mardi 20 février 2018

"X-Men" : L'Intégrale 1982 (Panini Comics ; décembre 2004)

Le sixième tome de l'intégrale consacrée aux X-Men par Panini Comics compile tous les "Uncanny X-Men" de 1982, du #153 de janvier au #164 de décembre, ainsi qu'un "Uncanny X-Men Annual" (le #6, de novembre). L'épais recueil cartonné compte treize numéros et comprend entre trois cents et trois cent dix planches.
Chris Claremont écrit tous les scénarios, de la série régulière comme de l'annuel. Dave Cockrum, redevenu l'illustrateur principal depuis le départ de John Byrne, laisse le #159 et l'annuel à Bill Sienkiewicz, et le #160 à Brent Anderson. Josef Rubinstein encre le premier épisode, puis le second avec Bob Wiacek, qui devient l'encreur attitré du mensuel. Don Warfield, Bob Sharen, Janine Casey et Glynis Wein (surtout elle) réalisent les mises en couleurs.

À l'issue du tome précédent, Ororo reprend son corps, et force Emma Frost à réintégrer le sien. Les deux femmes décident d'une trêve. Pour Sebastian Shaw et le Club des Damnés, c'est la défaite.
L'École pour Jeunes Surdoués du professeur Xavier n'est plus que débris. Colossus, Cyclope et Wolverine travaillent dur sous l’œil attentif de leur mentor. Près de la piscine, Carole Danvers soigne et désinfecte le visage d'Ororo ; suite à son combat contre Emma Frost, Tornade a dû malmener son propre corps. Diablo, de son côté, a terminé son inspection des lieux. Il se téléporte auprès de Xavier pour lui faire son rapport ; la Salle des Dangers, l'ordinateur central et une aile du bâtiment sont en ruines. Le hangar et l'avion de l'équipe n'ont subi que des dégâts superficiels. Diablo ajoute que les X-Men ne disposent ni des outils ni des compétences nécessaires aux réparations ; il demande conseil au professeur. Celui-ci sait que Diablo a raison. L'équipe et son organisation doivent faire face à des difficultés physiques et financières, et Charles lui-même ne voit pour le moment aucune solution au problème. Plus loin, Kitty traverse le toit et hèle Diablo et Colossus. Elle informe Piotr que sa petite sœur Illyana est au lit et lui demande s'il vient la border et lui souhaiter bonne nuit...

Les épisodes de 1981 étaient en demi-teinte ; le départ de Byrne avait-il enlevé à la série une part de créativité ? En 1982, Claremont travaille sur deux orientations, la science-fiction (il s'inspire allègrement de "Star Wars" ou "Alien") et le surnaturel (vampires, avec Dracula, magie et démonisme, avec Belasco). Si le premier épisode est un conte de fées infantile qui offre une satire niaise des X-Men, Claremont prouve ensuite que l'imagination est toujours au rendez-vous. Il conçoit une intrigue cosmique pour la survie et la lutte du pouvoir - un genre qui sied bien aux X-Men - dans laquelle nos mutants font la connaissance des Broods, des extraterrestres ailés hideux qui tiennent autant de l'insecte que de la créature du film "Alien". Les Broods (ou sleazoïdes) ont tout du cauchemar : ils sont intelligents, tenaces, retors, belliqueux, technologiquement avancés, et leur reine implante ses œufs dans des corps étrangers afin d'assurer la reproduction de l'espèce. Les X-Men vont en faire les frais dans des épisodes qui les relèguent au rang de cobayes ; un parallèle avec les expérimentations des camps nazis ? Côté caractérisations, Claremont continue à mettre en avant le personnage de Kitty, un peu moins que dans le tome précédent. Kitty - sauf dans les histoires de vampires - permet à l'auteur de présenter une facette moins tragique de son univers et de rendre l'atmosphère plus légère. Une rivalité - peu exploitée - germe entre Cyclope (qui renoue avec son père) et Tornade pour le leadership de l'équipe. Le scénariste met Charles Xavier en retrait, puis revient sur sa première rencontre avec le futur Magneto. Wolverine est plus bestial que jamais. Les numéros avec Dracula sont peu intéressants et peu dynamiques. Graphiquement, Cockrum réalise un travail satisfaisant et régulier, sans être en mesure de faire oublier Byrne. Les épisodes opposant les X-Men à Dracula, dessinés par Sienkiewicz, présentent une rupture, dans un style plastiquement plus abouti, moins classique, mais à l'expressivité exagérée, et au mouvement manquant de fluidité.
C'est Geneviève Coulomb qui effectue la traduction. La forme négative est souvent maltraitée et quelques fautes viennent se glisser dans les bulles. Ces traductions-là sont une catastrophe pour l'œuvre, tournée en dérision par les textes de Coulomb.

Malgré des défauts, des ratés, et un programme déséquilibré, les aventures de 1982 sont riches en événements et en révélations. Elles opposent les X-Men à un nouvel adversaire sérieux, aussi haineux que coriace et qui va les faire souffrir, les Broods.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Le départ de Byrne avait-il enlevé à la série une part de créativité ? - C'est vraiment la question que je me suis posé en découvrant le début des ces épisodes que je n'ai pas tous lu. Le conte de fée raconté par Kitty Pryde ramenait effectivement la narration vers quelque chose de plus léger mais aussi de plus infantile. Je me demande dans quelle mesure ce n'est pas le fait de l'influence de Dave Cockrum qui reprendra cette idée de dimension de conte de fées pour la minisérie de Nightcrawler. De même la transposition du principe des Aliens dans l'univers des X-Men me semblait une preuve d'un manque d'inspiration au moins passager.

    Contrairement à toi, je n'ai pas du tout apprécié le retour de Dave Cockrum, non seulement parce que j'étais attaché au tandem Byrne & Austin, mais aussi parce son graphisme avait évolué en s'éloignant du réalisme des épisodes lors de la relance de la série avec la mort de James Proudstar, pour quelque chose de plus grossier à mes yeux.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Salut Présence.
      Bah, j'ai fini par m'habituer au trait de Cockrum faute de mieux, et - surtout - par "peur" de voir un autre dessinateur pas forcément meilleur débarquer sur la série. Au moins, avec Cockrum, pas de surprise. Je crois que c'est l'un de mes derniers tomes consacrés aux intégrales "X-Men". La suite est introuvable à prix décent.

      Supprimer
    2. Dommage, j'aurais bien aimé lire également ton commentaire sur l'arrivée de Paul Smith, épisodes avec lesquels j'ai recommencé à lire la série.

      Supprimer