lundi 31 décembre 2018

Ed Brubaker présente Catwoman (tome 3) : "Sans répit" (Urban Comics ; mai 2013)

"Sans répit", sorti dans la collection DC Signatures d'Urban Comics en mai 2013, est le troisième des quatre tomes que l'éditeur consacre à la quasi-intégrale de la période d'Ed Brubaker sur Catwoman. Cet album cartonné de près de cent quatre-vingt-dix planches comprend un extrait du "Catwoman Secret Files" #1 ("Proper Planning", soit "Une préparation minutieuse") de novembre 2002, et les "Catwoman" #12-19 (de décembre 2002 à juillet 2003). 
Brubaker écrit les scénarios. Cameron Stewart dessine et encre l'extrait et les #12-16 (le #14 est encré par Mike Manley), Javier Pulido les #17-19. Matt Hollingsworth réalise les mises en couleurs.

À l'issue du tome précédent, Catwoman aide une amie d'enfance, Rebecca Robinson, à s'évader et à fuir à l'étranger. Plus tard, Batman lui exprime son désaccord, mais il décide de laisser passer.
Une nuit, à Gotham City. Black Mask, debout sur le balcon de son appartement de luxe, observe la ville. Posé sur la table de la terrasse, un exemplaire de la Gotham Cazette évoque la corruption au sein de la police à la une. En pleine introspection, le criminel revient sur sa conquête de l'East End, un quartier mal famé de Gotham City. Pour parvenir à ce résultat, il aura passé du temps en préparatifs, et il aura fait couler beaucoup de sang. Il ne laissera personne saboter son œuvre. Pas même Catwoman ; ou en tout cas, pas sans qu'elle n'en paye le prix. Catwoman a révélé l'existence d'un réseau au service de Black Mask, le privant ainsi de ses connexions avec la police de l'East End. Elle a détruit de la drogue qui lui appartenait et lui a volé des diamants. Et le registre qui établissait la liste des agents travaillant pour lui est introuvable. Oui, l'heure de la féline approche... Il est tiré de ses réflexions par son bras droit, Xavier Dylan, un homme à l'allure de cadre supérieur d'une grande entreprise. Dylan lui tend une enveloppe, et lui affirme qu'il a les informations qu'il désirait. Lorsque son patron demande si tout est vrai et s'il ne s'agit pas de ragots répétés par des détenus, il l'assure "qu'elle" est parfaite...

Il sera d'abord utile de lire "Dans les bas-fonds". Ce troisième tome se parcourt d'une traite. Il contient deux arcs qui se confondent, mais aux propos différents. Dans le premier, Catwoman subit la colère et la violence de Black Mask. Au début, tout semble lui réussir ; la construction du centre social, la réapparition de son amie Sylvia Sinclair (un sosie de Veronica Lake), et le retour de sa sœur Maggie dans sa vie. Black Mask transformera cela en cauchemar jusqu'à un point de non-retour. Dans le second, Selina doit apprendre à vivre avec les séquelles de l'affrontement, plus psychiques que physiques. Elle cherche le réconfort dans l'alcool et dans les bras de Slam, Holly lutte pour ne pas replonger dans la drogue, et Maggie a subi un traumatisme psychologique dont elle a peu de chances d'émerger. Le scénario, solide, est riche en retournements de situations. Brubaker parvient à mener son action tambour battant dans la première partie et à instaurer un climat de déprime plus intimiste dans la seconde. Les seconds rôles (Slam, Black Mask, Sylvia Sinclair, Holly, Karon) sont utilisés à la perfection. Surtout, il extirpe le personnage de Catwoman de son carcan d'anti-héroïne femme fatale qui aime les gros cailloux et fait joujou au chat et à la souris avec Batman. L'auteur pousse Catwoman brusquement dans un bouillon où mijotent des psychopathes profondément atteints tels que Black Mask et dont brutalité, violence, torture, drogues, souffrances physique et mentale sont les principaux ingrédients. Ici, les coups font mal et laissent des traces. Le travail de Stewart, proche de l'esprit du dessin animé, se marie à merveille à l'univers de Catwoman. Le sens du découpage de l'artiste est remarquable. Certaines compositions sont saisissantes (cf. les illustrations de Gotham City). Pulido propose un trait épuré, apparenté à un certain style de franco-belge indépendante, qui pourra être qualifié de féminin et qui évoque les ombres chinoises. Il y a une réelle rupture visuelle entre les deux, qui est vite oubliée, vu le talent déployé de part et d'autre.
Thomas Davier signe la traduction. Il fait un travail honorable, mais le texte, hélas, souffre de trois fautes (une d'accord, deux de conjugaison). L'éditeur présente les principaux protagonistes en introduction ainsi que la frise chronologique habituelle.

"Sans répit" est une réussite qui confirme le niveau élevé de qualité de cette série, très satisfaisante jusqu'ici. Brubaker métamorphose le personnage et son univers, en les encrant profondément dans une atmosphère de roman noir urbain et violent. 

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Black Mask est un personnage à côté duquel je suis complètement passé, me retrouvant à chaque fois décontenancé par l'importance qu'il peut avoir aux yeux de Batman, Gordon ou Catwoman quand il fait une courte apparition.

    Autant j'aime bien Cameron Stewart (je viens de lire De l'autre côté, de Jason Aaron, une très bonne lecture), autant j'ai parfois du mal avec Javier Pulido avec ses dessins à l'apparence un peu naïve.

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    1. Je n'ai pas d'autre moyen que de répondre à ce message afin de te présenter mes vœux.
      Je te souhaite donc une bonne année et une santé de fer ; en espérant que tu découvriras des œuvres qui te raviront et que tu continueras à partager tes avis par le biais de ton blog.
      À très bientôt !

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  2. À mon tour de te présenter mes meilleurs vœux pour 2019 : une bonne santé, la réussite de tes projets, de bonnes lectures… Au plaisir de te lire.

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