"Un deuil dans la famille" est un album cartonné d'à peu près deux cent soixante-dix pages paru dans la collection DC Essentiels d'Urban Comics en avril 2013. Il comprend deux arcs : "Un deuil dans la famille" ("A Death in the Family"), composé des "Batman" #426 à 429 (décembre 1988 à janvier 1989), et "Les Morts et les vivants" ("A Lonely Place of Dying"), qui contient les "Batman" #440 à 442 (octobre à décembre 1989) et les "New Teen Titans" #60 et 61 (novembre et décembre 1989). L'éditeur a ajouté un extrait bonus en rapport avec les deux arcs : "Legends of the Dark Knight" #100 (novembre 1997). "Un deuil dans la famille" avait déjà été publié par SEMIC en 2003, mais sans le second arc.
"Un deuil dans la famille" est écrit par Jim Starlin, illustré par Jim Aparo (1932-2005), encré par Mike DeCarlo et mis en couleurs par Adrienne Roy (1953-2010). Marv Wolfman et George Pérez cosignent le scénario des "Morts et les vivants" ; Aparo en dessine les "Batman" avec DeCarlo et Roy, et Pérez les "New Teen Titans" (le Canadien Tom Grummett participe au #61 ), avec Bob McLeod à l'encrage et Roy à la mise en couleurs. "Legends of the Dark Knight" #100 est écrit par James Robinson, dessiné, encré par Lee Weeks, puis mis en couleurs par Lovern Kindzierski.
"Un deuil dans la famille" est écrit par Jim Starlin, illustré par Jim Aparo (1932-2005), encré par Mike DeCarlo et mis en couleurs par Adrienne Roy (1953-2010). Marv Wolfman et George Pérez cosignent le scénario des "Morts et les vivants" ; Aparo en dessine les "Batman" avec DeCarlo et Roy, et Pérez les "New Teen Titans" (le Canadien Tom Grummett participe au #61 ), avec Bob McLeod à l'encrage et Roy à la mise en couleurs. "Legends of the Dark Knight" #100 est écrit par James Robinson, dessiné, encré par Lee Weeks, puis mis en couleurs par Lovern Kindzierski.
Batman et Robin (Jason Todd) surveillent des pornographes pédophiles réunis dans un hangar. Les justiciers se cachent sur une mezzanine encombrée de caisses et attendent la police. Robin est pressé d'en découdre. Lorsque Batman lui demande ce qu'il a, le jeune prodige lui rétorque qu'il fait ce pour quoi il a été entraîné, et saute au milieu d'une bonne demi-douzaine de malfrats, dont certains armés d'un pistolet automatique. Batman aurait dû se douter que cela allait arriver, car Jason avait un étrange comportement, récemment : déprimé, nerveux, et imprudent. Il se déchaîne et cogne, sans voir un gangster qui le met en joue. Batman tombe sur le malfaiteur et son complice, bons pour les soins intensifs. Il en neutralise deux autres, et envoie le dernier à Robin, qui lui assène un coup de grâce retentissant, exprimant ainsi un besoin bien trop longtemps contenu de se défouler...
Voici deux arcs majeurs (la préface de Dennis O'Neil est humble et intéressante). Malgré une démarche que d'aucuns qualifieront d'outrancièrement commerciale, "Un deuil dans la famille" reste un récit fort, dans lequel l'acolyte d'un super-héros iconique connaît un destin brutal et tragique. La question est posée sans ambages : Batman a-t-il besoin d'un adolescent masqué qui caracole à ses côtés ? Starlin conçoit un scénario linéaire, mais qui regorge de surprises, au contenu dramatique et spectaculaire, célèbre pour une fin folle et grand-guignol dans laquelle le Joker devient ambassadeur de l'Iran à l'ONU. Les auteurs associent ainsi le pire psychopathe de DC à un régime qui est, déjà, une épine dans le pied des USA. Ils présentent le Liban comme un nid à djihadistes (les attentats de Beyrouth ne sont pas loin) ; Batman et Robin y démontent du terroriste à l'envi, offrant au lecteur américain le fantasme d'une revanche illusoire. Malgré sa beauté classique, le style d'Aparo est plutôt daté (la couleur n'aide en rien). Il reste dynamique et racé (même si Wayne et Superman ont un visage identique), mais le trait retranscrit davantage l'action et le mouvement que l'émoi. Les détracteurs pourront toujours gloser sur l'artifice de l'appel au public pour sceller le destin d'un personnage, mais Batman n'opérera pas longtemps seul. "Les Morts et les vivants" est un arc sombre et spectaculaire ; il montre un Batman sur la brèche, qui affiche des tendances presque suicidaires après la mort de Jason Todd. Ce sont les origines de Tim Drake, qui deviendra Robin III, puis Red Robin. Après la gouaille de Richard Grayson et l'esprit rebelle de Jason Todd, Drake semble trop lisse. Cela n'empêche pas qu'il dispose de sa personnalité propre et que ses capacités de détective dépassent déjà celles de ses prédécesseurs. Le parallèle narratif et graphique entre les soliloques de Batman et de Double-Face est captivant. Le style de Pérez n'est pas encore arrivé à maturité, mais l'artiste produit un travail soigné, bien que beaucoup de vignettes soient très peu détaillées.
La traduction d'Alex Nikolavitch est plutôt satisfaisante ; deux fautes de conjugaison sont néanmoins à relever. L'éditeur, bien que cette démarche d'album conceptuel ait du sens, aurait tout aussi bien pu sortir les deux arcs en autant d'albums séparés.
La traduction d'Alex Nikolavitch est plutôt satisfaisante ; deux fautes de conjugaison sont néanmoins à relever. L'éditeur, bien que cette démarche d'album conceptuel ait du sens, aurait tout aussi bien pu sortir les deux arcs en autant d'albums séparés.
"Un deuil dans la famille" et "Les Morts et les vivants" sont la preuve par deux que Batman a besoin de Robin, un acolyte dont la mission est d'empêcher le justicier de sombrer dans une solitude sans retour. Visuellement daté, mais en vérité, captivant.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
Une opération commerciale : pour avoir lu cette histoire à sa sortie en VO mensuellement, c'était un effectivement accompagné par des outils marketing (de l'époque), comme un récit avec un début et une fin (une sorte de minisérie dans la série, ce qui était inhébituel à l'époque) avec des couvertures qui sortaient de l'ordinaire. Il était visible que l'objectif assigné à Starlin était de rendre les histoires plus adultes pour s'aligner sur Dark Knight Returns et profiter de son succès commercial. Je serais peut-être un peu moins dur que toi sur les dessins de Jim Aparo. Il reste effectivement quelques tics de comics pour la jeunesse, par exemple la manière dont Batman enlève le masque de son déguisement. J'ai l'impression que ce sont les couleurs d'Adrienne Roy (comme tu le fais observer) qui n'ont pas du tout suivi, restant beaucoup trop vives et gaies par rapport au récit.
RépondreSupprimerPour un lecteur de l'époque, il n'était pas si difficile que ça d'accepter l'arrivée d'un nouveau Robin. Comme tu le notes, Batman se comportait de plus en plus comme un individu dépressif, se rapprochant beaucoup du comportement de Frank Castle tel qu'il était écrit à l'époque. En coulisse, Dennis O'Neill (le responsable éditorial des titres Batman) racontera plus tard qu'il avait aussi la pression de la branche marketing pour que Robin (présents sur de nombreux produits dérivés) continue à apparaître dans les comics. Avec le recul, je reste très impressionné par le travail de construction de Marv Wolfman sur le personnage de Tim Drake qu'il a réussi à rendre 100% légitime en très peu d'épisodes.
Ces pages dessinées par Aparo me font m'interroger sur la longévité d'Aparo en tant qu'artiste ; ça me rappelle les premiers numéro de "Knightfall", qui allait être écrit quatre à cinq ans plus tard. J'adore Aparo, mais pour moi, son style est ancré dans l'Âge de bronze.
SupprimerC'est une question que je ne m'étais jamais posée ; du coup je suis allé voir sur wikipedia. Jim Aparo a travaillé de manière régulière comme dessinateur de comics de 1952 à 1992. Effectivement si on retient la période 1970-1985 comme étant l'âge de bronze des comics, il en a fait partie, et même de l'âge d'argent (1956-1970). Je ne m'étais jamais rendu compte de sa période de travail et qu'il avait commencé pendant l'âge d'or. Avec le recul, il s'est plutôt bien adapté au fil des décennies.
SupprimerQuarante ans de métier qui couvrent trois périodes. Une longévité impressionnante...
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