"Le Maître des montagnes" est le quinzième tome de "Thorgal". Sorti aux éditions Le Lombard en octobre 1989, c'est la première aventure (de trois) d'un nouveau cycle, celui du Nord.
Cet album compte quarante-six planches. Son intrigue a été conçue par Jean Van Hamme, qui restera le scénariste de "Thorgal" jusqu'en 2007, date à laquelle il se retire. La couverture, les dessins, l'encrage, et la mise en couleur ont été réalisés par Grzegorz Rosinski, toujours dessinateur de la série.
Les montagnes sont recouvertes par une neige dont les flocons continuent à tomber dru. Un skieur hâté franchit une passe lorsqu'il entend une corne retentir dans le lointain. Plus loin, en contrebas, Thorgal mène son convoi. Il est surpris par le son de l'instrument et craint qu'une avalanche ne se déclenche. Le skieur, voulant sortir du défilé aussi vite que possible, augmente la cadence, tandis que la corne résonne inlassablement. L'inconnu se croit tiré d'affaire lorsqu'un grondement continu se fait entendre : une impressionnante coulée de neige dévale la pente rapidement, avale tout sur son passage et se rapproche dangereusement du skieur. Plus bas, Thorgal a assisté au spectacle. Il observe la neige qui s'est accumulée et qui a fini par s'arrêter à quelques centaines de pas de lui. La journée est avancée et contourner cette masse neigeuse demanderait trop de temps ; l'Enfant des étoiles part à la recherche d'un village pour y rester la nuit. Il arrive en vue d'une cabane, dont la cheminée laisse filer un ruban de fumée. Il stoppe net, met pied à terre et avance en direction de la cahute avec précaution. Il appelle, mais personne ne lui répond. Un feu brûle pourtant dans la cheminée et une paire de patins à neige sèche sur le muret. Thorgal invite le visiteur à sortir et lui promet de ne lui faire aucun mal. Un jeune homme émerge prudemment de sa cachette. Il demande à Thorgal s'il est un soldat de Saxegaard, mais Thorgal, tout en posant ses armes près du feu, rétorque qu'il n'a jamais entendu ce nom. Il s'enquiert de l'identité du visiteur, qui lui répond se prénommer Torric. Il ajoute qu'il meurt de faim. Thorgal prend un moment pour installer sa monture et lui promet qu'il s'occupera du repas. Quelques instants plus tard, il rapporte un lapin et propose à Torric de lui en dire davantage au sujet de Saxegaard. Torric explique que Saxegaard, que l'on appelle le Maître des montagnes, est le chef d'une bande de pillards qui rançonnent la région. Même les Vikings préfèrent l'éviter, ajoute-t-il, sans que cela impressionne Thorgal. Saxegaard se serait construit une forteresse, d'où il envoie son armée personnelle piller les villages des environs ou en massacrer les habitants. Les plus belles femmes et les enfants sont réduits à l'esclavage. C'est le cas de Torric, qui a réussi à s'échapper il y a cinq jours...
Dans "Le Maître des montagnes", Van Hamme aborde à nouveau le thème du voyage temporel, de la boucle temporelle, dans sa série, par le biais d'un objet (une bague) qui représente l'ouroboros, le serpent mythique qui se mord la queue, symbole, entre autres, de la continuité ou de l'éternel renouveau. Le voyage temporel avait déjà été évoqué dans "Les Trois Vieillards du pays d'Aran", mais le sujet est ici approfondi et Thorgal joue un rôle majeur dans les choix, les décisions qui définissent les événements à venir. Le scénariste met en scène deux protagonistes dont la patience est mise à rude épreuve avant que leurs buts ne soient atteints. L'auteur renoue avec l'une de ses grandes idées, à savoir que le pouvoir, quelle que soit sa nature, finit par systématiquement corrompre tout ce qu'il touche. Bien qu'il maîtrise son scénario, Van Hamme tire sur le fil de son intrigue - au risque de lasser.
La partie graphique est superbe. Le dessinateur est confronté à une aventure qui se déroule, en majeure partie, dans des paysages enneigés. Il y a toujours ces scènes où l'artiste excelle, celles des contrastes et des jeux de lumière (Thorgal et Torric au coin du feu). Rosinski opte ici pour un découpage peut-être plus serré qu'à l'accoutumée, avec des planches entières en gaufrier, exclusivement lors des dialogues entre les protagonistes, ce qui crée une sensation de "réel", le découpage des scènes d'action étant souvent plus "libre". Le physique de Vlana est un peu convenu.
La partie graphique est superbe. Le dessinateur est confronté à une aventure qui se déroule, en majeure partie, dans des paysages enneigés. Il y a toujours ces scènes où l'artiste excelle, celles des contrastes et des jeux de lumière (Thorgal et Torric au coin du feu). Rosinski opte ici pour un découpage peut-être plus serré qu'à l'accoutumée, avec des planches entières en gaufrier, exclusivement lors des dialogues entre les protagonistes, ce qui crée une sensation de "réel", le découpage des scènes d'action étant souvent plus "libre". Le physique de Vlana est un peu convenu.
L'idée de départ est intéressante. Van Hamme, cependant, en abuse, et l'intrigue finit par générer un soupçon de lassitude, d'autant que sa conclusion est prévisible. Malgré ses défauts, c'est un album solide, réussi, mais en deçà des sommets du titre.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
Voilà un album que je découvre complètement, car comme le précédent je ne l'ai pas lu, et en plus il n'y a pas eu d'article dessus sur Bruce Lit, même par Tornado.
RépondreSupprimerC'est amusant de découvrir par tes commentaires que l'auteur développe un dispositif narratif en y revenant pour affiner son utilisation, à savoir le voyage temporel. Il y a plusieurs histoires de voyages temporels qui m'ont marqué. Je crois que celle qui m'est apparue le plus aboutie est Universal War One, de Denis Bajram.
J’ai lu le premier tome d’ « Universal War One ». Je n’ai trouvé aucun personnage attachant. C’est sans doute une erreur de ma part ? À force de lire des commentaires positifs un peu partout, j’en viens à penser qu’il faudra bien que je donne une seconde chance à cette série.
SupprimerJ'avais lu Universal War One un peu rapidement à l'époque, emprunté dans une bibliothèque. J'en ai gardé un bon souvenir, avec des personnages complexes qui révèlent leur saveur au fur et à mesure, et une utilisation des voyages dans le temps vraiment bien construite. Denis Bajram a même inclus le diagramme des sauts temporels, qu'il avait bâti, à la fin du dernier tome pour les lecteurs curieux de comprendre la mécanique de l'intrigue.
RépondreSupprimerBon. Il faudra décidément que je redonne sa chance à cette série.
Supprimer