"Vargr" est le premier volume de la nouvelle série consacrée à James Bond. En VO, "James Bond" est un mensuel publié chez Dynamite Entertainement depuis novembre 2015 sous licence Ian Fleming Publications. Delcourt a récupéré les droits pour la VF. Le premier tome est un album à couverture cartonnée (au format 18,9 × 28,3 cm), sorti en France en octobre 2016 dans la collection Contrebande de l'éditeur. Il compte cent trente planches. Il comprend le premier arc du titre, "Vargr", composé des six premiers numéros, les #1 à 6 (de novembre 2015 à avril 2016).
Le scénario a été écrit par Warren Ellis ; le Britannique est connu pour "Transmetropolitan", "Planetary", "The Authority", ou "Iron Man Extremis", entre autres. Les illustrations, l'encrage et la mise en couleurs ont été réalisés par Jason Masters, qui a œuvré chez DC Comics, sur certains titres de la franchise Batman.
Le scénario a été écrit par Warren Ellis ; le Britannique est connu pour "Transmetropolitan", "Planetary", "The Authority", ou "Iron Man Extremis", entre autres. Les illustrations, l'encrage et la mise en couleurs ont été réalisés par Jason Masters, qui a œuvré chez DC Comics, sur certains titres de la franchise Batman.
Helsinki, par une nuit neigeuse. Sous les halos de lumière des lampadaires, un homme remonte une avenue déserte en courant, longeant les rails du tramway d'un côté, et une station-service Neste Oil de l'autre. Il a le crâne rasé et porte la barbe. Des piercings ornent sa lèvre inférieure et ses oreilles et ses tempes, et son front et son cou sont décorés de tatouages. Il est vêtu d'habits pratiques. Il saute par dessus le capot d'une voiture et continue sa fuite vers un chantier vide. Méfiant, il regarde après lui. Il se dissimule derrière un empilement de poutrelles d'acier, et attend, un pistolet automatique à la main. Il vise une cible, mais un projectile ricochant sur son abri le force à sortir de sa planque en tiraillant au hasard. Il ne peut apercevoir qu'une silhouette fantomatique qui plonge dans l'ombre d'une bétonnière portée avec rapidité. Il regarde autour de lui avec inquiétude et scrute les alentours. Soudain, un parpaing lancé de l'échafaudage lui fracasse le dos. Mais il parvient à garder son arme en main, se relève et s'éloigne en claudiquant et en se tenant les reins jusqu'à un pylône au pied duquel sont plantées deux pelles. Il en saisit une et frappe derrière lui, ratant son assaillant de peu...
Dynamite Entertainement a récupéré les droits de la franchise James Bond en octobre 2014. Ici, oubliez les films. Le Bond d'Ellis est se veut fidèle à l'esprit de la création de Ian Fleming (1908-1964). L'agent 007 retrouve ses cheveux noirs et sa cicatrice. Il est toujours tiré à quatre épingles, fume (dans la bande dessinée d'aujourd'hui, cela se raréfie), est charmeur, arbore un sourire narquois en quasi-permanence, et ne rechigne pas à lâcher des blagues xénophobes (là, sur les Finlandais). Son amour de l'alcool et (surtout) de la bonne chère ne transparaît pas pleinement. Le scénario n'est pas particulièrement captivant, et repose surtout sur des oppositions de personnalités et l'aspect mystérieux des adversaires de Bond ; le niveau de suspense est peu élevé et le pot aux roses est rapidement dévoilé. Néanmoins, l'auteur a suffisamment de métier pour mener sa barque, d'autant qu'il parsème son intrigue linéaire de scènes-chocs. Car le premier arc de cette nouvelle série est violent. L'agent y dessoude à une cadence rythmée ; il reçoit de Q des balles fragmentées qui causent de terribles dégâts, et en use et en abuse dans des scènes souvent muettes, sans texte, dans lesquelles Ellis fait parler la poudre et où les criminels tombent comme dans un jeu vidéo. Les dialogues sont plutôt réussis. Moneypenny, M, et Q sont présents, et ont tous une relation légèrement pimentée avec Bond, ce qui donne lieu à des échanges teintés d'humour. Graphiquement, Masters propose un trait au réalisme soigné, mais qui est froid et qui semble figé ; c'est vrai non seulement dans les moments où la narration est lente et avec peu de mouvement, mais aussi dans celles où il y a beaucoup d'action. L'artiste opte la plupart du temps pour un quadrillage classique ; il présente un découpage plus original lors de certaines scènes-clés. Les fonds de case et les décors sont traités avec minutie, mais sont particulièrement sobres, épurés, délimités par des contours nets, presque chirurgicaux ; cela pourra laisser une curieuse sensation de vide au lecteur.
La traduction de Philippe Touboul est impeccable, et le texte a été soigné : ni faute ni coquille, ce qui est devenu assez rare pour être souligné. Étrangement, les couvertures des numéros VO figurent à la fin de chaque épisode, plutôt qu'au début.
"Vargr" - malgré une intrigue ténue dans laquelle l'adversaire de Bond surprendra par le manque de démesure de son ambition et une partie graphique où les scènes semblent figées - se lit avec un certain plaisir et donne l'envie de découvrir la suite.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
C'est en lisant ton commentaire que je prends conscience que j'ai d'abord lu cette histoire comme un récit de Warren Ellis, avant de la concevoir comme une aventure de James Bond. Néanmoins, il a respecté plusieurs caractéristiques du personnage, et même des films : la dégustation d'un verre de whisky Pappy van Winkle de 20 ans d'âge pour le premier, une séquence d'ouverture toute en action pour les seconds.
RépondreSupprimerComme toi, les dessins de Jason Masters me donnent une impression assez aseptisée, tout en étant consistants, et sachant raconter l'histoire de manière efficace et claire dans les séquences muettes, avec une utilisation de l'infographie intéressante pour les dégâts occasionnés par les projectiles intrusifs.
Warren Ellis a bien dosé ses ingrédients : un soupçon de géopolitique, un criminel avec des visées qui provoquent de nombreuses pertes en vie humaine, des séquences d'action bien conçue, des actions dans différents endroits du globes. Le tout constitue un bon thriller, rapide et efficace, en conservant une dimension humaine et réaliste aux séquences d'action. Je rejoins ton avis sur le fait que l'intrigue aurait pu être plus ambitieuse.
J'avais oublié ce verre de whisky ; je vais corriger mon article et le commentaire sur l'alcool.
SupprimerJ'ai retrouvé dans le second tome les défauts du premier, bien que je trouve l'intrigue plus intéressante, et l'adversaire plus charismatique.