samedi 15 septembre 2018

Thorgal (tome 23) : "La Cage" (Le Lombard ; novembre 1997)

"La Cage" est le vingt-troisième volume de "Thorgal". Il est sorti chez Le Lombard en novembre 1997. C'est le sixième et dernier recueil du "Cycle de Shaïgan-sans-Merci" (le plus long).
L'histoire est de Jean Van Hamme, qui reste le scénariste de la série jusqu'en 2007, date à laquelle il se retire. Couverture, dessins et encrage sont réalisés par Grzegorz Rosiński, qui a annoncé quitter le titre en août 2018. La mise en couleurs est signée Graza Kasprzak. L'album compte quarante-six planches.

À l'issue du tome précédent, Thorgal ramène l'anneau Draupnir à Frigg, qui lui rend donc la mémoire. Accompagné par Galathorn, il parvient à échapper aux griffes de Kriss de Valnor.
Brek Zarith, la forteresse. Thorgal, le vague à l'âme, laisse son regard vagabonder par la fenêtre. Sur le lit, lascive, allongée sur le flanc, la princesse Syrane, la sœur de Galathorn, lui déclare qu'il l'ennuie et lui reproche de vouloir déjà partir. Leur compagnie lui déplaît-elle donc tant ? Thorgal répond qu'il est reconnaissant à son frère de l'avoir accueilli ; cela lui a permis de reprendre des forces. Mais il a maintenant hâte de rejoindre sa famille. Syrane le raille : allons, sur cette petite île ? Et puis, après ces deux ou trois années passées en couple avec Kriss de Valnor, il est probable qu'Aaricia ait refait sa vie, car aucune femme, quelle que soit son origine sociale, ne peut survivre seule dans ce monde d'hommes. Mais Thorgal a confiance en Aaricia ; et puis, il y a les enfants. La princesse s'amuse : s'agit-il des enfants que Thorgal n'a pas hésité a abandonner pour les protéger d'une prétendue malédiction divine ? Excédé, le Viking met fin aux persiflages de sa pulpeuse interlocutrice. Thorgal avoue qu'il a commis de nombreuses erreurs ; il n'aura sans doute pas assez de temps pour les réparer. Syrane se love dans ses bras ; elle n'a que faire de ces remords et souhaite que Thorgal songe au présent et à l'avenir. Mais l'Enfant des étoiles a déjà arrêté sa décision... 

Après avoir causé la chute de Shardar-le-Puissant, Thorgal retombe dans les intrigues de palais de Brek Zarith, et il manque de perdre la tête à la suite d'une tentative de vengeance de la part d'une amoureuse éconduite (encore une), qui n'est autre que la sœur de Galathorn (une nouvelle protagoniste), qui semble être éprise de notre héros ; peut-être est-ce par ennui ? Quant à Aaricia, elle essaiera tout pour retrouver Thorgal et lui faire quitter l'existence de Shaïgan-sans-Merci. La jeune femme est prête à pactiser avec des personnes bien peu recommandables ; Van Hamme met en scène une coterie de pirates tous plus crasseux, cruels et lâches les uns que les autres. L'épouse de l'Enfant des étoiles ne devra le salut qu'à l'intervention de son fils, Jolan, qui gagne en assurance au fur et à mesure qu'il apprend à utiliser et à maîtriser ses pouvoirs. Tout cela va se terminer sur l'île, dans un affrontement avec embuscades qui n'est pas sans rappeler "La Galère noire". Évidemment, c'est Aaricia qui est la véritable héroïne de cet album. Il semblerait a priori que les dieux aient après tout renoncé à empêcher ses retrouvailles avec son époux le temps d'un instant (voir planche 22). En revanche, bien que les retrouvailles entre père et fils soient pleines de joie, celles entre mari et femme sont d'abord empreintes de la méfiance de la seconde. Aussi farouche et inflexible que belle, elle laisse finalement le pardon gagner son cœur lorsque le Viking montre la détermination froide et implacable avec laquelle il protège sa famille, dans un dénouement qui fera penser à celui de "La Chute de Brek Zarith". La conclusion met en scène une famille élargie qui reprend la mer pour fuir les hommes, encore une fois. Si "La Cage" est une succès indéniable, le lecteur, à l'issue de ce cycle, pourra néanmoins s'interroger sur sa pertinence, puisqu'il ne semble pas avoir de conséquences durables apparentes (à l'exception du destin du Jolan adulte), en tout cas pas pour le moment (l'auteur y reviendra). Le trait de Rosiński vient parachever la réussite de l'ensemble. En moyenne, l'artiste produit entre sept et neuf dans un découpage classique. La lisibilité de l'action est parfaite. La variété des paysages, du temps, des moments du jour ou de la nuit permettent au dessinateur de puiser dans toute l'étendue de son talent. Hélas, la mise en couleurs manque de contraste.

Van Hamme clôt le cycle de "Shaïgan-sans-Merci" de façon satisfaisante ; malgré quelques idées qui évoquent le recyclage, "La Cage" est un très bon album, rondement mené, rythmé, équilibré, qui comprend son lot d'action, de surprises, et d'émotions.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz
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8 commentaires:

  1. Sa pertinence (il ne semble pas avoir de conséquences durables apparentes) : cette remarque m'a décontenancé, car autant je perçois bien les conséquences durables comme une attente implicite lors de la lecture d'un crossover de superhéros, autant cette attente me semble moins évidente pour une série franco-belge, en particulier des séries comme Tintin, Astérix ou Lucky Luke. Mais peut-être que je compare des choux et des carottes...

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    1. Cette réflexion est due à une discussion que j'avais eue dans le passé au sujet des grands événements de DC Comics, notamment. Un autre amateur avançait que les grandes "Crises" étaient souvent dénuées de conséquences durables, et à l'issue de la lecture de ce cycle, je me suis dit que ces six tomes n'accouchaient finalement de pas grand-chose ; en tout cas, pas dans l'immédiat.

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    2. Autant les conséquences des crossovers Marvel sont de plus en plus minimes, autant celles des grandes Crises DC laissent des traces, à commencer par Crisis on infinite Earths un redémarrage quasi total de l'univers. New 52 a procédé également à une remise à zéro totale et l'opération Rebirth a redistribué plusieurs cartes majeures.

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  2. Anonyme09 mai

    vengeance de la part d'une amoureuse éconduite...Thorgal l'a un peu cherché. La jolie demoiselle a le plus beau décolleté de la série, elle avait fait l'effort de se déplacer pour lui après un copieux banquet en son honneur mais il n'a pas vraiment mis les formes pour l'éconduire non ?

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    1. C’est vrai que Syrane est particulièrement pulpeuse.
      Après, Thorgal reste Thorgal ; un véritable aimant à ennuis dont le sang reste un peu trop froid lorsqu’il les traite.

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  3. Anonyme10 mai

    "Aimant à ennuis" c'est clair !! Il sortait à peine des griffes de Kriss, une autre fille de caractère, et il s'arrange pour se moquer de la sœur d'un ami chez qui il se reposait. "Noble princesse" on a l'impression qu'il se moque d'elle, je me demande ce qu'il a bien voulu dire par là et ce que la pulpeuse Syrane a pensé de lui sur le moment ?!?
    Mais enfin Aaricia est aussi très capable d'attirer les ennuis tout au long de la série donc c'est un couple équilibré au moins :)

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    1. De toute façon, à partir d'un certain moment dans la série, le lecteur ne cherche plus forcément à comprendre la raison derrière les actes de Thorgal - parce que parfois, on se demande s'il ne cherche pas clairement ce qui lui arrive - et s'intéresse plus au développement des autres membres de la famille, surtout les deux enfants.

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  4. Anonyme10 mai

    Ah oui c'est possible, on voit bien dès le début de la série dans la Galère Noire que Thorgal s'ennuie quand tout est trop calme. Déjà à l'époque, il ne savait pas rester longtemps à table..

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