mardi 3 octobre 2017

Wonder Woman : "L'Odyssée" (tome 1) (Urban Comics ; février 2012)

"L'Odyssée" ("Odyssey" en VO) est une remise au goût du jour du personnage Wonder Woman à l'occasion des six cents épisodes depuis 1942. C'est un arc complet qui a été publié en quatorze numéros (#601 à 614) entre septembre 2010 et octobre 2011 ; il se conclut donc un mois avant le lancement des "Nouveaux 52".
Ce récit a été publié en deux tomes dans la collection "DC Classiques" d'Urban Comics. Ce tome comprend sept des quatorze numéros de la VO, pour à peu près cent quatre-vingts planches.
J. Michael Straczynski écrit les quatre premiers numéros et coécrit les trois suivants avec Phil Hester ("Carquois"). Don Kramer dessine le premier épisode puis quelques cases des quatre suivants. Eduardo Pansica intervient sur tous les chapitres, sauf le premier, et signe le #607 en solo. Allan Goldman participe au #603 et Daniel Horn de Rosa au #605. Scott Kolins se charge de l'introduction. Michael Babinski, Ruy José, Jay Leisten, Scott Koblish, Marlo Alquiza, Wayne Faucher et Eber Ferreira se partagent l'encrage, et Alex Sinclair réalise la mise en couleur.

Diana est en fuite. Elle traverse une ruelle en courant le plus vite possible. Les hommes qui la talonnent ouvrent le feu, sans parvenir à l'atteindre. La voie est sans issue ; elle n'a pas d'autre choix que de leur faire face. Ils portent tous un costume noir, avec un étrange brassard, et sont équipés de jambières et de coudières. Elle engage le corps-à-corps sans hésiter et terrasse ses adversaires en quelques instants. Furieuse, elle attrape l'un d'entre eux par le col et lui demande ce qu'ils lui veulent et pourquoi ils tentent de la tuer. Leur mission étant un échec, leur commanditaire les sacrifie en faisant exploser des bombes fixées à leurs corps. Diana échappe au massacre de justesse en filant par les toits. À son retour, elle se fait admonester par ses chaperons, mais elle ne se démonte pas et exige de voir l'oracle...

Avec "L'Odyssée", Straczynski et Hester proposent une refonte du personnage de Wonder Woman. Il y a de bonnes idées. Diana n'est pas encore Wonder Woman ; elle ignore tout d'elle-même et de son passé. La traque impitoyable et brutale des Amazones en plusieurs endroits de la planète prend aux tripes, tant les survivantes du quasi-génocide de Themyscira sont mises à mal, chassées comme du gibier et abattues sans pitié. Le criminel de guerre Lucius est un super-vilain particulièrement réussi, mais il n'est pas suffisamment exploité. Les scénaristes insufflent un soupçon de modernité à la forme plus qu'au fond ; Diana troque culotte ou jupette pour le pantalon. Malgré ces idées, et bien que le scénario soit déroulé avec cohérence et comprenne sa dose de retournements de situation, "L'Odyssée" peine à convaincre. L'évolution de la caractérisation de la super-héroïne est précipitée et sans profondeur. Diana, au début une combattante féroce, exécute ainsi l'un de ses adversaires, court assurer son rôle de défenseur de la veuve et de l'orphelin avant d'épargner le monstre suivant. Cela laisse un goût de hâte et de superficialité, comme si les auteurs, embarrassés, intimidés par l'icône, voulaient provoquer gentiment, tout en craignant d'aller trop loin dans la relecture. Il en émerge une vision inaboutie, timide, et dont le seul changement véritablement marquant est celui du costume.
Cette première partie souffre d'une regrettable instabilité au poste de dessinateur. L'introduction de Scott Kolins dénote franchement avec la suite. Kramer, dont le travail est le plus soigné, produit des planches réalistes, avec des plans variés, qui conviennent parfaitement à cette histoire. Ses collègues n'ont pas le même talent. Pansica ne démérite pas, sans parvenir à s'approcher de la qualité de Kramer. Il use d'un style plus lisse - les traits de ses personnages sont moins acérés, ont moins de personnalité. Les pages illustrées par Goldman pâtissent de visages irréguliers, de postures rigides et de détails peu soignés ; est-ce l'encrage ? Toujours est-il que les finitions laissent à désirer, défauts qui se retrouvent, amplifiés, chez Horn de Rosa.
Nick Meylaender (Makma) réalise une bonne traduction et soigne son texte. Le travail éditorial d'Urban Comics comprend des explications sur la genèse de cette œuvre, ainsi que des postfaces de Lynda Carter, Jim Lee, ou J. Michael Straczynski.

Malgré des éléments intéressants, ce tome souffre d'idées non abouties et de différences flagrantes sur le plan de la qualité graphique. L'incapacité de l'éditeur américain à aligner une équipe stable sur un projet comme celui-là est surprenante.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Présence01 novembre

    Entièrement d'accord avec ton analyse : JMS qui après après 4 épisodes, Don Kramer très impressionnant, la fenêtre de parution totalement idiote (peu de temps avant New 52), et le pantalon finalement très anecdotique.

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    1. J'avais pourtant été nettement plus enthousiasmé à ma première lecture. Comme quoi...
      Avec le recul, je me demande si cet enthousiasme n'était pas davantage lié au contexte, c'est-à-dire à la passation de licence de Panini Comics à Urban Comics.

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    2. Présence01 novembre

      C'est un contexte qui ne m'a pas touché puisque je ne lis qu'en VO. Par contre l'annonce de l'arrivée de JMS était à double tranchant. D'une part il succédait à Gail Simone qui avait fait un travail inégal mais assez intéressant ; d'autre part, c'était l'arrivée d'un scénariste de 1er plan avec la promesse qu'il s'investisse sur au moins 1 an.

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