dimanche 19 août 2018

Wonder Woman (tome 2) : "Le Fruit de mes entrailles" (Urban Comics ; janvier 2013)

"Le Fruit de mes entrailles" est un album cartonné d'environ cent vingt planches (sans compter les bonus), sorti dans la collection "DC Renaissance" d'Urban Comics en janvier 2013. C'est le second tome de la "Wonder Woman" de la "Renaissance DC", qui est une démarche de DC Comics visant à rafraîchir son univers et à relancer une gamme de titres. Le volume comprend les numéros 7 à 12 (mai à octobre 2012) de cette nouvelle série "Wonder Woman".
Brian Azzarello ("Superman : Lex Luthor") est au scénario. Cliff Chiang dessine les deux premiers épisodes et les deux derniers, Tony Akins, le troisième, et le quatrième avec Kano. Chiang encre ses propres planches, et Dan Green, celles d'Akins, seul ou avec l'aide de Kano. Matthew Wilson effectue la mise en couleurs.

À l'issue du tome précédent, Diana tente de manipuler les dieux dans le but d'atteindre Héra. Poséidon en rit, mais Hadès, vexé, capture Zola pour obliger l'Amazone à respecter ses engagements.
Florence, Italie, la nuit. À la sortie du Club Eros, un homme court après un autre en le suppliant. Il demande son aide avec insistance, prétextant que son amant le suit partout, ne lui laisse pas un instant, et qu'il doit se cacher pour avoir une seconde de répit. Son interlocuteur (il porte une ceinture-holster avec un revolver en or sous chaque aisselle) rétorque que ce ne sont pas ses affaires, et lève les bras en signe d'impuissance : que doit-il faire, lui, pour qu'on lui fiche la paix ? Le quémandeur le prie de faire en sorte que son amant arrête. Celui à qui s'adressent ces prières s'étonne ; lorsqu'il a vu l'autre pour la première fois, il pleurait. Il a eu pitié et lui a accordé une faveur. Aujourd'hui, pas de pitié ; il a eu ce qu'il souhaitait. L'autre répond qu'il avait tort ; devant l'indifférence à laquelle il se heurte, il pose la main sur l'épaule de l'individu, qui dégaine une arme et la lui pointe sur le visage. Il lui a donné ce qu'il désirait, et il ne veut que des remerciements. Furieux, il le chasse d'un coup de pied dans les fesses, le faisant détaler. Une lueur apparaît derrière lui...

Il sera utile de relire le tome précédent. Azzarello offre ici un récent plein d'action, imaginatif, avec quelques retournements de situation, mais trop linéaire, au déroulement mécanique, et dont l'émotion n'est pas suffisamment présente (malgré les scènes-chocs ou horrifiques). L'auteur continue sa relecture de l'univers de Wonder Woman et des divinités olympiennes. Éros, le dieu de l'Amour, est un éphèbe à l'allure décontractée et branchée, qui a troqué son arc légendaire pour deux automatiques en or massif. Il est bien moins cynique qu'il ne le laisse d'abord paraître. Héphaïstos, dieu du feu, de la forge, de la métallurgie et des volcans, a établi sa demeure en Sicile, au centre de l'Etna. C'est une créature au physique disgracieux et inquiétant ; sa peau entièrement glabre est grisâtre, ses yeux sont rouges, et sa bouche est hérissée de dents acérées. Il porte des attelles aux jambes, et ses bras semblent faits de magma, de roche en fusion. C'est un être sage et plein de compassion. Déméter est la déesse de la terre cultivée ; sa longue chevelure est faite de feuilles, et elle arbore des fruits en guise de bijoux. Elle pourra évoquer un tableau de Giuseppe Arcimboldo (1527-1593). Artémis, la déesse de la nature sauvage et de la chasse, est ici une silhouette fantomatique coiffée des bois de cerfs. Elle est dépeinte comme une comploteuse qui n'hésite pas à nouer une alliance avec l'opposition, car si Apollon était lié au soleil, Artémis, elle, l'était à la lune. Le scénariste continue à déployer sa tragédie grecque d'ampleur divine, mais n'oublie pas de revenir sur les Amazones, avec une nouvelle révélation fracassante ; après avoir dévoilé la vérité sur les origines de Diana, il évoque le destin des fils des Amazones, proposant ainsi un portrait cruel et nettement moins flatteur des sœurs de Diana, à des lieues des poncifs naïfs et idéalistes d'autres auteurs de la franchise. Graphiquement, Chiang fait des merveilles. Sa Wonder Woman est magnifique. Il est difficile d'en dire autant du trait d'Akins, moins harmonieux, moins équilibré, hélas.
Thomas Davier produit une traduction satisfaisante et un texte de qualité. La maquette est impeccable. L'éditeur a pensé à ajouter un résumé du tome antérieur. Certains regretteront peut-être l'absence d'une table des matières et de pagination.

Ce second volet, comme le précédent, pâtit d'une rupture graphique due au fossé existant entre Chiang et les autres. L'originalité de la relecture d'Azzarello a moins d'impact que dans le premier tome. L'ensemble est solide, à défaut d'être captivant.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Je suis allé relire mon commentaire datant de 2013 et je me suis aperçu que mon ressenti colle au tien : récit plein d'action, imaginatif, mais trop linéaire, au déroulement mécanique, manquant d'émotion.

    Avec ce deuxième tome, Azzarello continue de tirer parti du redémarrage à zéro en réinventant le personnage. La dynamique de la fuite en avant (Wonder Woman essayant désespérément de rattraper son retard dans les machinations des uns et des autres) assure un bon rythme. Les nouvelles versions des personnages (grâce aux visuels originaux de Cliff Chiang) sont originales et inventives. Azzarello parvient même à glisser un ou deux moments où Diana réagit plus en femme qu'en homme.

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    1. Oui. Je crois me souvenir que ce second tome m’avait légèrement déçu à la première lecture, lors de sa sortie. J’avais décidé de m’arrêter là. Ici, j’ai acheté tous les tomes ; je donne une deuxième chance à cette série et irai jusqu’au bout.

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