dimanche 16 septembre 2018

Geoff Johns présente Superman (tome 1) : "Le Dernier Fils" (Urban Comics ; février 2013)

"Le Dernier Fils" est le premier tome de six de la quasi-intégrale consacrée par Urban Comics aux épisodes du scénariste Geoff Johns sur le personnage de Superman entre 2013 et 2015. Il est sorti en février 2013 dans la collection "Signatures" de l'éditeur. Il contient les "Action Comics" #844-846 (décembre 2006 à février 2007), le #851 (août 2007), des extraits de l'annuel "Action Comics" #10 (d'avril 2007) et l'intégralité du #11 (de juillet 2008).
Le scénario est signé Geoff Johns et Richard Donner, réalisateur, entre autres, du film "Superman" (1978). Adam Kubert dessine et encre la série régulière et le second annuel (encrage de Stéphane Roux) ; ses planches sont mises en couleurs par Dave Stewart (et par Edgar Delgado dans l'annuel #11). Les illustrations de l'annuel #10 sont partagées entre Arthur Adams (mise en couleurs d'Alex Sinclair), Rags Morales (encrage de Mark Farmer et mise en couleurs de Delgado), Gary Frank (John Sibal et Brad Anderson), et enfin Eric Wight (mise en couleurs Lee Loughridge).

Lex Luthor, seul, avance à travers une jungle luxuriante à l'aide de sa machette. Un rictus aux lèvres, il procède, intérieurement, à l'inventaire des phénomènes qui peuvent causer la mort de Superman. Le premier qui lui vient à l'esprit est le feu solaire ; si le soleil jaune confère d'incroyables pouvoirs à Superman, le soleil rouge, après une exposition prolongée, finira par le réduire en cendres. Les journaux prétendent que Superman est invulnérable, et les partisans du Grand Bleu affirment que sa présence inspire les hommes à devenir meilleurs. Mais pour Luthor, ces exploits font rêver l'humanité plutôt que l'inspirer ; notre salut viendra de nous-mêmes, mais pas d'une créature extraterrestre. Tant que Superman répondra présent, le monde s'endormira et attendra d'être sauvé. Malgré Superman, des gens continuent à mourir de faim, à tomber malades, et les guerres ne s'arrêtent pas. Luthor a l'intention de résoudre ces problèmes dès qu'il pourra pleinement s'y consacrer. Mais pour qu'il puisse pleinement s'y consacrer, il est nécessaire qu'il tue Superman en premier lieu...

Cet album satisfaisant, qui s'adresse à un large public, procure un véritable plaisir de lecture. Le récit est cohérent, rythmé, plein de retournements de situation, et évite tout excès de linéarité. Les auteurs reviennent sur la disparition de Krypton, sur les difficultés ressenties par Clark Kent enfant du fait de ses différences avec les autres, sur ses amitiés contrariées. Aujourd'hui, à l'âge adulte, c'est la question de la famille qui s'invite sous la forme d'un visiteur inattendu. Superman, devant ce reflet de lui-même, se pose en figure paternelle. Le père, le fils... Et la mère, alors ? Lois Lane a fait son deuil d'une éventuelle maternité, les humaines ne pouvant concevoir avec des Kryptoniens ; le garçonnet fait vaciller une conviction due à un état de fait et réveille l'instinct maternel de la journaliste. Luthor est égal à lui-même, bien que le voir commettre un meurtre de sang-froid reste rare ; la présence et la popularité de Superman sont une épine dans son pied, mais d'autres visiteurs le forcent à accepter une alliance imprévue. Quant aux caractérisations de Zod et d'Ursa, Zod est un tyran, un despote, un criminel (de masse), et Ursa est froide et sadique ; fallait-il en faire en plus des parents indignes maltraitant leur enfant ? Cette lecture déroutante les rabaisse au range de racailles de faits divers. Certes, les Kryptoniens ne sont pas dépeints comme des saints, mais comme des conquérants, Superman ne devant son sens de la justice qu'à l’éducation prodiguée par les Kent. Malgré l'humour, ces épisodes manquent d'émotion ; les larmes rapides de certains protagonistes ne combleront pas ce vide. La partie graphique est une réussite. Le trait plutôt réaliste, mais spectaculaire de Kubert est structuré par un découpage entre classicisme et modernisme. La lisibilité est parfois contrariée par la disposition des cases, selon que la lecture se fait sur une page simple ou sur une double. Notons les quinze cases de l'annuel #11 du dialogue entre Superman et Luthor, un tour de force dans lequel Kubert multiplie les expressions des visages des deux personnages. 
La traduction a été réalisée par Thomas Davier. Dans l'absolu, elle est correcte. Hélas ; il y a là une faute d'accord, une de genre, et une de mode. Espérons que le tir sera corrigé lors d'une édition suivante. La pagination est indiquée sporadiquement.

"Le Dernier Fils" revient sur les origines et l'enfance de Superman, ses ennemis, et plusieurs éléments du folklore kryptonien, dont Mon-El, la chute de Krypton, et la Zone fantôme. Un petit bonheur de lecture, avec une partie graphique très aboutie.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

4 commentaires:

  1. J'avais aussi bien aimé cette histoire, attribuant également un 4 étoiles. J'avais bien aimé les touches d'humour, avec un coup de cœur pour Metallo faisant la démonstration de toutes les sortes de kryptonites dont il dispose. La mise en abyme de la parentalité, Superman devant à son tour élevé un enfant doté de superpouvoirs (après Ma & Pa Kent) était savoureuse et bien mise en perspective. C'était aussi amusant de voir Richard Donner donner une suite à ses films.

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    1. Ce sont de très beaux épisodes, et lire un peu de "Supes" fait du bien. Luthor y est en forme olympique. Sur les six tomes de cette série, je n'en ai lu que trois. J'ai hâte d'arriver à la suite.

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    2. Le tome 4 est pétri de continuité de la Légion des SuperHéros et peut représenter un défi pour un lecteur de passage, ou qui ne porte aucun intérêt à cette équipe de superhéros du 30ème siècle.

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    3. Je me souviens que nous en avions déjà parlé.
      À l'époque de sa sortie, j'avais commencé la lecture de ce tome, sans parvenir à entrer dans l'intrigue ; la foultitude de personnages m'avait surpris.

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