vendredi 15 septembre 2017

Le Mercenaire (tome 13) : "La Délivrance 2" (Glénat ; mai 2004)

"Le Mercenaire" est une série de bande dessinée créée et réalisée (scénarisée, illustrée, encrée et mise en couleur) par l'artiste espagnol (catalan) Vicente Segrelles. Elle a d'abord été publiée en Espagne à partir de mars 1981, dans le premier numéro du journal "Cimoc", sous le titre "El Mercenario". En France, elle a été publiée dans le magazine Circus, qui appartenait aux éditions Glénat. C'est chez Glénat que paraîtront les treize tomes de cette série médiévale fantastique (qui peut être, hélas, considérée comme finie), entre 1982 et 2004.
"La Délivrance 2" ("El rescate II" en VO), le dernier tome de la série, est la seconde partie d'une histoire en deux volets (la première moitié est relatée dans le douzième volume, "La Délivrance"). Cet album de quarante-six planches, sorti chez Glénat en mai 2014, ne compte, à ce jour, qu'une seule édition.

À l'issue du tome précédent, le chef d'État des lézards convoque le Mercenaire à la Machine de la Vie. L'ordinateur signale que le Mercenaire est déjà venu à bord. Le dirigeant estime que le moment d'ouvrir leur civilisation au le monde extérieur est arrivé. Karim reste avec les survivantes de la montgolfière pour fonder une nouvelle civilisation. L'ambassadeur des lézards rencontre le Lama, qui apprend qu'ils sont confrontés à des problèmes de natalité. Le Lama révèle que ce sont les lézards qui autrefois insufflèrent leur intelligence aux humains.
Suite à un coup d'État, le président Worwok est en état d'arrestation ! La junte militaire a pris le pouvoir chez les lézards. Wor a aussitôt envoyé un messager prévenir la communauté du Cratère d'une offensive, mais le message a mis trop de temps à parvenir au Mercenaire, au Lama et à Nan-Tay, et tous trois comprennent que l'attaque est imminente. Le gong résonne et la Machine de la Vie est en approche. Le Grand Lama a un plan.
L'armée des lézards a débarqué. L'effet de surprise a fonctionné. Trois humains ont été abattus. Deux ne répondent pas à l'appel. Les captifs, le Grand Lama et Nan-Tay au premier rang, ont été réunis dans la salle du chapitre, sous bonne garde. Le chef des opérations, agacé par ces deux disparations, se rend sur place en navette pour régler le problème lui-même. Un officier lui confirme que deux humains ont bien disparu de la circulation. Ils ont tenté d'interroger le Grand Lama, mais sans réussir à lire dans son esprit. Le militaire estime cependant que ce n'est qu'une question de temps avant que les deux fuyards soient retrouvés. Son supérieur hiérarchique lui rétorque que le temps est justement ce qui leur fait défaut, et qu'ils ont largement dépassé celui qui leur était imparti. Il ordonne de faire sauter le Cratère avec tous les humains qui s'y trouvent...

Suite et fin de "La Délivrance", et dernier tome de la série. La communauté du Cratère est ici mise à mal. Des lézards "conservateurs", craignant les conséquences d'une ouverture de leur société sur le monde, destituent leur leader et instaurent une dictature, qui revient sur ce projet d'ouverture pour continuer leur politique autarcique. Pour ce faire - et pour la survie de leur propre société, tout est envisageable, y compris le génocide d'une communauté complète, de sa culture et de son foyer. La réaction des Atlantes (le troisième groupe de protagonistes) est surprenante, et leur pragmatisme, déconcertant ; faut-il livrer à l'ennemi ceux qui viennent bouleverser les habitudes d'une société, aussi fragile soit-elle ? Pour comprendre toutes les finesses de cette histoire, il est fortement conseillé de lire ou de relire "Un rêve inquiétant", le neuvième tome. Ces références à des aventures antérieures gênent d'ailleurs le confort de lecture. L'intrigue, malgré quelques moments bancals, demeure cohérente. L'histoire est pleine d'action et de retournements de situations.
Visuellement, c'est splendide. Peut-être davantage que l'hyperréalisme de l'artiste, c'est l'art avec lequel il maîtrise la couleur, les contrastes, l'ombre et la lumière qui laisse admiratif. Évidemment, cela ne cache pas le manque de mouvement de ses planches, mais Segrelles compense en utilisant une narration graphique décompressée, notamment lors des scènes d'action, leur donnant ainsi plus d'impact.

Segrelles, malgré quelques complexités scénaristiques, conclut sa série en beauté. "Le Mercenaire" est aujourd'hui rarement évoqué. C'est dommage. C'est une œuvre attachante, aux visuels superbes qui ont gardé leur saveur onirique. À lire et à relire.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence13 octobre

    Il maîtrise la couleur, les contrastes, l'ombre et la lumière. - Je n'avais pas encore lu cette phrase en rédigeant mon commentaire sur le tome 12, et je vois qu'elle exprime en détail le souvenir que j'en conserve. :)

    Tes articles donnent vraiment envie que Glénat republie cette série, voire que Segrelles lui donne une suite. Par curiosité, je suis aller vérifier sur internet, il semble toujours être en vie, et il a même un site à son nom.

    http://www.segrelles.com/

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    1. Un album est sorti, intitulé "L'Art de Segrelles", je crois.
      Je sais que les albums sont toujours disponibles ; je suppose que Glénat finira par rééditer cette série en format intégrale.

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