lundi 18 juin 2018

"X-Men" : L'Intégrale 1983 (Panini Comics ; juin 2005)

Le septième tome de l'intégrale consacrée aux X-Men par Panini Comics compile tous les "Uncanny X-Men" de 1983, du #165 de janvier au #176 de décembre. Cet épais recueil cartonné compte donc douze chapitres et un peu plus de trois cents planches. L'éditeur a zappé le "Uncanny X-Men Annual" #7 (décembre 1983).
Chris Claremont écrit tous les scénarios. Paul Smith illustre neuf des douze numéros à lui seul. Il en partage un avec John Romita Jr. (le #175), qui produit le dernier de l'année (le #176) en solo, tandis que Walter Simonson se charge d'une partie lui aussi (le #171). Bob Wiacek est toujours l'encreur attitré du mensuel. Les mises en couleurs sont réalisées par Lynn Varley, Andy Yanchus, Bob Sharen, Paul Becton, Janine Casey, Glynis Wein (surtout elle).

À l'issue du tome précédent, Lilandra et les X-Men tentent d'échapper aux Broods, qui les veulent vivants. Ils réussissent grâce à Carol Danvers, devenue Binaire suite aux manipulations des Broods.
L'envol rageur de Binaire a causé un trou dans la coque du vaisseau spatial de Lilandra, provoquant ainsi un phénomène de décompression. Les X-Men sont peu à peu aspirés par le vide. Par chance, les réserves d'oxygène sont pleines. Cyclope ordonne à Colossus d'obturer la brèche avec son corps d'acier et lui commande de ne laisser passer personne. Obtempérant, Piotr fait écran devant l'ouverture, mais il comprend rapidement qu'il ne pourra pas tenir longtemps. Summers demande ensuite à Diablo de téléporter Lilandra sur le pont pour qu'elle puisse activer les fonctions de réparation. Sur place, elle réalise que les systèmes sont hors service ; chaque fonction devra être activée manuellement. Elle envoie néanmoins de l'air dans le hangar afin de faire gagner du temps à l'équipe. Scott veut boucher cette déchirure, et pour cela, il commande à Wolverine de tailler un morceau de métal dans le pont. La manœuvre de Logan est perturbée par l'arrivée d'oxygène actionnée par Lilandra ; son corps est balayé par un puissant courant d'air qui le dirige avec force vers Colossus...

Dans des pages psychédéliques, mystiques, les X-Men affrontent les Broods, qui leur ont implanté des embryons en captivité. Ils luttent pour conserver leur humanité et éviter que la bête ne prenne le dessus. Parabole sur la schizophrénie ? Le cancer ? Plaidoyer pour la liberté d'avortement et représentation du dilemme causé par le respect de toute vie ? Les lectures sont nombreuses. 1983, c'est aussi l'entrée en scène des Morlocks, au nom tiré de "La Machine à explorer le temps" (1895) d'H. G. Wells (1866-1946). Ceux-ci, plutôt que d'être exposés aux humains, vivent dans les entrailles de la Terre et forment une société fraternelle, sans individualisme et soumise au leader (Callisto, qui porte mal son prénom). Pour le reste, les X-Men accueillent tant bien que mal un nouveau membre. Les démons de Cyclope reviennent le hanter sous le visage de Madeline Pryor. Kitty Pride traverse une crise d'identité à cause du professeur, qui estime qu'elle a davantage sa place au sein des Nouveaux Mutants que parmi les X-Men. Stupeur et incompréhension s'invitent au mariage de Wolverine. Quant à Xavier, son esprit a dû être transféré dans un corps cloné. Il devait recouvrer l'usage de ses jambes ; un blocage mental l'en empêche, le soumettant à une double torture. C'est Ororo qui évolue le plus. L'instinct maternel de l'Africaine à l'égard de Kitty reste intact. Elle éprouve des difficultés à maîtriser ses pouvoirs, puis devient graduellement plus dure, plus guerrière. Ce changement se traduit également par une métamorphose vestimentaire et cosmétique. Graphiquement, Smith ne fait pas des étincelles dans les premiers numéros. Les postures des personnages sont mal étudiées et son sens des proportions fera hausser les sourcils. Mais l'artiste progresse vite et finit par présenter un style soigné et original, épuré, expressif, au trait arrondi et doux, avec une approche très ciblée et appropriée du détail, sans fioritures inutiles. Smith fait ensuite place à Romita Jr. Celui-ci est déjà fortement efficace et impressionnant. Son trait toujours classique évoluera encore.
La traduction de Geneviève Coulomb est ce qu'elle est, mais elle a déjà fait pire. Notons des onomatopées non traduites, des fautes de conjugaison. Sa longévité au poste de traductrice de ce titre et la pauvreté de la maquette étonneront toujours.

L'année 1983 est un bon cru qui propose des épisodes rythmés, captivants, riches en surprises, dans lesquels les mutants ne sont guère épargnés. Les X-Men, mis à rude épreuve, doivent traverser des drames personnels en plus d'affronter leurs ennemis.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Il s'agit toujours de la période des X-Men que je n'ai lu que par intermittence, à savoir ici les épisodes 168, 172, 173, 175. Du coup, je n'ai dû découvrir Paul Smith qu'une fois ses compétences arrivées à un niveau professionnel. Au vu de la piètre qualité des mensuels mutants actuels, ça pourrait combler mon déficit en X-Men.

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    1. J'en discutais récemment avec un lecteur qui trouvait, lui aussi, que le départ de Byrne avait vraiment un impact fortement négatif sur la qualité de la série. Mais il y a de bonnes pages dans ces épisodes. Hélas, ne trouvant pas le tome 1984 à un prix décent, je ne vais pas pouvoir continuer mes billets sur cette série.

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