mercredi 7 mars 2018

XIII (tome 19) : "Le Dernier Round" (Dargaud ; novembre 2007)

"Le Dernier Round" est le dix-neuvième tome de la série "XIII". Il fait suite à "La Version irlandaise". L'album est sorti chez Dargaud en novembre 2007. Il compte quarante-six planches. 
Cette série a été créée par Jean Van Hamme (au scénario), incontournable scénariste de la bande dessinée franco-belge, coauteur de "Thorgal", "Largo Winch" ou "Lady S." - s'il ne faut citer que quelques-unes de ses œuvres - et William Vance (au dessin), illustrateur de séries importantes, telles que, entre autres, "Bob Morane", "Bruno Brazil" ou encore "Ringo". Assez curieusement, ces deux géants devaient au départ collaborer sur "Bruno Brazil". Vance est malheureusement atteint de la maladie de Parkinson ; il a dû se retirer il y a quelques années.
Il s'agit du dernier épisode réalisé par le duo Van Hamme et Vance. Dargaud a depuis confié la série aux "repreneurs" Yves Sente et Youri Jigounov, qui ont produit, à ce jour, cinq albums.

Dans le tome précédent, la lumière est enfin faite sur les véritables identités de Jason Mac Lane et de Seamus O'Neil, de l'IRA provisoire, vivant aux États-Unis sous le nom de Brian Kelly.
Washington DC. Lenny, le portier d'un immeuble de standing, souhaite la bienvenue à Floyd, ponte de la NSA et ex-adjoint de Frank Giordino, relevé de ses fonctions. Il demande à Lenny de rentrer sa voiture au garage. Il emprunte l'ascenseur et retrouve son appartement. Il se déshabille et prend un bain en regardant le journal télévisé. Une voix énonce qu'il est dangereux d'avoir un téléviseur dans la salle de bains. Une blonde sculpturale, les yeux masqués par de larges lunettes fumées, tient le fil électrique d'une main et décroche le poste mural de l'autre. Lorsque Floyd lui demande qui elle est, et comment elle est entrée, elle lui répond que tous les portiers ont leur prix. Elle brandit le téléviseur à bout de bras et le jette dans la baignoire. Floyd meurt dans un atroce grésillement...

"La Version irlandaise" étant un retour dans le temps, c'est de "L'Or de Maximilien" que "Le Dernier Round" est en fait la suite directe. Ici, tout s'enchaîne très vite. Le petit Danny Finkelstein, devenu un journaliste d'investigation de premier ordre, a mené l'enquête et balance toute l'affaire aux médias ; des bouquins (passons sur leurs couvertures) ont également été publiés ! Dans une série d'événements décidément bien trop opportuns pour être entièrement crédibles, les ennemis de nos héros se font tous abattre les uns après les autres, comme si la Justice avait décidé de faire le grand ménage elle-même. Les alliés mafieux de Giordino se font intégralement dessouder dans une guerre des gangs, et deux groupes armés s’entre-tuent à la Guest House de Charlie. Par contre, du côté de XIII et des siens, c'est un peu la promenade de santé. Finalement, dans cette saga, à part le colonel Amos et Jones, qui aura souffert, il n'y aura eu aucune perte importante à déplorer, malgré tous les risques pris, les fusillades ou les situations impossibles. Sean Mullway, le général Carrington et les autres... tous finissent par s'en sortir. Van Hamme sacrifie quand même Charlie, un sergent-chef à la retraite qui doit sa vie à Carrington. Le scénariste évite cependant le trop-plein et fait en sorte que la relation entre XIII et Jones prenne une tournure douce-amère, ce qui constitue l'une des rares surprises de ce dernier numéro, au fond. À l'issue de ces dix-neuf tomes, le lecteur ne pourra se retenir de se demander : "Alors, tout ça pour ça ?". Car oui, tout est bien qui finit bien. XIII ne retrouve pas la mémoire, c'est vrai, mais cette partie de l'intrigue avait été reléguée au second, voire au troisième rang à mi-chemin de toute façon. La quête de la mémoire se confond avec celle de l'identité, avec une troisième - celle du trésor de Liam Mac Lane - en cours de chemin. Et puis, à défaut de recouvrer la mémoire, il obtient au moins une certitude quasi absolue au sujet de son identité. Graphiquement, sans oublier la méticulosité et le sens du détail de l'artiste, c'est moins abouti que dans les tomes précédents. De nombreux visages restent dénués de toute expressivité et certaines scènes telles que la mort de Don Rigoberto ou l'affrontement entre Jessica Martin et Irina Svetlanova sur les toits de Washington DC dans un ballet franchement bien trop raide manquent de limpidité.

Ce premier cycle de "XIII" aura souffert de la cupidité de Dargaud, obligeant l'équipe artistique de la série à puiser dans une inspiration s'évaporant au fil des volumes. Les douze (treize) premiers albums forment néanmoins une somme incontournable.

Mon verdict : ★★☆☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Tu l'as dit, tu l'as fait ! Tu as terminé de commenter la série en mars, comme tu l'avais annoncé. :)

    Tout ça pour ça ? - Peut-il en être autrement quand une telle série repose sur une fuite en avant renouvelée d'album en album ? Peut-il y a voir une révélation finale tonitruante qui donne un sens à ces montagnes russes, ou un final qui vient tout clore proprement à base de justice immanente ? Est-ce que le lecteur ne se sentirait pas tout aussi insatisfait ? Je me souviens d'une série basée sur une fuite en avant encore plus prononcée, où il était visible que le scénariste ne savait pas où il allait et improvisait de tome en tome : Le lièvre de Mars, scénario de Patrick Cothias. Je n'en ai jamais lu les 2 derniers tomes, ayant fait une interruption dans la lecture de BD, et je ne pense pas que la fin puisse être à la hauteur de la dynamique du récit. Comme disent les anglais : the chase is better than the catch.

    Vas-tu lire la suite écrite par Yves Sente ?

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    1. Van Hamme avait reconnu qu'il y avait une part d'improvisation dans son scénario.
      Pour moi, il reste dommage que l'éditeur n'ait pas considéré la saga comme close à l'issue du tome 13. Mais bon, ça aurait été dans le meilleur des mondes, hein.
      Non, je ne vais pas lire la suite ; je ne te cacherai pas que la qualité des derniers tomes de Van Hamme - Vance m'a privé de l'envie de le faire.

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