dimanche 3 septembre 2017

Thorgal (tome 14) : "Aaricia" (Le Lombard ; mai 1989)

"Aaricia" est le quatorzième tome de "Thorgal". Sorti chez Le Lombard en mai 1989, il appartient au Cycle des Origines (avec "L'Enfant des étoiles") ; il est considéré comme clé pour son évocation de la Porte de l'horizon. Il est conseillé de relire "L'Enfant des étoiles" pour en saisir toutes les références.
Les scénarios ont été écrits par Jean Van Hamme, qui restera scénariste de "Thorgal" jusqu'en 2007, date à laquelle il se retire. La couverture, les dessins, l'encrage ainsi que la mise en couleur ont été réalisés par Grzegorz Rosinski, toujours dessinateur de la série. Ce tome compte quarante-six planches.
Comme "L'Enfant des étoiles", "Aaricia" comprend des histoires courtes, dont "La Montagne d'Odin" (dix planches), "Première Neige" (id.), "Holmganga" (id.) et "Les Larmes de Tjahzi" (seize).

Dans "La Montagne d'Odin", la petite Aaricia est en fugue. Elle s'enfonce dans les bois pour échapper aux recherches des Vikings du village. Inquiétée par l'environnement, elle se nourrit de baies, s’abreuve à une rivière et passe la nuit sous un sapin. La forêt retentit de hululements. La fillette invoque sa mère, avoue qu'elle a peur et lui demande pourquoi elle l'a laissée seule. Deux étranges créatures ailées attendent son réveil...
Dans "Première Neige", Leif Haraldson, le chef des Vikings du Nord, vient de mourir. Le drakkar enflammé portant la dépouille du défunt s'éloigne sur les flots nocturnes. Intérieurement, Gandalf-le-Fou (père d'Aaricia) se réjouit. Thorgal se tient à l'écart. Les larmes aux yeux, il observe l'embarcation enflammée dériver. Aaricia le rejoint. Lorsqu'elle tente de le réconforter, Thorgal l'informe qu'il quittera le village le soir même...
Dans "Holmganga", Aaricia écoute Thorgal chanter et jouer du luth. Le jeune garçon vit en dehors du village, comme l'a ordonné Gandalf-le-Fou. Thorgal explique à la fillette qu'il n'a guère le temps de s'appesantir sur sa solitude, car il a fort à faire : chasser, pêcher, etc. Lorsqu'Aaricia lui fait part de son projet de l'épouser, Thorgal lui réplique que cela n'a que peu de chances d'arriver, Aaricia étant fille du roi. C'est alors que Bjorn et deux de ses comparses s’immiscent dans la conversation...
Dans "Les Larmes de Tjahzi", Vigrid, un dieu poète, figure secondaire du panthéon viking, rêve d'exploits afin que les mortels invoquent son nom plus souvent. Il part à la découverte de Midgard, la Terre où vivent les hommes. Il voyage en drakkar, mais il est capturé par Hrun, le maître des banquises, un géant jadis banni par Odin, et qui a soif de vengeance. Déçu par sa prise, Hrun se contente de le priver de la vue...

Van Hamme conçoit un album dont Aaricia est l'héroïne centrale, sorte de pendant de "L'Enfant des étoiles" (tome 7). "La Montagne d'Odin" est un histoire féerique qui mêle rêve et réalité. "Première Neige" est un scénario intéressant, car il fait intervenir, pour la première fois, le personnage de Hiérulf-le-Penseur, qui pourra rappeler Wargan dans "Au-delà des ombres" (tome 5). "Holmgang" est construit sur une intrigue qui met en scène les coutumes cruelles des Vikings. Le clou de ce quatorzième volume est "Les Larmes de Tjahzi", un véritable conte de fées qui fait directement écho au récit intitulé "Le métal qui n'existait pas", tiré de "L'Enfant des étoiles" (tome 7). Van Hamme dévoile ici les qualités de la jeune Aaricia, qualités qui feront d'elle celle qui partagera les aventures de Thorgal. Naïve et fleur bleue, Aaricia est également honnête, brave, intrépide, pleine de compassion et de bonté. Son amour pour Thorgal est sans faille, et ce dès son enfance. Malgré tout, ces histoires ont le goût du déjà-vu. Elles peinent à surprendre comme le fait "L'Enfant des étoiles".
L'art de Rosinski atteint des sommets. Quel sens du détail ! Les couleurs de l'automne dans "La Montagne d'Odin" sont magnifiques. Quel contraste avec les cases aux fonds blancs ! Le côté dramatique des funérailles de Leif Haraldson est mis en valeur par une alliance entre noir et teintes rougeâtres. Le découpage des scènes de combat dans "Holmgang" est irréprochable. Notons les bordures des "Larmes de Tjahzi".

Sans oublier le niveau d'excellence qui caractérise la série, cet ensemble d'histoire courtes, malgré leur qualité, est moins abouti, moins captivant dans l'absolu, mais recèle tout autant de trésors d'imagination que les autres tomes, indépendants ou pas. 

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence10 octobre

    Plus je prends de l'âge et que le temps devient élastique, plus je suis impressionné par le degré d'implication de créateurs restant longtemps sur une même série, sans se lasser, en essayant des formes différentes, comme ici un recueil d'histoires courtes. Je présume qu'il n'a pas dû être facile à Van Hamme de vendre ce projet à son éditeur.

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    1. C’est vrai. Je regrette que Van Hamme ait quitté la série, d’ailleurs, parce que je ne pense pas que je lirai les épisodes postérieurs à son départ. Je crois que les récompense décernées aux premiers albums a aidé l’éditeur à laisser libre cours à la créativité de Van Hamme et Rosinski.

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