"Le Mercenaire" est une série de bande dessinée créée et réalisée (scénarisée, illustrée, encrée et mise en couleur) par l'artiste espagnol (catalan) Vicente Segrelles. Elle a d'abord été publiée en Espagne à partir de mars 1981, dans le premier numéro du journal "Cimoc", sous le titre "El Mercenario". En France, elle a été publiée dans le magazine Circus, qui appartenait aux éditions Glénat. C'est chez Glénat que paraîtront les treize tomes de cette série médiévale fantastique (qui peut être, hélas, considérée comme finie), entre 1982 et 2004.
"La Délivrance" ("El rescate I" en VO), l'avant-dernier tome de la série, est la première partie d'une histoire en deux volumes (suite et fin sont contées dans le dernier volume, "La Délivrance 2"). Cet album de quarante-six planches, sorti chez Glénat en septembre 2002, ne compte, à ce jour, qu'une seule édition.
Une montgolfière flotte dans le ciel à l'aube, à basse altitude au-dessus d'un fleuve, à quelques encablures d'une forteresse. À bord, les femmes du harem du puissant roi de Kahrezm, qui ont réussi à s'enfuir après avoir conçu et construit le ballon elles-mêmes. Le monarque, humilié, s'est promis qu'il les retrouverait et les ferait toutes exécuter publiquement. Plusieurs passagères estiment qu'il faut faire remonter le ballon afin de rester hors de portée d'éventuels projectiles. L'une d'elles se veut rassurante : à cette altitude, aucune flèche ne peut les atteindre. Cependant, à l'intérieur de la forteresse, une main allume une rangée de fusées à l'aide d'une mèche. Les fusées sont lancées vers la montgolfière. L'une d'elles explose et met le ballon en flammes, ce qui précipite la nacelle vers le fleuve.
Plus tard et ailleurs, deux hommes, Youssef et Rachid, sont en embuscade dans le désert. Ils attendent le passage d'un tapis volant monté par un guerrier ou un sorcier. C'est en réalité un vaisseau spatial de petites dimensions, qui atterrit près de l'oasis. Les franges et pompons autour du fuselage font en effet fortement penser à un tapis volant. Une petite silhouette portant cape et casque en sort. Elle plonge ses pieds dans l'eau et profite de ce moment de sérénité. La créature remarque la présence de Rachid et Youssef et tente de regagner sa navette afin de fuir. Trop tard : le lasso des deux Bédouins atteint sa cible. Youssef ôte son casque au petit pilote. Il ne peut réprimer un geste de stupéfaction : un lézard ! Rachid, de son côté, s'avance prudemment du "tapis volant", mais le petit lézard appuie sur le bouton d'un médaillon qu'il porte au cou, et l'aéronef s'enflamme. Il vient d'enclencher la procédure d'autodestruction ! Rachid n'a pas le temps de reculer que l'engin explose ! Les Bédouins sont sains et saufs. Youssef dégaine une dague dans l'intention de faire passer le goût du pain au lézard...
Sans prendre en compte la continuité inhérente à la série, "La Délivrance" est la seule histoire qui s'étale sur plus d'un tome. Afin d'en profiter pleinement et d'en saisir toutes les références (notamment concernant la montgolfière et son équipage de fugitives), il est conseillé de relire "Le Feu sacré" (tome un). Segrelles reprend une construction scénaristique qui a fait ses preuves dans d'autres tomes ; l'aventure classique des premières pages évolue et l'intrigue suit une tout autre direction. "La Délivrance" commence comme une mission de sauvetage (celui des survivantes parmi les fugitives de la montgolfière) qui prend les deux tiers de l'album ; dans le dernier tiers, le scénariste utilise la rencontre entre le Mercenaire et le jeune lézard pour continuer à développer le thème central de la seconde moitié de la série, la recherche des survivants de l'Atlantide. Au passage, comme il l'avait déjà fait avec le christianisme dans "Les Ancêtres disparus" (tome 9) Segrelles égratigne la place de la femme dans la société musulmane, quand le sultan ordonne l'exécution des femmes du harem et que le public est exclusivement masculin. L'humour n'est pas absent de cet album, en témoigne le "volontariat" de Karim (planche 42, cases 3 à 5).
Le style hyperréaliste de Segrelles est enrichi par une utilisation absolument remarquable de la couleur et des contrastes entre ombre et lumière. Malgré un certain immobilisme de l'ensemble, l'artiste varie les plans et offre des visages très expressifs.
"La Délivrance" est un bon album, agréable à lire et aux superbes illustrations qui favorisent l'onirisme. Il démontre que Segrelles avait véritablement une vision globale pour la continuité du titre. La traduction d'Anne-Marie Meunier est perfectible.
Mon verdict : ★★★★☆Une montgolfière flotte dans le ciel à l'aube, à basse altitude au-dessus d'un fleuve, à quelques encablures d'une forteresse. À bord, les femmes du harem du puissant roi de Kahrezm, qui ont réussi à s'enfuir après avoir conçu et construit le ballon elles-mêmes. Le monarque, humilié, s'est promis qu'il les retrouverait et les ferait toutes exécuter publiquement. Plusieurs passagères estiment qu'il faut faire remonter le ballon afin de rester hors de portée d'éventuels projectiles. L'une d'elles se veut rassurante : à cette altitude, aucune flèche ne peut les atteindre. Cependant, à l'intérieur de la forteresse, une main allume une rangée de fusées à l'aide d'une mèche. Les fusées sont lancées vers la montgolfière. L'une d'elles explose et met le ballon en flammes, ce qui précipite la nacelle vers le fleuve.
Plus tard et ailleurs, deux hommes, Youssef et Rachid, sont en embuscade dans le désert. Ils attendent le passage d'un tapis volant monté par un guerrier ou un sorcier. C'est en réalité un vaisseau spatial de petites dimensions, qui atterrit près de l'oasis. Les franges et pompons autour du fuselage font en effet fortement penser à un tapis volant. Une petite silhouette portant cape et casque en sort. Elle plonge ses pieds dans l'eau et profite de ce moment de sérénité. La créature remarque la présence de Rachid et Youssef et tente de regagner sa navette afin de fuir. Trop tard : le lasso des deux Bédouins atteint sa cible. Youssef ôte son casque au petit pilote. Il ne peut réprimer un geste de stupéfaction : un lézard ! Rachid, de son côté, s'avance prudemment du "tapis volant", mais le petit lézard appuie sur le bouton d'un médaillon qu'il porte au cou, et l'aéronef s'enflamme. Il vient d'enclencher la procédure d'autodestruction ! Rachid n'a pas le temps de reculer que l'engin explose ! Les Bédouins sont sains et saufs. Youssef dégaine une dague dans l'intention de faire passer le goût du pain au lézard...
Sans prendre en compte la continuité inhérente à la série, "La Délivrance" est la seule histoire qui s'étale sur plus d'un tome. Afin d'en profiter pleinement et d'en saisir toutes les références (notamment concernant la montgolfière et son équipage de fugitives), il est conseillé de relire "Le Feu sacré" (tome un). Segrelles reprend une construction scénaristique qui a fait ses preuves dans d'autres tomes ; l'aventure classique des premières pages évolue et l'intrigue suit une tout autre direction. "La Délivrance" commence comme une mission de sauvetage (celui des survivantes parmi les fugitives de la montgolfière) qui prend les deux tiers de l'album ; dans le dernier tiers, le scénariste utilise la rencontre entre le Mercenaire et le jeune lézard pour continuer à développer le thème central de la seconde moitié de la série, la recherche des survivants de l'Atlantide. Au passage, comme il l'avait déjà fait avec le christianisme dans "Les Ancêtres disparus" (tome 9) Segrelles égratigne la place de la femme dans la société musulmane, quand le sultan ordonne l'exécution des femmes du harem et que le public est exclusivement masculin. L'humour n'est pas absent de cet album, en témoigne le "volontariat" de Karim (planche 42, cases 3 à 5).
Le style hyperréaliste de Segrelles est enrichi par une utilisation absolument remarquable de la couleur et des contrastes entre ombre et lumière. Malgré un certain immobilisme de l'ensemble, l'artiste varie les plans et offre des visages très expressifs.
"La Délivrance" est un bon album, agréable à lire et aux superbes illustrations qui favorisent l'onirisme. Il démontre que Segrelles avait véritablement une vision globale pour la continuité du titre. La traduction d'Anne-Marie Meunier est perfectible.
Barbuz
Le style hyperréaliste - En découvrant tes commentaires et en retrouvant les couvertures des albums, je me souviens effectivement à quel point l'aspect graphique de cette série dénotait par rapport à tout le reste de la production de BD de l'époque. Je me souviens bien d'artiste utilisant l'aérographe pour réaliser leurs planches, mais personne réalisant des planches évoquant celles de Segrelles.
RépondreSupprimerJ'ai longtemps espéré un quatorzième tome, car lire une BD de Segrelles c'est un plaisir assez unique qui relève à mon avis davantage de la contemplation que du reste.
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