vendredi 6 juillet 2018

"The Avengers" : L'Intégrale 1978 (Panini Comics ; avril 2018)

Le quinzième volume de l'intégrale que Panini Comics consacre aux Vengeurs compile les douze numéros de la série régulière "Avengers" de 1978, du #167 de janvier au #178 de décembre, ainsi que "Avengers Annual" #8 (octobre). Cet album cartonné comprend approximativement deux cent quarante-cinq planches.
Jim Shooter scénarise seul ou se fait aider de Roger Stern, George Pérez, ou David Michelinie pour les dialogues. Marv Wolfman signe un chapitre, Bill Mantlo aussi (les dialogues sont de Shooter), Steve Gerber (1947-2008), le dernier de l'année, Roger Slifer, le "spécial". Pérez illustre quatre épisodes et l'annuel, Sal Buscema, trois, David Wenzel, quatre, et Carmine Infantino (1925-2013), celui de décembre. Parmi les encreurs, Pablo Marcos, Dave Hunt (1942-2017), Klaus Janson, Win Mortimer (1919-1998), Bob McLeod, Joe Rubinstein, Dan Green, Rick Bryant, Ricardo Villamonte, Rudy Nebres. Pour la mise en couleurs : Carl Gafford, Phil Rachelson, Ken Klaczak, Shooter, Nel Yomtov, ou Bob Sharen.

À l'issue du tome précédent, les Vengeurs vainquent Nefaria, mais la relation entre Cap et Iron Man se détériore. Ailleurs, un vieillard contemple des photos des Maximov, et part pour les USA.
Quartier général des Vengeurs. L'alerte vient de se déclencher. Le Fauve, la Sorcière rouge et Captain America, à moitié vêtus, se ruent vers la salle de contrôle où trône l'ordinateur. Vision, déjà sur les lieux, capte une transmission de Nick Fury depuis la base orbitale du SHIELD. Celui-ci les informe qu'un immense vaisseau spatial est soudainement apparu à quelques encablures de la station, qui, d'après les estimations, devrait être percutée par la colossale structure dans les deux heures. Fury demande une assistance immédiate, et les quatre justiciers se préparent. À bord, une fois la communication coupée, un invité de marque prévient Fury qu'il prend congé ; ce n'est autre que Tony Stark. Fury, accompagnant l'industriel de génie à la navette, lui avoue qu'il compte sur Iron Man et ses Vengeurs pour gérer le problème...

Excellente année pour "Avengers", qui n'avait pas bénéficié d'aussi bons épisodes depuis Thomas (bien que le chapitre signé Wolfman soit sans originalité). Shooter offre à la série ce ton plus adulte nécessaire pour cette décennie. Les Vengeurs affrontent une entité cosmique en devenir dans un arc qui s'étale sur neuf numéros. L'auteur réinstaure les rivalités au sein du groupe (entre Iron Man et Captain America, qui subit une petite traversée du désert), laisse leur part aux scènes intimistes, et dépouille deux adversaires d'envergure de leur nature profonde de super-vilains, proposant des intrigues en teintes de gris sans manichéisme outrancier. Les Vengeurs sont dépassés, et sont réduits à jouer un rôle passif sans comprendre l'ampleur de ce qui se trame ; ils n'ont jamais été aussi humains que dans ces pages où émotion et tragédie sont présentes. Comme pour insister sur ce fait, la super-équipe est privée par Henry Gyrich des moyens quasiment illimités dont elle disposait, et perd largement de sa superbe. L'auteur, non sans un humour légèrement iconoclaste, n'hésite pas à faire prendre le bus à ses membres. Le travail sur les dialogues est perceptible, ainsi que sur la partie narrative, que ce soit sous la forme de bulles de pensée ou de cartouches. Détail : le scénariste affuble Wonder Man de vêtements civils ; le super-héros est ainsi privé de l'incontournable costume bariolé. Shooter voit à long terme, puisqu'il continue à semer les graines des "Nuits de Wundagore". Et, enfin, il nous débarrasse de l'encombrant Two-Gun ! Le "spécial" annuel met en scène un conflit réglé de façon originale. Graphiquement, le résultat est satisfaisant. Le talentueux Pérez progresse de numéro en numéro ; il varie les plans, soigne des cases fournies, et présente un découpage créatif. Buscema est égal à lui-même ; le temps d'un épisode, son trait est embelli par l'encrage de Janson de manière surprenante. Wenzel est sans doute celui qui propose les dessins les moins aboutis. Infantino offre un Fauve plus vrai que nature dans un récit bien mystérieux. 
Laurence Belingard, qui avait officié sur les numéros de l'année précédente, effectue la traduction. Malgré une onomatopée non traduite et l'utilisation de termes impropres, elle produit un travail solide. Du côté de la maquette, aucune évolution.

En 1978, Shooter durcit l'ambiance de la série et signe des pages réellement captivantes au ton plus adulte. L'arc avec Korvac est l'un des meilleurs du titre depuis ses débuts. "Avengers" reprend du poil de la bête, pour le plus grand plaisir des lecteurs.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Ce tome contient donc toute la saga Korvac. Je me souviens que c'était l'époque de la montée en puissance de George Perez, comme tu le fais observer. Comme toi, j'avais été très surpris en découvrant l'encrage de Klaus Janson avant Daredevil et Miller. Il faisait en sorte de polir les contours pour des formes plus douces et plus méticuleuses.

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    1. Oui ; et pour moi, ça a été une révélation, car je n'avais encore jamais lu cette saga. Ce qui m'a le plus marqué, c'est le changement de ton d'une année à l'autre. Shooter "ringardise" l'ère Englehart en un arc. J'attribue ça à l'effet X-Men.

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