"Le Grand-Duc" est un triptyque publié par l'éditeur suisse (genevois) Paquet dans sa collection aviation "Cockpit" entre 2008 et 2010, au rythme d'un volume par an. Le dernier des trois tomes, intitulé "Wulf et Lilya", est sorti en novembre 2010. C'est un album cartonné de quarante-six planches qui n'a connu, à ce jour, que deux couvertures différentes, dont une pour un tirage de luxe au grand format, limité à cinq mille exemplaires.
La trilogie a été réalisée par le scénariste Yann (Le Pennetier) et le dessinateur Romain Hugault. Yann a travaillé notamment sur "Dent d'ours", "Les Mondes de Thorgal", ou "Sambre". Hugault s'est spécialisé dans la bande dessinée d'aviation ("Le Dernier Envol"). "Le Grand-Duc" est leur première collaboration, mais pas la seule ; le duo a récidivé avec "Le Pilote à l'Edelweiss" (2010-2013), puis "Angel Wings" (2014-2016).
À l'issue du tome précédent, Lilya, grâce à la complicité de Wulf, échappe aux griffes de la Wehrmacht et regagne saine et sauve les lignes soviétiques. Wulf, lui, a un accident d'avion ; il sent sa chance l'abandonner lorsqu'il s'aperçoit qu'il a perdu son grigri. Le Kommodore de la NJG 3, arrêté pour participation au complot du 20 juillet 1944, est pendu. Il est remplacé par le major Testhoff, un fervent nazi, dur à cuir au visage défiguré. Wulf se réjouit d'avoir envoyé sa fille chez sa tante à Dresde. Le 14 février 1945, la ville est massivement bombardée.
Le 1er janvier 1945, pour soutenir l'offensive des Ardennes, la Luftwaffe lance l'opération "Bodenplatte", qui vise à clouer au sol les alliés en Belgique et aux Pays-Bas. Le coût est terrible.
Wulf a perdu sa fille, morte dans les bombardements de Dresde. Fou de rage, sans merci et ivre de vengeance, il enchaîne sans répit missions et combats dans son Focke-Wulf, dont la dérive a été peinte en noir. Seule la pénurie de carburant peut l'empêcher de prendre les airs. Mal rasé, les traits tirés, il paraît au bord de l'épuisement moral et physique. Il prête à peine attention à ses coéquipiers qui le félicitent pour sa cinquantième victoire. Il retrouve un semblant d'enthousiasme lorsqu'un soldat lui montre les fruits de sa récolte : un camion chargé de fûts et de réservoirs auxiliaires pleins de carburant ! Plus loin, le major Testhoff le hèle de sa voiture. Ironique, il annonce deux nouvelles à Wulf : une bonne et une mauvaise. La mauvaise, c'est qu'il doit se rendre à Berlin dans les cinq jours ; le Führer souhaite le décorer personnellement et ajouter les "feuilles de chêne" à sa Croix de chevalier de la croix de fer. La bonne, c'est que Wulf, sur place, récupérera un nouveau chasseur-intercepteur, l'un de ces fameux Focke-Wulf Ta 152. Ce qui reste de leur escadrille sera incorporé au JG 301...
Le Troisième Reich recule partout. Les civils, excédés par les bombardements et la hantise de la défaite, se déchaînent comme des animaux, prêts à lyncher les Soviétiques qui survivent à un atterrissage en catastrophe. Les pilotes de la Luftwaffe assez chanceux ou doués sont au bout du rouleau. Les bleus se font décimer. Les derniers tiennent grâce à la Pervitin (de la méthamphétamine), cette drogue utilisée par les forces allemandes. La tension monte d'un cran au sein de la NJG 3, et des rumeurs courent à propos de camps de concentration, en poussant certains à la désertion. Wulf est mis face à un terrible dilemme. Côté soviétique, la commissaire politique prend sa revanche sur Valentin Lioubov. Wulf et Lilya se livrent à une étreinte passionnée, se doutant bien de ce que l'avenir leur réserve. Haïs, jalousés, tous deux seront finalement trahis et humiliés. Le premier se voit offrir une porte de sortie dont l'issue ne laisse guère d'espoir. La guerre, tragédie de masse, est aussi synonyme de drames individuels, personnels, noyés dans l'oubli de toutes ces morts.
Graphiquement, Hugault réalise un travail admirable. Son talent est ici fortement sollicité et il y a beaucoup de belles planches dans ce tome. Ce Messerschmitt Me 323 Gigant qui gît sur le côté de la piste comme une bête crevée, l'attaque du convoi allemand par Lilya, le crash du Junkers Ju 188 dans les bois, ou le vol du Mistel. Cet album est également celui du choc des corps, avec l'étreinte entre Wulf et Lilya.
Ce volume est légèrement en dessous des deux tomes précédents à cause d'un épilogue qui n'est pas entièrement crédible. Ce dernier tome n'en est pas moins une réussite, scénaristique (avec de nombreux retournements de situation) et graphique.
Wulf a perdu sa fille, morte dans les bombardements de Dresde. Fou de rage, sans merci et ivre de vengeance, il enchaîne sans répit missions et combats dans son Focke-Wulf, dont la dérive a été peinte en noir. Seule la pénurie de carburant peut l'empêcher de prendre les airs. Mal rasé, les traits tirés, il paraît au bord de l'épuisement moral et physique. Il prête à peine attention à ses coéquipiers qui le félicitent pour sa cinquantième victoire. Il retrouve un semblant d'enthousiasme lorsqu'un soldat lui montre les fruits de sa récolte : un camion chargé de fûts et de réservoirs auxiliaires pleins de carburant ! Plus loin, le major Testhoff le hèle de sa voiture. Ironique, il annonce deux nouvelles à Wulf : une bonne et une mauvaise. La mauvaise, c'est qu'il doit se rendre à Berlin dans les cinq jours ; le Führer souhaite le décorer personnellement et ajouter les "feuilles de chêne" à sa Croix de chevalier de la croix de fer. La bonne, c'est que Wulf, sur place, récupérera un nouveau chasseur-intercepteur, l'un de ces fameux Focke-Wulf Ta 152. Ce qui reste de leur escadrille sera incorporé au JG 301...
Le Troisième Reich recule partout. Les civils, excédés par les bombardements et la hantise de la défaite, se déchaînent comme des animaux, prêts à lyncher les Soviétiques qui survivent à un atterrissage en catastrophe. Les pilotes de la Luftwaffe assez chanceux ou doués sont au bout du rouleau. Les bleus se font décimer. Les derniers tiennent grâce à la Pervitin (de la méthamphétamine), cette drogue utilisée par les forces allemandes. La tension monte d'un cran au sein de la NJG 3, et des rumeurs courent à propos de camps de concentration, en poussant certains à la désertion. Wulf est mis face à un terrible dilemme. Côté soviétique, la commissaire politique prend sa revanche sur Valentin Lioubov. Wulf et Lilya se livrent à une étreinte passionnée, se doutant bien de ce que l'avenir leur réserve. Haïs, jalousés, tous deux seront finalement trahis et humiliés. Le premier se voit offrir une porte de sortie dont l'issue ne laisse guère d'espoir. La guerre, tragédie de masse, est aussi synonyme de drames individuels, personnels, noyés dans l'oubli de toutes ces morts.
Graphiquement, Hugault réalise un travail admirable. Son talent est ici fortement sollicité et il y a beaucoup de belles planches dans ce tome. Ce Messerschmitt Me 323 Gigant qui gît sur le côté de la piste comme une bête crevée, l'attaque du convoi allemand par Lilya, le crash du Junkers Ju 188 dans les bois, ou le vol du Mistel. Cet album est également celui du choc des corps, avec l'étreinte entre Wulf et Lilya.
Ce volume est légèrement en dessous des deux tomes précédents à cause d'un épilogue qui n'est pas entièrement crédible. Ce dernier tome n'en est pas moins une réussite, scénaristique (avec de nombreux retournements de situation) et graphique.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
Quand je pense au travail nécessaire pour écrire des histoires plausibles s'inscrivant dans l'Histoire (en plus dans une période richement documentée), je suis épaté par le degré d'investissement de ces auteurs. Je viens de finir le diptyque des Temps Nouveaux d'Éric Warnauts & Guy Raives, se déroulant juste avant et juste après la seconde guerre mondial et je me retrouve à consulter wikipedia à tour de bras pour me mettre à niveau et découvrir des événements qui ne sont qu'évoqués en passant.
RépondreSupprimerJe suis entièrement d'accord avec toi.
SupprimerJ’ai toujours ce réflexe ; la trilogie "Le Grand Duc" n'est qu'un exemple.
Je me souviens notamment de "Kersten, médecin d'Himmler", dont je parle dans ces pages et qui m'a demandé beaucoup de recherches.
Récemment, j'ai révisé mes classiques avec "Alix l'intrépide", le premier album d' "Alix", et "Blueberry", avec la période des guerre indiennes, m'a demandé des efforts de documentation aussi.