L'équipe artistique est composée du scénariste belge Zidrou (Benoît Drousie) et du dessinateur français Simon Van Liemt. Zidrou est un vétéran de la bande dessinée (surtout humoristique) et compte plusieurs publications à son actif. Il est connu, entre autres, pour "Natures mortes", "L'Élève Ducobu" ou encore "L'Adoption". Van Liemt, lui, a travaillé sur deux titres, "Incantations" (série terminée) et "Poker" (en cours à ce jour).
Un hypermarché Mammouth, en banlieue parisienne. Un homme, Jacques, y parcourt les rayons, au son des publicités diffusées par les haut-parleurs. Alors qu'il vient de saisir un pot de Nutella, Il est soudainement apostrophé par son épouse, Huguette, qui pousse le caddie dans sa direction. N'était-il pas censé trouver un guide pratique pour réparer le chauffe-eau de la cuisine ? Tandis qu'il essaie - timidement - de répliquer, la mégère, sans se soucier des autres clients, enfonce le clou. Cela fait un mois que leur appareil est en panne ; et ce n'est pas Jacques qui fait chauffer l'eau pour la vaisselle. Elle lui arrache le pot de Nutella des mains et le remet en place sur la gondole. Lorsque Jacques prétexte un petit écart pour les fêtes, "Noël au choco, Pâques à l'hosto", répond Huguette. Poussant le chariot, elle lui demande ce qu'il deviendrait sans elle. "Un homme heureux ?" s'interroge-t-il à voix haute, la mégère éloignée. En marmonnant, il consulte les publications d'un présentoir, ruminant son amertume envers sa femme et le chauffe-eau. Parmi les titres, "Maigrir sans larmes", "Je connais tous les fromages", "Sauvez vos nerfs". Il tombe enfin sur ce qu'il cherche. Mais derrière le guide Flash qu'il vient de saisir était dissimulé un autre manuel, au sujet bien différent...
Après un premier tome imaginatif et un second déjà moins surprenant, voici le troisième de cette série, dans lequel un fascicule pratique, à l'origine d'une vague de meurtres, sème la panique. Pour Ric, cette enquête est l'occasion de garder le contact avec son père, et de partir en virée avec Nadine en Belgique, direction Verviers, au siège des éditions Marabout. Il y découvrira que le succès de cette maison florissante a suscité bien des rancœurs. Une partie de l'action se déroule dans la capitale belge (le déjeuner entre Nadine et Henri Vernes a lieu aux Armes de Bruxelles). Le ton est satirique, et la légende d'Henri Vernes est égratignée lorsqu'il passe pour un cabotin concupiscent. Mais dans l'ensemble, cet album, même si l'idée de départ est brillante, manque de rythme, et les enjeux ne sont pas suffisamment mis en valeur pour pouvoir émouvoir. Des victimes sont évoquées (il y a eu treize meurtres), mais c'est à peine si un cadavre est montré - dans une posture ridicule. Malgré quelques scènes spectaculaires (la tentative d'assassinat, la course-poursuite, la destruction de la Porsche), la tension ne prend pas dans ce récit qui flirte trop avec la comédie et le vaudeville. Si Zidrou fait référence à "L'Inconnu du Nord-Express" ("Strangers on a Train", 1951) d'Alfred Hitchcock (1899-1980), la conclusion doit trop à un roman bien particulier d'Agatha Christie (pas de titre précis pour ne rien gâcher). Le personnage de Ric reste fidèle à lui-même, Nadine sert de prétexte à Zidrou pour diffuser un micro-soupçon d'érotisme (toutes proportions gardées) dans l'histoire, et son père, le commissaire Bourdon, continue à jouer son rôle de faire-valoir. Les auteurs ravivent des souvenirs (passés dans la mémoire collective) de la société française d'alors, dépeignant la grisaille de la banlieue parisienne, et en mettant en scène quelques icônes de la société de consommation, outre Marabout. Par exemple, le lancement de la chaîne d'hypermarchés Mammouth (disparue en 2009) ; les générations actuelles n'ont pas connu le fameux slogan "Mammouth écrase les prix", détourné par les amateurs de contrepèteries. Autre illustration avec Nutella, encore jeune marque, puisqu'elle n'est présente sur le marché français "que" depuis 1964. Van Liemt assure une partie graphique tout à fait satisfaisante, même si son encrage et la netteté de son trait sont perfectibles.
"Comment réussir un assassinat" tient plus de la comédie policière que du roman d'énigme ou de mystère. Les auteurs s'éloignent de l'atmosphère de la série originelle. L'album fait sourire ; l'enjeu est trop anodin pour rendre l'œuvre captivante, hélas.
Un hypermarché Mammouth, en banlieue parisienne. Un homme, Jacques, y parcourt les rayons, au son des publicités diffusées par les haut-parleurs. Alors qu'il vient de saisir un pot de Nutella, Il est soudainement apostrophé par son épouse, Huguette, qui pousse le caddie dans sa direction. N'était-il pas censé trouver un guide pratique pour réparer le chauffe-eau de la cuisine ? Tandis qu'il essaie - timidement - de répliquer, la mégère, sans se soucier des autres clients, enfonce le clou. Cela fait un mois que leur appareil est en panne ; et ce n'est pas Jacques qui fait chauffer l'eau pour la vaisselle. Elle lui arrache le pot de Nutella des mains et le remet en place sur la gondole. Lorsque Jacques prétexte un petit écart pour les fêtes, "Noël au choco, Pâques à l'hosto", répond Huguette. Poussant le chariot, elle lui demande ce qu'il deviendrait sans elle. "Un homme heureux ?" s'interroge-t-il à voix haute, la mégère éloignée. En marmonnant, il consulte les publications d'un présentoir, ruminant son amertume envers sa femme et le chauffe-eau. Parmi les titres, "Maigrir sans larmes", "Je connais tous les fromages", "Sauvez vos nerfs". Il tombe enfin sur ce qu'il cherche. Mais derrière le guide Flash qu'il vient de saisir était dissimulé un autre manuel, au sujet bien différent...
Après un premier tome imaginatif et un second déjà moins surprenant, voici le troisième de cette série, dans lequel un fascicule pratique, à l'origine d'une vague de meurtres, sème la panique. Pour Ric, cette enquête est l'occasion de garder le contact avec son père, et de partir en virée avec Nadine en Belgique, direction Verviers, au siège des éditions Marabout. Il y découvrira que le succès de cette maison florissante a suscité bien des rancœurs. Une partie de l'action se déroule dans la capitale belge (le déjeuner entre Nadine et Henri Vernes a lieu aux Armes de Bruxelles). Le ton est satirique, et la légende d'Henri Vernes est égratignée lorsqu'il passe pour un cabotin concupiscent. Mais dans l'ensemble, cet album, même si l'idée de départ est brillante, manque de rythme, et les enjeux ne sont pas suffisamment mis en valeur pour pouvoir émouvoir. Des victimes sont évoquées (il y a eu treize meurtres), mais c'est à peine si un cadavre est montré - dans une posture ridicule. Malgré quelques scènes spectaculaires (la tentative d'assassinat, la course-poursuite, la destruction de la Porsche), la tension ne prend pas dans ce récit qui flirte trop avec la comédie et le vaudeville. Si Zidrou fait référence à "L'Inconnu du Nord-Express" ("Strangers on a Train", 1951) d'Alfred Hitchcock (1899-1980), la conclusion doit trop à un roman bien particulier d'Agatha Christie (pas de titre précis pour ne rien gâcher). Le personnage de Ric reste fidèle à lui-même, Nadine sert de prétexte à Zidrou pour diffuser un micro-soupçon d'érotisme (toutes proportions gardées) dans l'histoire, et son père, le commissaire Bourdon, continue à jouer son rôle de faire-valoir. Les auteurs ravivent des souvenirs (passés dans la mémoire collective) de la société française d'alors, dépeignant la grisaille de la banlieue parisienne, et en mettant en scène quelques icônes de la société de consommation, outre Marabout. Par exemple, le lancement de la chaîne d'hypermarchés Mammouth (disparue en 2009) ; les générations actuelles n'ont pas connu le fameux slogan "Mammouth écrase les prix", détourné par les amateurs de contrepèteries. Autre illustration avec Nutella, encore jeune marque, puisqu'elle n'est présente sur le marché français "que" depuis 1964. Van Liemt assure une partie graphique tout à fait satisfaisante, même si son encrage et la netteté de son trait sont perfectibles.
"Comment réussir un assassinat" tient plus de la comédie policière que du roman d'énigme ou de mystère. Les auteurs s'éloignent de l'atmosphère de la série originelle. L'album fait sourire ; l'enjeu est trop anodin pour rendre l'œuvre captivante, hélas.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
Oui, j'ai connu les hypermarchés Mammouth, ainsi que la contrepèterie associée. :)
RépondreSupprimerTes commentaires me permettent de faire un choix, en calmant ma curiosité pour Zidrou en ce qui concerne cette série. Et hop, des sous et du temps d'économisés. Merci.
Tu y aurais sans doute trouvé des qualités que je n'ai pas perçues ou auxquelles je n'ai pas été sensible, peut-être comme dans "Alix Senator".
SupprimerPourtant, le premier tome était vraiment bien. Mais le mystère fait trop défaut (même si je n'était pas un lecteur assidu de la série d'origine).