mercredi 25 octobre 2017

Justice League (tome 1) : "Aux origines" (Urban Comics ; mai 2012)

"Aux origines" est un album cartonné de cent vingt planches, sorti dans la collection "DC Renaissance" d'Urban Comics en mai 2012. C'est le premier tome de la "Justice League" de la "Renaissance DC" ("New 52"), une démarche de DC Comics pour rafraîchir son univers et relancer au numéro un une gamme de cinquante-deux séries. Ce volume comprend les numéros #1 (de novembre 2011) au 6 (d'avril 2012) de cette nouvelle série "Justice League".
C'est Geoff Johns qui est scénariste. Jim Lee dessine les six épisodes ; l'épilogue du dernier est signé par Carlos d'Anda. Scott Williams, Sandra Hope, Mark Irwin, Joe Weems et Matt Banning se partagent le travail d'encrage. La mise en couleur est réalisée par Alex Sinclair, le studio Hi-Fi Design, Gabe Eltaeb, Tony Aviña.

Gotham City, il y a cinq ans. Les forces spéciales de la police traquent Batman en survolant les toits de la ville en hélicoptère. Le Chevalier noir est lui-même à la poursuite d'un inconnu. Les policiers ouvrent le feu. Le justicier masqué crée un écran de fumée afin de se protéger. Son étrange proie continue à courir. Batman dirige son Bat-Grappin vers celui qu'il chasse, et tire ; l'objet file se ficher dans le mollet de la créature, entraînant Batman. Ils finissent par tomber tous les deux. Batman prend le dessus et a bien l'intention d'interroger son captif, mais un flash brûlant provenant du torse de son adversaire l'éjecte brutalement. L'autre en profite pour renverser la situation, jusqu'à ce qu'une intense lumière verte les aveugle. Un camion de pompiers qui semble fait d'émeraude sort de nulle part, percute la chose et l'enfonce dans une structure de briques. C'est le Green Lantern Hal Jordan qui entre en scène ! Le policier intergalactique est d'abord surpris de constater que Batman est bien plus qu'une légende urbaine. L'autre lui demande de se faire discret, car les hélicoptères de la police ont émergé de l'écran de fumée et recommencent à canarder dans tous les sens. Green Lantern oppose une protection créée par son anneau à ces tirs nourris. Mais le monstre n'a pas été mis hors d'état de nuire ; il ouvre le feu sur les hélicoptères...

Johns met en scène une Ligue qui n'a pas encore été fondée et qui n'est que la somme de ses individualités, avec les rivalités, les incompréhensions, la méfiance, voire les affrontements physiques que cela comporte. Batman et Green Lantern, d'emblée, ne s'apprécient guère. La confiance que le premier finit par accorder au second est surprenante. Green Lantern et Flash rappellent deux adolescents immatures, surtout le premier, qui cherche à épater la galerie. Superman apparaît autant comme une menace que comme un allié potentiel : il utilise souvent ses poings avant de réfléchir. Aquaman tente de s'imposer comme leader, comme le mâle alpha, bien que ce soit Batman qui prenne les rênes en faisant preuve d'un sens tactique et stratégique qui fait défaut aux autres. Wonder Woman, qui ne comprend pas les us et coutumes des humains, est culturellement décalée. Quant à Cyborg, il ignore tout de ce qui lui arrive, mais se laisse mener par la dynamique de groupe progressive. L'auteur condense ces événements. Le rythme de narration fait que la naissance de la super-équipe est peu crédible ; les héros apparaissent tous au bon moment et au bon endroit, et la métamorphose de Victor Stone est expédiée. Ces origines sont donc traitées superficiellement, et l'intrigue n'est pas suffisamment travaillée pour compenser l'aspect presque outrancièrement commercial de ces épisodes. Mais le scénario déborde d'action et les lecteurs pourront se laisser surprendre par les rebondissements et amuser par les boutades potaches. Graphiquement, Lee ne lésine pas sur les scènes spectaculaires, les pleines, voire les doubles pages, et son Darkseid est absolument incroyable ; visuellement, c'est lui, la vedette de ce titre. Mais le talent de l'artiste a besoin d'espace pour s'exprimer et apparaît comme limité dans les plus petites cases. Les quelques planches de d'Anda sont honorables.

Le texte de Jérôme Wicky est soigné et sa traduction est satisfaisante, malgré un faux-sens dans le troisième chapitre, où une employée répond au professeur Stone qu'elle est "interne", ce qui ne veut rien dire ; il aurait fallu traduire par "stagiaire".

Alors, oui, on sourit plusieurs fois, dans cet album gentiment iconoclaste à la narration décidément très compressée. Mais l'ambition scénaristique n'est pas au rendez-vous. Avec le recul (et le "Rebirth"), ce premier volume est loin d'être indispensable.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

5 commentaires:

  1. Présence04 novembre

    A nouveau entièrement d'accord que ce soit pour l'action, pou les superhéros qui apparaissent tous au bon moment et au bon endroit, ou les trop petites cases pour Jim Lee.

    Pour un lecteur de longue date de l'univers DC (comme moi),. il n'y avait pas d'autre choix que de supporter la remise à zéro de cet univers, en espérant qu'elle apporter du neuf. Or Geoff Johns a du mal à sortir des sentiers battus, trop blockbuster à mon goût. Les relations entre Batman et Green Lantern sont directement copiées sur la version de Frank Miller (dans All Star Batman & Robin, The Boy Wonder). Le lecteur a du mal à saisir pourquoi Batman enlève soudainement sa cagoule devant Green Lantern, si ce n'est pour permettre à Johns d'intégrer ce point de continuité dans cette histoire (sinon ça arrive comme un cheveu sur la soupe). L'inclusion de l'origine de Cyborg dans cette histoire n'apporte pas grand-chose au récit si ce n'est d'avoir un membre afro-américain. La distribution des rôles de chacun (leur apport spécifique à l'équipe) rappelle ce que Grant Morrison avait déjà fait dans ses propres histoires pour la JLA avec Howard Porter. Ce qui m'avait le plus plu était le décalage culturelle de Wonder Woman.

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  2. Présence04 novembre

    Quel scoop ! Je ne savais pas que Geoff Johns était le nom de plume de Scott Snyder !

    (petite faute de frappe au début du 2ème paragraphe)

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    1. Merci d'avoir vu cette erreur !
      J'avais beaucoup plus apprécié ces pages lors de ma première lecture ; malgré quelques qualités, avec un peu de recul, hélas...

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  3. Présence06 novembre

    Du coup, 1 seul tome m'a suffi, je n'ai pas lu la suite. Peut-être la découvrirai-je au travers de tes commentaires ?

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    1. Non, cher ami, car je m’étais arrêté au troisième tome. J’avais lu les deux autres suivants, mais je les ai revendus, et si je n’ai pas le bouquin sous la main, je ne parviens pas à écrire mon billet comme je le souhaite.
      J’avais trouvé le second tome franchement décevant et le troisième assez bon (une lutte de pouvoir pour le trône de l’Atlantide), mais j’avais décidé de m’arrêter là, m’attendant globalement à mieux et craignant l’arrivée de Finch sur le titre.
      Il semblerait que la série se bonifie au fil des titres, mais je pense pas que j’y reviendrai, surtout maintenant que le « Rebirth » a été lancé.

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