"Kitchen Irish" (octobre 2005), troisième tome des dix-huit de "The Punisher" sortis sous le label adulte MAX chez Panini Comics, contient le second arc de la série (#7-12 en VO, même titre, août-décembre 2004). "The Punisher" s'étalera sur soixante-quinze numéros, de mars 2004 à octobre 2009 en VO, et d'avril 2004 à janvier 2011 en France. Depuis 2013, Panini Comics procède à une réédition progressive en compilant deux histoires par volume. C'est la première édition (soit un album à couverture flexible de cent trente à cent quarante planches) que présente ce billet.
"Kitchen Irish" est écrit par Garth Ennis ("Preacher", "The Boys", ou "Hellblazer"). Les dessins sont signés Leandro Fernández ; il encre son propre travail. La mise en couleurs est de Dean White.
À l'issue du tome précédent, Castle est pris entre un trio de tueurs de la mafia et la CIA, conseillée par Micro, qui veut l'envoyer traquer Ben Laden. Castle abat les gangsters, puis exécute Micro.
Le visage fermé, Frank Castle marche dans les rues de Clinton. Clinton, c'est le nouveau nom du quartier de Hell's Kitchen. Les rues n'en sont pas moins sales, crasseuses. En passant devant un sans-abri, Castle se dit que les gens sont décidément pris pour des idiots. Il s'arrête dans un "diner" situé en face d'un pub irlandais, y commande un café et un cheeseburger avec des frites. Sirotant sa boisson, Castle continue à ruminer son analyse ; les prix du quartier flambent, poussant les locaux à le quitter pour s'installer dans celui du Queen's. Car à Clinton, ça construit ferme ; clubs de gym, galeries d'art, cybercafés, bars branchés, etc. qui passent une couche sur l'histoire violente - et devenue gênante - du quartier, de ses affrontements entre bandes rivales. Au moment où la serveuse lui apporte son plat, une formidable explosion métamorphose le pub de l'autre côté de la rue en un enfer de flammes qui gagne le "diner". Castle, qui s'apprêtait à manger, s'était baissé au moment de la déflagration ; il n'est donc que légèrement blessé. Autour de lui, tout n'est que chaos et carnage...
"Irish Kitchen" propose un scénario captivant, rythmé, cohérent malgré les nombreux protagonistes, et qui ne souffre d'aucune invraisemblance majeure. Ennis, pour éviter de sombrer dans la violence pour la violence, imagine une chasse au trésor à laquelle participent plusieurs bandes irlandaises rivales. Bien sûr, ils trouvent le Punisher sur leur chemin ; les balles volent, l'hémoglobine coule. Le justicier n'est pas seul ; il fait équipe avec un duo d'agents du MI6 britannique sur la piste d'un poseur de bombes de l'IRA. L'auteur continue à actionner les ficelles qui ont fait le succès des albums précédents ; réalisme, violence, une dose certaine de sadisme qui donne au lecteur la désagréable sensation d'être dans la position d'un voyeur (les scènes de découpe sur le lit, avec une narration suggestive très forte), une "belle" brochette de personnages secondaires, dont - du côté irlandais en tout cas - aucun n'est en mesure de racheter l'autre, et un Punisher qui n'a pas un rôle plus important que les autres. "Irish Kitchen", c'est aussi, pour le scénariste, l'occasion de s'exprimer sur le conflit nord-irlandais en affichant un parti pris ouvertement probritannique et en arborant son mépris de l'IRA provisoire. Les défenseurs de la cause nord-irlandaise - après tout, ne s'agit-il pas de la seule et unique situation de colonisation encore en place aujourd'hui dans notre vieille Europe du XXIe siècle ? - grinceront des dents lorsqu'Ennis fait passer les combattants irlandais de l'intrigue pour de la vermine dans le meilleur des cas et qu'il explique, par l'intermédiaire du personnage de Yorkie Mitchell, que l'armée britannique n'a eu qu'à contenir l'IRA, qui n'était rien de plus qu'un bon entraînement. La partie graphique est réussie. Le style de Fernández consiste en un trait net au contour fin, sans surcharge, explosif, plein de mouvement ; les illustrations de l'artiste pourront évoquer des influences d'Eduardo Risso, avec une légère touche de réalisme en plus et l'expressionnisme en moins, et un rendu peut-être moins impressionnant sur les contrastes et les ombres.
La traduction est de Nicole Duclos, encore une fois. Son travail est satisfaisant, bien que le texte soit toujours perfectible. Côté maquette, l'éditeur a regroupé les couvertures originales à la fin ; elles auraient dû être insérées en début de chapitre.
"Irish Kitchen" propose un scénario captivant, rythmé, cohérent malgré les nombreux protagonistes, et qui ne souffre d'aucune invraisemblance majeure. Ennis, pour éviter de sombrer dans la violence pour la violence, imagine une chasse au trésor à laquelle participent plusieurs bandes irlandaises rivales. Bien sûr, ils trouvent le Punisher sur leur chemin ; les balles volent, l'hémoglobine coule. Le justicier n'est pas seul ; il fait équipe avec un duo d'agents du MI6 britannique sur la piste d'un poseur de bombes de l'IRA. L'auteur continue à actionner les ficelles qui ont fait le succès des albums précédents ; réalisme, violence, une dose certaine de sadisme qui donne au lecteur la désagréable sensation d'être dans la position d'un voyeur (les scènes de découpe sur le lit, avec une narration suggestive très forte), une "belle" brochette de personnages secondaires, dont - du côté irlandais en tout cas - aucun n'est en mesure de racheter l'autre, et un Punisher qui n'a pas un rôle plus important que les autres. "Irish Kitchen", c'est aussi, pour le scénariste, l'occasion de s'exprimer sur le conflit nord-irlandais en affichant un parti pris ouvertement probritannique et en arborant son mépris de l'IRA provisoire. Les défenseurs de la cause nord-irlandaise - après tout, ne s'agit-il pas de la seule et unique situation de colonisation encore en place aujourd'hui dans notre vieille Europe du XXIe siècle ? - grinceront des dents lorsqu'Ennis fait passer les combattants irlandais de l'intrigue pour de la vermine dans le meilleur des cas et qu'il explique, par l'intermédiaire du personnage de Yorkie Mitchell, que l'armée britannique n'a eu qu'à contenir l'IRA, qui n'était rien de plus qu'un bon entraînement. La partie graphique est réussie. Le style de Fernández consiste en un trait net au contour fin, sans surcharge, explosif, plein de mouvement ; les illustrations de l'artiste pourront évoquer des influences d'Eduardo Risso, avec une légère touche de réalisme en plus et l'expressionnisme en moins, et un rendu peut-être moins impressionnant sur les contrastes et les ombres.
La traduction est de Nicole Duclos, encore une fois. Son travail est satisfaisant, bien que le texte soit toujours perfectible. Côté maquette, l'éditeur a regroupé les couvertures originales à la fin ; elles auraient dû être insérées en début de chapitre.
"Kitchen Irish" est une chasse au trésor explosive qui tourne à la farce macabre, dans laquelle le Punisher fait équipe avec des agents du MI6 pour traquer du terroriste irlandais et nettoyer les rues de Hell's Kitchen de ce qu'il subsiste des bandes locales.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
Avec ce tome, j'ai commencé à regarder cette série d'un autre œil. Autant l'avouer tout de suite, l'inventivité en termes de violence sadique a constitué un des attraits de la série tout du long. En fonction des récits, Ennis l'utilise soit pour nourrir un humour très noir, soit pour éviter que la violence ne soit banalisée. Le boulot de Napper French est entre le grotesque comique et l'horreur au premier degré. Par contre, j'ai pris au premier degré la morsure de Castle et encore plus le visage de Finn Cooley, avec tout le malaise que ça peut susciter.
RépondreSupprimerConcernant le conflit nord-irlandais, ça m'a laissé une autre impression. Pops Nesbott (le vieux émigré d'Irlande) est consterné par la génération suivante composée de crétins qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Ce personnage condamne une génération d'individus qui ont exporté le conflit et qui ne sont impliqués que dans la violence, pas dans la cause. Ils commettent des actes terroristes pour eux-mêmes et par pour une idéologie.
Avec cette idée en tête, il est possible d'établir une comparaison avec Castle lui-même. Il éprouve certainement un goût pour la violence, mais elle n'est pas une fin en soi pour lui. Du coup, ça m'a donné l'impression qu'Ennis met en scène des adversaires pour le Punisher, de manière à mieux faire ressortir son unicité à chaque tome. Chaque adversaire du Punisher est quelqu'un que Frank Castle n'est pas devenu, un chemin de vie qu'il n'a pas suivi.
Je dois t'avouer qu'en ce qui me concerne, cette série, malgré des qualités évidentes, a un peu de mal à vraiment passer : la sensation de malaise est présente depuis le second tome, et je doute que cela s'arrange au fil des tomes.
SupprimerP-S : Reçois-tu ces e-mails (car je ne reçois plus les tiens...) ?
Je ne reçois pas d'e-mail, mais je n'en ai jamais reçu. Je suppose (parce que je n'arrive pas à m'en souvenir) que je n'avais pas coché la case demandant à en recevoir. Je ne te serai pas d'une grande aide pour ce mystère.
RépondreSupprimerJe recevais les tiens régulièrement jusqu'à il y a deux ou trois articles.
SupprimerBizarre.
L'effet RGPD ? Je n'en sais rien.