"The Dark Prince Charming" est une histoire en deux tomes de Batman publiée chez Dargaud. Cette seconde partie est sortie en juin 2018, soit sept mois après la première (novembre 2017). C'est un bel album cartonné grand format (32,5 × 21,3 centimètres) qui compte soixante planches. Ce tome ne compte aucun bonus.
Ce projet a été confié à l'Italien Enrico Marini, connu pour des séries telles que "Rapaces" (1998-2003), avec Jean Dufaux, "Le Scorpion" (2000-2014), avec Stephen Desberg, ou encore "Les Aigles de Rome" (depuis 2005, en cours). Il réalise "The Dark Prince Charming" en solo : scénario, dessins, encrage, mise en couleurs.
À l'issue du tome précédent, Batman tabasse tous les malfrats de Gotham City sur lesquels il peut poser le poing, mais rien à faire : personne ne sait où le Joker retient la jeune Alina Shelley.
Neuf ans plus tôt. Un Bruce Wayne au visage tuméfié entre dans un rade, le Lucky Seven. La barmaid n'est autre que Mariah Shelley. Elle demande à cet étrange client ce qui lui est arrivé ; Wayne répond que son nouveau travail n'est pas de tout repos et qu'il croise des personnes caractérielles. La jeune femme reconnaît son interlocuteur, mais il l'implore de ne pas prononcer son nom. Il lui avoue qu'il a envie de tout oublier. Elle réplique qu'elle a ce qu'il faut : un cocktail maison qui fait des merveilles. Le milliardaire, dans un demi-sourire aguicheur, assure qu'il se sent déjà mieux. Mariah le sert, le prie de l'appeler par son prénom, et précise qu'elle finit dans une heure. Wayne sirote son cocktail.
Maintenant. Batman chevauche sa Bat-Moto à la poursuite des membres d'un gang inspiré par le Joker. Il en a désarçonné deux sur les cinq. La panique gagne les trois restants. L'un d'eux ouvre le feu avec son pistolet mitrailleur, mais l'effet est nul et ne peut rivaliser avec l'artillerie de la Bat-Moto. La monture du malfrat explose ; le conducteur fait un vol plané. Le Chevalier noir en envoie un autre valser, et se rapproche du dernier sans fléchir...
Après ce diptyque en deux volumes, une évidence se confirme (si jamais cela était encore utile...) : Enrico Marini adore Batman, et l'amour qu'il porte à l'un des plus grands personnages de fiction de tous les temps transpire de chaque case. Alors certes, l'auteur ne prend aucun risque majeur ; il ne propose aucune réinterprétation du Chevalier noir et de son monde. D'un autre côté, ce n'était pas non plus ce qui était attendu de lui, et une relecture était hasardeuse. Marini dépeint un univers sombre dans lequel l'humour est présent, mais surtout dans lequel l'espoir n'est pas nécessairement un vain mot, contrairement à certaines publications DC Comics récentes ; peut-être est-ce là la nouveauté, au fond ?... L'auteur ajoute ici une autre dimension au personnage du Joker, celle de l'esthète raffiné : car oui, le Joker est cultivé, mélomane, et il ne s'agit pas de confondre Beethoven et Rachmaninov ! Cela ne l'empêche pas de rester un assassin de sang-froid. Reconnaissons que le personnage d'Harley Quinn n'est pas forcément à son avantage, au contraire, et que ses plaisanteries tombent à plat. Quant à Catwoman, elle est égale à elle-même (et très sexy bien sûr), et tient un rôle secondaire dans toute cette affaire, tout en étant le grain de sable dans le plan du Joker (et de Bruce) ; dommage qu'elle n'ait pas été davantage mise en avant. Graphiquement, cela reste abouti, malgré cet étrange parti pris au niveau d'une mise en couleurs décidément terne, qui représente néanmoins la dualité entre les teintes de la nuit (Batman) et celles du clown (le Joker). Le Bruce Wayne de Marini est impeccable, et son Batman est toujours aussi musculeux, massif, puissant ; un redresseur de torts dont il n'y a guère de merci à espérer. À l'instar de la première partie, l'artiste ne lésine pas sur les scènes spectaculaires. La jouissive course poursuite du début et le choix de la Bat-Moto reflètent l'influence de la trilogie (2005-2008-2012) de Christopher Nolan. Et l'affrontement entre notre détective et les recrues du Joker est exemplaire, avec une magnifique planche en gaufrier qui met parfaitement en évidence le séquençage cinématographique de cette scène d'action. Marini produit, en moyenne, quatre à six cases par planche. Son découpage est classique, avec une utilisation régulière de la technique d'incrustation. Il n'a pu s'empêcher d'insérer un clin d'œil au "Scorpion".
Ce type d'exercice est à répéter. Marini propose une conclusion convaincante et satisfaisante à un diptyque globalement réussi. L'œuvre ne vient pas bousculer l'univers du Chevalier noir, mais peu importe, car le plaisir de lecture est indéniable.
Mon verdict : ★★★★☆
Ce projet a été confié à l'Italien Enrico Marini, connu pour des séries telles que "Rapaces" (1998-2003), avec Jean Dufaux, "Le Scorpion" (2000-2014), avec Stephen Desberg, ou encore "Les Aigles de Rome" (depuis 2005, en cours). Il réalise "The Dark Prince Charming" en solo : scénario, dessins, encrage, mise en couleurs.
À l'issue du tome précédent, Batman tabasse tous les malfrats de Gotham City sur lesquels il peut poser le poing, mais rien à faire : personne ne sait où le Joker retient la jeune Alina Shelley.
Neuf ans plus tôt. Un Bruce Wayne au visage tuméfié entre dans un rade, le Lucky Seven. La barmaid n'est autre que Mariah Shelley. Elle demande à cet étrange client ce qui lui est arrivé ; Wayne répond que son nouveau travail n'est pas de tout repos et qu'il croise des personnes caractérielles. La jeune femme reconnaît son interlocuteur, mais il l'implore de ne pas prononcer son nom. Il lui avoue qu'il a envie de tout oublier. Elle réplique qu'elle a ce qu'il faut : un cocktail maison qui fait des merveilles. Le milliardaire, dans un demi-sourire aguicheur, assure qu'il se sent déjà mieux. Mariah le sert, le prie de l'appeler par son prénom, et précise qu'elle finit dans une heure. Wayne sirote son cocktail.
Maintenant. Batman chevauche sa Bat-Moto à la poursuite des membres d'un gang inspiré par le Joker. Il en a désarçonné deux sur les cinq. La panique gagne les trois restants. L'un d'eux ouvre le feu avec son pistolet mitrailleur, mais l'effet est nul et ne peut rivaliser avec l'artillerie de la Bat-Moto. La monture du malfrat explose ; le conducteur fait un vol plané. Le Chevalier noir en envoie un autre valser, et se rapproche du dernier sans fléchir...
Après ce diptyque en deux volumes, une évidence se confirme (si jamais cela était encore utile...) : Enrico Marini adore Batman, et l'amour qu'il porte à l'un des plus grands personnages de fiction de tous les temps transpire de chaque case. Alors certes, l'auteur ne prend aucun risque majeur ; il ne propose aucune réinterprétation du Chevalier noir et de son monde. D'un autre côté, ce n'était pas non plus ce qui était attendu de lui, et une relecture était hasardeuse. Marini dépeint un univers sombre dans lequel l'humour est présent, mais surtout dans lequel l'espoir n'est pas nécessairement un vain mot, contrairement à certaines publications DC Comics récentes ; peut-être est-ce là la nouveauté, au fond ?... L'auteur ajoute ici une autre dimension au personnage du Joker, celle de l'esthète raffiné : car oui, le Joker est cultivé, mélomane, et il ne s'agit pas de confondre Beethoven et Rachmaninov ! Cela ne l'empêche pas de rester un assassin de sang-froid. Reconnaissons que le personnage d'Harley Quinn n'est pas forcément à son avantage, au contraire, et que ses plaisanteries tombent à plat. Quant à Catwoman, elle est égale à elle-même (et très sexy bien sûr), et tient un rôle secondaire dans toute cette affaire, tout en étant le grain de sable dans le plan du Joker (et de Bruce) ; dommage qu'elle n'ait pas été davantage mise en avant. Graphiquement, cela reste abouti, malgré cet étrange parti pris au niveau d'une mise en couleurs décidément terne, qui représente néanmoins la dualité entre les teintes de la nuit (Batman) et celles du clown (le Joker). Le Bruce Wayne de Marini est impeccable, et son Batman est toujours aussi musculeux, massif, puissant ; un redresseur de torts dont il n'y a guère de merci à espérer. À l'instar de la première partie, l'artiste ne lésine pas sur les scènes spectaculaires. La jouissive course poursuite du début et le choix de la Bat-Moto reflètent l'influence de la trilogie (2005-2008-2012) de Christopher Nolan. Et l'affrontement entre notre détective et les recrues du Joker est exemplaire, avec une magnifique planche en gaufrier qui met parfaitement en évidence le séquençage cinématographique de cette scène d'action. Marini produit, en moyenne, quatre à six cases par planche. Son découpage est classique, avec une utilisation régulière de la technique d'incrustation. Il n'a pu s'empêcher d'insérer un clin d'œil au "Scorpion".
Ce type d'exercice est à répéter. Marini propose une conclusion convaincante et satisfaisante à un diptyque globalement réussi. L'œuvre ne vient pas bousculer l'univers du Chevalier noir, mais peu importe, car le plaisir de lecture est indéniable.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
Alors que je n'avais pas beaucoup apprécié le premier tome, j'ai quand même lu le second hier. Je partage entièrement ton avis : l'amour de Marini pour Batman se sent à chaque page. Effectivement, l'interprétation d'Harley Quinn m'a laissé assez froid. De même que voir Bruce Wayne buvant de l'alcool et se lancer dans un coup d'un soir ne me semble pas raccord avec le personnage. Mais les séquences d'action ont fini par emporter toutes mes réticences.
RépondreSupprimerJ'aimerais beaucoup que Dargaud multiplie ce type d'initiative. Après Batman, pourquoi ne pas s'attaquer à la Ligue, à Superman ou à Wonder Woman ?...
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