jeudi 7 juin 2018

Ninjak (tome 3) : "Opération : Au-delà" (Bliss Comics ; juin 2017)

Ninjak fut créé en 1993 par Mark Moretti et Joe Quesada, puis remis au goût du jour en 2012, avant d'obtenir son propre titre en mars 2015. En France, cette série a été publiée chez Bliss Comics en cinq tomes. "Opération : Au-delà" est sorti en juin 2017. Cet album cartonné d'un peu plus de cent cinquante planches comprend quatre numéros du titre VO ("Ninjak" #10-13, décembre 2015 à mars 2016) avec le #0 de "Punk Mambo" (novembre 2014).
Les scénarios des épisodes de "Ninjak" ("Operation Deadside" en VO) sont de Matt Kindt. Les dessins sont de Doug Braithwaite, qui encre son propre travail. La mise en couleurs est de Brian Reber. Le "Punk Mambo" est écrit par Peter Milligan ; il est illustré (et encré) par Robert Gill, et mis en couleurs par José Villarrubia.

À l'issue du tome précédent, Ninjak affronte Fakir à Las Vegas, le capture à la suite d'un combat déséquilibré et envoie le moine mort-vivant ad patres. Enfin, la bombe atomique est désamorcée.
Londres. Neville Alcott fait son rapport à Lord Kensington, directeur du MI6 sur "l'accident" qui s'est produit au nord de la ville, dans Holland Park, au Leighton House Museum. Alcott rappelle que l'endroit est aussi un complexe secret du MI6, un centre de recherches sur les phénomènes inexpliqués. Le musée n'était qu'une couverture ; malheureusement, de nombreuses victimes civiles sont à déplorer. Officiellement, le drame a été causé par une fuite de gaz. La créature qui a réussi à s'introduire dans ce bâtiment est connue sous le nom de Brasier. Brasier a libéré un prisonnier de choix : Fakir, l'une des Ombres capturées par Ninjak. Fakir faisait l'objet d'examens poussés de la part des scientifiques du MI6. Pour s'échapper avec Fakir, Brasier a traversé un portail dimensionnel menant au monde des morts, et c'est l'ouverture de ce portail qui a provoqué la catastrophe. Alcott explique que l'événement n'a eu aucun effet déplorable à long terme sur la zone, bien qu'une croissance et une décomposition accélérées dans un rayon de quatre cents mètres aient été notées...

L'intrigue semblait prometteuse. L'une des Sept Ombres est enlevée, et Ninjak doit aller la récupérer dans le monde des morts. Pour cela, il forme un duo improbable avec Punk Mambo (en vedette), une jeune femme qui maîtrise la magie et qui s'est déjà offert un voyage - catastrophique - au monde des morts. Malheureusement, le résultat suscite davantage l'ennui que l'intérêt. Le tandem fonctionne et semble rodé, sans anicroche ni rivalité. C'est regrettable, car un peu plus de piment - voire de flirt - dans cette relation aurait été bienvenu dans une narration qui est globalement terne, sans émotion, parsemée de dialogues peu inspirés, et dans laquelle les piques humoristiques de Colin King sont moins présentes. L'auteur imagine un univers qui comporte plusieurs trouvailles intéressantes ; Ninjak, l'espion-ninja du MI6, croisera ainsi plusieurs créatures fantastiques lors de son périple, sans être particulièrement impressionné par ce qu'il verra, d'ailleurs. Il fait cependant la rencontre de ce qu'il reste de l'un des personnages majeurs de l'écurie Valiant, Shadowman, ici présenté sous le surnom de la Pie. Le scénariste tente une incursion dans le domaine du féerique, du fantastique teinté de références au vaudou, mais sans conviction ni réel succès. Bien que Kindt continue à progressivement dévoiler l'arsenal illimité de Ninjak, rien de tout cela ne convient à l'univers du héros, ce mélange habituellement réussi d'espionnage, d'arts martiaux et de science-fiction. Le chapitre supplémentaire, franchement dispensable, revient sur les origines de Punk Mambo (punk en apparence, sans la moindre velléité nihiliste) et oscille entre hommage naïf, voire infantile au mouvement punk et satire bien trop gentille de ceux qui l'ont corrompu ou s'en sont détachés par attrait du gain. La partie graphique - c'est un comble - est nettement plus aboutie que celle du second volume. Braithwaite est régulier ; bien qu'il ne s'encombre pas avec les fonds de case, il fournit un travail de qualité, dans un style réaliste au découpage qui alterne classicisme et modernisme.
La traduction est signée Mathieu Auverdin (MAKMA), comme dans les tomes précédents, et son bilan est satisfaisant. La maquette de Bliss Comics est exemplaire, une fois de plus : sommaire, crédits, couvertures d'origine au début de chaque chapitre.

"Opération : Au-delà" donne la vedette au personnage de Punk Mambo et fait la connexion avec l'univers de Shadowman. Le résultat ne convient pas au monde de Ninjak et n'est guère captivant. Ce tome sans émotion est le ventre mou de la série.

Mon verdict : ★★☆☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Comme toi, j'avais trouvé que Matt Kindt s'acquittait d'une obligation éditoriale en associant Ninjak a une dimension surnaturelle, mal conçue de surcroît, même si ça, on ne peut pas lui reprocher car elle provient de la série Shadowman. À te lire, j'ai l'impression que le contenu de la VF n'est pas le même que celui de la VO. Dans cette dernière, il n'y avait pas d'épisode 0 écrit par Peter Milligan, mais des fichiers perdus (Lost files), écrits par Kindt, et dessinés par Juan José Ryp.

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    1. Je ne sais pas ; cet album comprend bien les "Lost Files" que tu évoques, mais il y a également ce "Punk Mambo" #0. Curieux qu'il ne figure pas dans le recueil VO.
      Tiens, j'ai contacté Blogger, et il semblerait bien que ce problème d'e-mail soit lié au RGPD ; apparemment cela devrait être bientôt résolu.

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