend bon nombre d'éléments autobiographiques. C'est aussi un hommage, puisque Tanquerelle a déclaré s'être inspiré de "L’Étoile mystérieuse" (1942) ; rien que le nom du navire, l'Aurora, est un clin d'œil à l'Aurore. Autre hommage, cette fois à l'écrivain Jørn Riel, qui est représenté par le personnage de Jørn Freuchen. Les deux héros sont tout de suite attachants et l'alchimie fonctionne d'emblée, tandis que Kloster est inquiétant à souhait. L'intrigue comprend sa dose d'humour (dont le sommet est la dégustation du whisky), d'action, de suspense, voire de mystère (que contiennent donc les carnets de Kloster ?) ; une véritable aventure ! C'est aussi une belle histoire d'amitié entre Freuchen et Benoît-Jean. L'entrée en matière, classique, saisit le principal protagoniste, Georges Benoît-Jean, dans un moment difficile, critique, afin d'éveiller immédiatement l'intérêt du lecteur, avant de revenir sur les causes de cette situation par le biais d'une analepse. Plusieurs personnages secondaires sont sous-exploités, et c'est regrettable.
Pour ses dessins, Tanquerelle s'inspire beaucoup d'Hergé et de la ligne claire franco-belge. Sa narration graphique est classique et son découpage est limpide. L'artiste produit entre sept et onze cases par planche. Il y a cependant un contraste visuel entre la ligne claire des personnages et des véhicules et les décors naturels. Cela est vraisemblablement dû au fait qu'Isabelle Merlet a réalisé les paysages par ordinateur.
"Groeland Vertigo" n'est ni un chef-d'œuvre ni un indispensable. C'est néanmoins une histoire de bonne facture, une aventure sympathique pleine d'humour et d'une certaine poésie, contée avec talent, et qui procure un indéniable bonheur de lecture.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
Même si ce n'est ni un chef-d'œuvre ni un indispensable, je suis allé feuilleter ce tome à la FNAC après avoir lu ton commentaire. La partie graphique ne m'attire pas vraiment, même si j'avais bien aimé la série Professeur Bell. Ayant ton commentaire en tête, j'ai effectivement été frappé par les clins d’œil à Tintin. Je pense que je ne lancerai pas dans l'aventure de cette lecture, ma pile à lire étant déjà trop fournie.
RépondreSupprimerJe te comprends parfaitement. Celui-là n'était pas prévu au programme, mais j'ai cédé à un achat impulsif. Ça m'a suffisamment plu pour que je souhaite le relire dans quelques années.
Supprimer