mardi 10 octobre 2017

Geoff Johns présente Green Lantern (tome 1) : "Sans peur" (Urban Comics ; mars 2012)

"Sans peur" est le premier tome d'une série de huit (dont un qui porte le numéro zéro), consacrée à la période du scénariste Geoff Johns sur l'univers Green Lantern. Ce volume comprend les numéros VO #1 à 6 (de juillet à décembre 2005) ainsi que le "Green Lantern Secret Files" #2005 (de juin 2005). Bien que ce dernier soit chronologiquement antérieur aux six épisodes qui le précèdent dans le livre, l'éditeur le fait figurer en fin de recueil.
Les scénarios sont de Geoff Johns ; Johns a travaillé sur Flash, la Société de Justice ou Superman. Ethan Van Sciver et Carlos Pacheco dessinent le #1, Pacheco les #2 et 3, Van Sciver les #4 et 5 et le #6 avec Simone Bianchi, et Darwyn Cooke (1962-2016) le "Green Lantern Secret Files". Outre Van Sciver, Jesús Merino et Prentis Rollins participent à l'encrage et Moose Baumann, Peter Steigerwald, Nathan Eyring, Jared Fletcher à la mise en couleur.

Hal Jordan et le colonel Shane Sellers sont de sortie pour une simulation de combat aérien entre Lockheed Martin F-22 Raptor et McDonnell Douglas F-15 Eagle. Tandis qu'ils survolent les canyons du désert des Mojaves, Jordan manœuvre son F-15 et le place sur le dos, juste au-dessus du F-22 de Sellers, de façon à ce que chacun puisse voir l'autre à travers la bulle de son cockpit. Une partie de cartes s'engage entre les deux virtuoses du manche à balai. Shane annonce deux paires et un sept. Jordan dévoile les deux mêmes paires, mais avec un dix ! Il remporte la partie, ce qui lui vaut d'être invité à déjeuner par son supérieur hiérarchique. De retour à la base, les deux hommes échangent quelques souvenirs et parlent de leurs vies respectives. Sellers est marié et a deux filles. Il semble heureux. Jordan, lui, boit un toast au célibat. Sellers lui raconte que tout le monde pensait qu'il avait trouvé la mort à Coast City. Jordan lui avoue qu'il veut voler à nouveau. Il a plus de huit cents heures de vol. Sellers lui rétorque qu'il devra repasser par l'école des pilotes d'essai. Malheureusement, l'école est dirigée par Jonathan "Herc" Stone, un général deux étoiles avec qui Jordan a eu quelques problèmes...

"Sans peur" marque le retour du personnage de Hal Jordan au poste de Green Lantern numéro un. Ces épisodes s'inscrivent dans la continuité de l'univers DC Comics et se déroulent après "Le Retour de Hal Jordan", également écrit par Johns. Pour faire vite, Jordan, suite à la destruction de Coast City, perd la raison. Il utilise son pouvoir pour recréer la ville. Les Gardiens lui reprochent d'avoir utilisé l'anneau à des fins personnelles et le convoquent à Oa pour des sanctions. Furieux, Jordan massacre tout ce qui vit sur la planète, renonce à sa charge de Green Lantern, absorbe les pouvoirs de la batterie et devient Parallax. Après avoir sauvé la Terre (dans "Final Night", "Extinction" en VF), il prend le manteau du Spectre en guise de purgatoire. Lors de la première moitié des années 2000, les ventes de la franchise sont à la baisse. Johns propose ici des histoires maîtrisées et riches en action, et relance le titre en travaillant deux aspects ; la personnalisation du héros et sa panoplie d'adversaires. "Sans peur", c'est ce qui caractérise Hal Jordan. Frimeur, sûr de lui, Jordan reste un éternel jeune premier vaguement rebelle qui revendique le célibat endurci, joue aux cartes dans des avions de chasse ou donne libre cours à son côté bagarreur. Le scénariste essaie de faire peser le poids d'une certaine culpabilité sur ses épaules et ajoute des souvenirs d'enfance tragiques et douloureux (une relation quasi fusionnelle avec un père décédé, et conflictuelle avec une mère partie trop tôt, emportée par la maladie), mais les zones de gris ne sont pas suffisamment denses pour cultiver une âme plus sombre. Le personnage reste donc superficiel, et l'on comprend pourquoi il a longtemps posé des problèmes éditoriaux à DC Comics, qui ont cherché à se débarrasser de lui dès les années quatre-vingt. Johns, par contre, réussit pleinement ses adversaires. les Traqueurs sont froids et inhumains, Hector Hammond, un pervers avec la bave aux lèvres, vit à l'état de légume, le Requin est une créature monstrueuse et cauchemardesque, et Black Hand est un effroyable et impitoyable fléau. Ces épisodes profitent du talent de Van Sciver et de Pacheco et de leurs styles dynamiques. Van Sciver détaille et soigne cependant bien plus ses fonds de case et ses décors que son collègue. L'art de Bianchi est exceptionnel, mais découpage et déroulement de l'action ne sont pas toujours complètement limpides.

"Sans peur" représente une porte d'entrée accessible, énergique, et réussie à qui voudrait découvrir l'univers de Green Lantern. Le texte bénéficie du travail du traducteur Edmond Tourriol. Les deux premiers volumes ont été réédités en un seul.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Présence02 novembre

    Comme j'avais plusieurs parties de la déchéance d'Hal Jordan en VO dans les années 1990, j'ai été plus sensible que toi au retour du personnage. En fait sa réinstallation au poste de Green Lantern a commencé avec le tome Green Lantern : le retour d'Hal Jordan (Green Lantern: Rebirth, par Johns & Van Sciver) qu'il était peut-être plus difficile de présenter en premier aux lecteurs français, parce que pétri d'une continuité qui n'avait pas franchi l'Atlantique.

    Du coup le tome 1 prend plus de sens en ayant lu Rebirth, parce qu'il développe également des intrigues secondaires entamées dans Rebirth.

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  2. Avec le temps, Green Lantern est un personnage qui m'intéresse de moins en moins... ou plutôt, Hal Jordan.
    Je trouve tout ce cirque autour des couleurs franchement lassant ; cet univers ne se renouvelle pas suffisamment.
    J'attends quand même le Rebirth actuel, et je serai très curieux de découvrir ton commentaire si jamais tu lis cette série ; les lecteurs sont généralement enthousiastes, semble-t-il...

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  3. Présence02 novembre

    Mon parcours avec Green Lantern est un peu différent. J'ai lu la série tout du long des épisodes écrits par Geoff, et j'ai tout apprécié avec des passages plus intenses que d'autres. Du coup j'ai arrêté de lire du Green Lantern après son départ, ne voyant pas comment les scénaristes suivant pourraient retrouver cette intensité et puis j'avais eu ma dose après 10 ans de continuité (2004 à 2013) et une centaine d'épisodes. Pour que je recommence à lire une des séries Green Lantern, il faudrait que les éditeurs y affectent des créateurs (scénariste, ou dans une moindre mesure dessinateur) que j'apprécie.

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