"Le Grand-Duc" est un triptyque publié par l'éditeur suisse (genevois) Paquet dans sa collection aviation "Cockpit" entre 2008 et 2010, au rythme d'un volume par an. Le deuxième des trois tomes, intitulé "Camarade Lilya", est sorti en octobre 2009. C'est un album cartonné de quarante-six planches qui a connu, à ce jour, deux couvertures différentes, dont une pour un tirage de luxe au grand format, limité à cinq mille exemplaires.
La trilogie a été réalisée par le scénariste Yann (Le Pennetier) et le dessinateur Romain Hugault. Yann a travaillé notamment sur "Dent d'ours", "Les Mondes de Thorgal" ou "Sambre". Hugault s'est spécialisé dans la bande dessinée d'aviation ("Le Dernier Envol"). "Le Grand-Duc" est leur première collaboration, mais pas la seule ; le duo a récidivé avec "Le Pilote à l'Edelweiss" (2010-2013), puis "Angel Wings" (2014-2016).
À l'issue du tome précédent, Lilya, affectée au 585e régiment de chasse, y fait la connaissance de l'as Valentin Lioubov. Lors d'un raid aérien, elle abat von Rein-Schneider, le Kommodore de l'escadron de Wulf. Une joute s'engage entre Wulf et Lilya, sans suite. Les exploits de Lilya parviennent aux oreilles du "Comité de l’information de la direction du parti", qui décident d'en faire une figure de propagande. Le Kommodore, ami de Wulf, est remplacé par un fervent nazi, un proche de Göring, qui, d'emblée, menace Wulf et sa fille. L'année 1944 commence.
Automne 1944, Prusse orientale. Fin juin, l'URSS a lancé l'opération Bagration. Les défenses allemandes sont enfoncées. Assis sur un blindé soviétique qui traverse un décor apocalyptique, deux soldats feuillettent avec enthousiasme un magazine dont Lilya fait la couverture. Soudain, le chef de char se retourne vers eux et leur ordonne de se mettre à couvert : une attaque aérienne ! La Luftwaffe a envoyé des Henschel Hs 129 "Panzerknacker" (tueurs de tanks). La chasse soviétique, emmenée par Valentin Lioubov, intervient et le carton commence. Valentin et son ailier poursuivent le dernier Allemand, un Focke-Wulf 190 D "long nez", mais son pilote bat des ailes pour leur signaler qu'il se rend. Lioubov exulte : les ingénieurs soviétiques vont pouvoir examiner cette merveille de près. Lorsque l'Allemand atterrit, le comité de réception est prêt ; toutes les armes à feu de la base sont braquées sur lui. Lioubov, estimant que le prisonnier - ce couard - n'a rien à lui apprendre, n'assiste pas à son interrogatoire. Il reste avec Lilya ; tous deux admirent les lignes du chasseur et s'émerveillent devant le tableau de bord de cet avion déjà craint. Valentin partage ce qu'il sait des récents développements technologiques allemands. La commissaire politique surprend la conversation et les renvoie à leurs tâches en les menaçant de sanctions...
Bien que les auteurs s'appesantissent sur les aspects techniques des avions (la scène du tableau de bord est-elle utile ?) et qu'il est curieux que Valentin soit si au fait des innovations technologiques de la Luftwaffe, cet album est une réussite et est le plus abouti, le plus sombre de la trilogie. Dans chacun des volumes, Yann enrichit les dialogues de jurons, soit en allemand, soit en russe, donnant ainsi une impression (factice, bien sûr) d'authenticité. Le scénariste dépeint une Luftwaffe aux abois, réduite à aligner des pilotes inexpérimentés. Au sein de la NJG 3, les rivalités sont exacerbées et la tension monte entre les fidèles du Führer et les autres. Wulf voit les amis d'hier devenir les ennemis d'aujourd'hui. Lui et Lilya s'affrontent à nouveau, et cette fois-ci il y a de la casse. Suite à cet épisode, Wulf traverse, dans une succession de scènes presque sans dialogue, un no man's land peuplé de pendus, de véhicules renversés, de canons détruits et abandonnés. Louons encore le souci d'exactitude historique. L'auteur revient sur les superstitions des pilotes et leurs grigris, ainsi que sur les livraisons d'armes américaines à l'URSS. Enfin, après avoir évoqué l'attentat du 20 juillet 1944, l'album se clôt sur le bombardement de Dresde.
Hugault soigne ses personnages, mais rien ne vaut la stupéfiante, sinistre planche du bombardement nocturne, où les Avro Lancaster, en anges de la mort, déversent un déluge de bombes d'un ciel ensanglanté sur une ville qui n'est plus que flammes.
"Camarade Lilya" est un très bon album, qui confirme la réussite du tome précédent. Ça sent le roussi pour le Troisième Reich et la Luftwaffe. Paradoxalement, l'étau se resserre autour de l'ami Wulf, tandis celui-ci ignore encore que le pire est à venir.
Mon verdict : ★★★★☆
La trilogie a été réalisée par le scénariste Yann (Le Pennetier) et le dessinateur Romain Hugault. Yann a travaillé notamment sur "Dent d'ours", "Les Mondes de Thorgal" ou "Sambre". Hugault s'est spécialisé dans la bande dessinée d'aviation ("Le Dernier Envol"). "Le Grand-Duc" est leur première collaboration, mais pas la seule ; le duo a récidivé avec "Le Pilote à l'Edelweiss" (2010-2013), puis "Angel Wings" (2014-2016).
À l'issue du tome précédent, Lilya, affectée au 585e régiment de chasse, y fait la connaissance de l'as Valentin Lioubov. Lors d'un raid aérien, elle abat von Rein-Schneider, le Kommodore de l'escadron de Wulf. Une joute s'engage entre Wulf et Lilya, sans suite. Les exploits de Lilya parviennent aux oreilles du "Comité de l’information de la direction du parti", qui décident d'en faire une figure de propagande. Le Kommodore, ami de Wulf, est remplacé par un fervent nazi, un proche de Göring, qui, d'emblée, menace Wulf et sa fille. L'année 1944 commence.
Automne 1944, Prusse orientale. Fin juin, l'URSS a lancé l'opération Bagration. Les défenses allemandes sont enfoncées. Assis sur un blindé soviétique qui traverse un décor apocalyptique, deux soldats feuillettent avec enthousiasme un magazine dont Lilya fait la couverture. Soudain, le chef de char se retourne vers eux et leur ordonne de se mettre à couvert : une attaque aérienne ! La Luftwaffe a envoyé des Henschel Hs 129 "Panzerknacker" (tueurs de tanks). La chasse soviétique, emmenée par Valentin Lioubov, intervient et le carton commence. Valentin et son ailier poursuivent le dernier Allemand, un Focke-Wulf 190 D "long nez", mais son pilote bat des ailes pour leur signaler qu'il se rend. Lioubov exulte : les ingénieurs soviétiques vont pouvoir examiner cette merveille de près. Lorsque l'Allemand atterrit, le comité de réception est prêt ; toutes les armes à feu de la base sont braquées sur lui. Lioubov, estimant que le prisonnier - ce couard - n'a rien à lui apprendre, n'assiste pas à son interrogatoire. Il reste avec Lilya ; tous deux admirent les lignes du chasseur et s'émerveillent devant le tableau de bord de cet avion déjà craint. Valentin partage ce qu'il sait des récents développements technologiques allemands. La commissaire politique surprend la conversation et les renvoie à leurs tâches en les menaçant de sanctions...
Bien que les auteurs s'appesantissent sur les aspects techniques des avions (la scène du tableau de bord est-elle utile ?) et qu'il est curieux que Valentin soit si au fait des innovations technologiques de la Luftwaffe, cet album est une réussite et est le plus abouti, le plus sombre de la trilogie. Dans chacun des volumes, Yann enrichit les dialogues de jurons, soit en allemand, soit en russe, donnant ainsi une impression (factice, bien sûr) d'authenticité. Le scénariste dépeint une Luftwaffe aux abois, réduite à aligner des pilotes inexpérimentés. Au sein de la NJG 3, les rivalités sont exacerbées et la tension monte entre les fidèles du Führer et les autres. Wulf voit les amis d'hier devenir les ennemis d'aujourd'hui. Lui et Lilya s'affrontent à nouveau, et cette fois-ci il y a de la casse. Suite à cet épisode, Wulf traverse, dans une succession de scènes presque sans dialogue, un no man's land peuplé de pendus, de véhicules renversés, de canons détruits et abandonnés. Louons encore le souci d'exactitude historique. L'auteur revient sur les superstitions des pilotes et leurs grigris, ainsi que sur les livraisons d'armes américaines à l'URSS. Enfin, après avoir évoqué l'attentat du 20 juillet 1944, l'album se clôt sur le bombardement de Dresde.
Hugault soigne ses personnages, mais rien ne vaut la stupéfiante, sinistre planche du bombardement nocturne, où les Avro Lancaster, en anges de la mort, déversent un déluge de bombes d'un ciel ensanglanté sur une ville qui n'est plus que flammes.
"Camarade Lilya" est un très bon album, qui confirme la réussite du tome précédent. Ça sent le roussi pour le Troisième Reich et la Luftwaffe. Paradoxalement, l'étau se resserre autour de l'ami Wulf, tandis celui-ci ignore encore que le pire est à venir.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
À lire ton commentaire et les noms d'avion qui y figurent, je me demande si toi-même tu es amateur de l'histoire de l'aviation ?
RépondreSupprimerTa perspicacité ne cessera donc jamais de me surprendre !
SupprimerC'est exact - disons que j'ai été un passionné pendant quelques années (d'où mon désir de lire une bonne BD moderne sur l'aviation) mais j'ai pris beaucoup de recul.