dimanche 2 décembre 2018

"X-Men" : L'Intégrale 1963-1964 (Panini Comics ; septembre 2006)

Le dixième tome de l'intégrale consacrée aux X-Men par Panini Comics est sorti en septembre 2006. Cet épais recueil cartonné avec jaquette amovible compile tous les bimestriels "X-Men", du #1 de septembre 1963 au #8 de novembre 1964. Il compte huit récits, pour un total de près de cent quatre-vingt-cinq planches.
La série (originelle) "X-Men" est créée en septembre 1963 par Stan Lee (1922-2018) et Jack Kirby (1917-1994). Ce sera un échec commercial ; le titre est arrêté au #66 de mars 1970. Les #12 (de juillet 1965) à 45 (juin 1968) sont néanmoins réédités entre décembre 1970 et avril 1975, sous une nouvelle numérotation allant du #67 (décembre 1970) au 93 (avril 1975). En 1975, Len Wein et Dave Cockrum (1943-2006) lancent les "Uncanny X-Men".
Lee écrit les scénarios. Kirby signe les illustrations. L'encrage est partagé entre Paul Reinman (1910-1988), qui réalise les cinq premiers chapitres, et Chic Stone (1923-2000), qui se charge des trois derniers. Tous deux comptèrent parmi les collaborateurs habituels de Kirby. Il n'y a pas de crédit pour la mise en couleur.

État de New York, comté de Westchester, dans une école privée. Le professeur Xavier, assis dans un fauteuil, est en pleine introspection. Sa méditation touchant à sa fin, il convoque par la pensée les X-Men à un cours, les informant que tout retard sera puni. Aussitôt, quatre jeunes hommes costumés accourent : Cyclope, affublé d'une étrange visière, Angel, qui vole grâce à de véritables ailes, Iceberg, qui semble constitué de glace, et le Fauve, athlète costaud qui combine la force et l'agilité d'un grand singe. Pendant que Xavier reste impassible et marmoréen, Cyclope et Angel s'affairent autour de lui, inclinent son fauteuil pour qu'il soit bien installé, et ajustent la couverture sur ces jambes. Iceberg, lui, taquine le Fauve ; alors que le ton commence à monter entre eux, Angel s'interpose, donnant à Xavier la possibilité de débuter le cours. Il les félicite de capter ses pensées aussi facilement, et lance la séance d'entraînement...

Voici les tout premiers épisodes des X-Men version 1.0. Chacun compte une vingtaine de planches. Un pan considérable de leur mythologie est créé dans ces premiers récits. Les uniformes et la Salle des Dangers sont présents dès la première page. Le professeur Xavier est déjà en fauteuil roulant. Jean Grey rejoint l'équipe au milieu du premier numéro, Cerebro apparaît dans le septième. Avec Jean, les rivalités infantiles au sein du groupe prennent une dimension différente, d'autant que Xavier lui-même cède à son charme (ses sentiments ne seront pas exploités davantage) ; chacun souhaite s'attirer ses faveurs, mais "Slim" Summers (il n'est pas encore prénommé Scott ; ce ne sera le cas qu'à partir du troisième numéro) s'impose. Au menu, Magneto, rejoint par la Confrérie des mauvais mutants (le Crapaud, Vif-Argent, la Sorcière rouge et le Cerveau), est le premier adversaire qui leur est opposé. Il sera suivi du Fantôme, puis du Colosse, et enfin d'Unus, un faux super-vilain qui évoluera en second couteau. Les scénarios, très linéaires, proposent surtout un condensé d'action. Ne cherchons aucune profondeur, aucun message, même si le péril mutant est cependant évoqué au gré des pages. L'ensemble est néanmoins très manichéen et naïf, et les dialogues consistent en des joutes verbales caricaturales ou infantiles. Kirby, à l'époque, approche tout doucement les cinquante ans. L'énergie de son trait est bien présente, le mouvement aussi, et il s'en sert pour masquer des fonds de cases vides par des explosions, étincelles, ou onomatopées géantes. La régularité de son découpage est surprenante : l'artiste produit entre cinq et sept cases par planche, rarement plus, et utilise la présentation en gaufrier. Ses vignettes sont invariablement ventilées sur trois bandes de même hauteur. Il est toujours étonnant de voir à quel point il plie son art aux exigences de la production ; une première page soignée, et les suivantes moins détaillées. Enfin, il est étrange que Panini Comics ait attendu si longtemps avant de produire ces histoires en intégrale.
La traduction a été répartie entre Françoise Effosse-Roche et Khaled Tadil. Ils livrent un travail banal sans effort sur le texte, dans la lignée des traductions Panini Comics, hélas. Côté maquette, les couvertures originales figurent en fin de recueil.

C'est dans ces pages qu'est développée la mythologie des X-Men. Mais les premiers épisodes de la franchise ne laissent en rien présager un avenir radieux. Le matériau est rudimentaire et l'argument de la valeur documentaire convaincra difficilement.

Mon verdict : ★★☆☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. J'ai dû lire ces épisodes dans le magazine Spidey publié par Lug. Je me souviens bien du décalage que tu évoques entre ces premières aventures et les épisodes auquel on pouvait avoir accès dans les années 1980 en VF. Pour moi, ça s'était produit avec les premiers épisode des Quatre Fantastiques. C'était difficile de réconcilier ces dessins à l'apparence moins réalistes avec les visuels plus flamboyants de la fin des années 1970. Par contre, je suis maintenant plus sensible à l'argument de la valeur documentaire, ne serait-ce que pour les dessins de Kirby. C'est impressionnant de voir à quel point un dessinateur comme Sal Buscema ou Ron Frenz ont singé les postures de ses personnages ou les trucs et astuces pour masquer des fonds de case vide.

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    1. J’aurais beaucoup aimé lire l’integrale des Quatre Fantastiques. Introuvable à prix décent, hélas... En tout cas les tomes intermédiaires.
      Si jamais tu as un tuyau...

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  2. Mon seul tuyau est de passer à la VO ; je n'en ai pas d'autres.

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