dimanche 10 février 2019

"La Splendeur du Pingouin" (Urban Comics ; juillet 2013)

"La Splendeur du Pingouin" est un album cartonné d'un peu moins de cent quarante planches (sans compter les bonus), sorti en juillet 2013 dans la collection "DC Nemesis" d'Urban Comics ; celle-ci propose des récits dont les super-criminels de l'univers DC Comics sont les personnages principaux. Il comprend la mini-série éponyme, "Pain and Prejudice" en VO (décembre 2011 à avril 2012), "Les Origines du Pingouin", ("The Origin of the Penguin" en VO), un extrait du "Countdown" #29 (octobre 2007), et enfin "Rira bien..." - "Joker's Asylum: Penguin" en VO (septembre 2008).
Le scénario de "La Splendeur du Pingouin" est signé par Gregg Hurwitz, un auteur de thrillers dont plusieurs ont déjà été traduits en français ; le Polonais Szymon Kudrański se charge des illustrations et de l'encrage, et John Kalisz, de la mise en couleurs. Scott Beatty (texte) et Scott McDaniel (dessins) réalisent "Les Origines du Pingouin". "Rira bien..." a pour auteur Jason Aaron, et pour artistes, Jason Pearson et Dave McCaig à la mise en couleur.

Le passé. Madame Cobblepot vient d'accoucher. La sage-femme qui tient le nouveau-né est gênée ; elle ne sait que dire, elle bafouille. Madame Cobblepot tend les bras vers elle pour prendre son fils, Oswald Chesterfield, ce beau garçon. Entre alors Monsieur Cobblepot. Le gynécologue souhaite s'entretenir en privé avec lui avant qu'il n'embrasse l'enfant à son tour. Mais le père refuse de prêter attention aux propos du médecin, qui ne sont que sottises. En découvrant le visage du nouveau-né, il ne peut cependant réprimer un sentiment de dégoût, et laisse littéralement tomber son rejeton. Un peu de temps a passé. Oswald grandit avec la tendresse de sa mère, qui lui répète à quel point il est beau. Le petit devient progressivement une source de conflit entre ses parents. Son père refuse que l'enfant continue à dormir dans le lit avec lui et son épouse ; celle-ci lui explique que les bébés ont besoin de contact, qu'Oswald se sent en sécurité auprès d'elle, qu'il aime la regarder. Cobblepot étreint alors sa femme. Si Oswald aime tant regarder, eh bien qu'il regarde ça...

Hurwitz redéfinit ici les origines du super-criminel en y apportant quelques modifications et compléments. Oswald Chesterfield Cobblepot devient ainsi le dernier rejeton d'une famille nombreuse (une nouveauté) et fortunée. Son père le repousse viscéralement et ses trois frères le molestent, tandis que sa mère fait montre de beaucoup de tendresse à son égard, nourrissant (sans le savoir ?) une forme de complexe d'Œdipe mêlé à un sentiment de gratitude éternelle. En revenant sur les traumatismes de l'enfance du criminel, l'auteur dépeint l'itinéraire d'un garçon différent qui survivra à ses souffrances en tentant d'en éliminer systématiquement les sources. Cobblepot est un homme assoiffé de respect, fou de manque d'amour. Aujourd'hui un malfaiteur puissant, cet être paranoïaque, torturé par ses angoisses, ne pardonne rien et écrase méthodiquement ceux qui ont le malheur de lui déplaire, en ruinant totalement leur vie. Hurwitz passe directement de la préadolescence à l'âge adulte ; le lecteur apprend ainsi les raisons pour lesquelles Cobblepot est devenu le Pingouin, mais pas comment il est parvenu à se faire une place au sein du crime organisé. En parallèle aux origines du criminel, Hurwitz développe une intrigue secondaire peu originale qui oppose le super-vilain à Batman. Graphiquement, Kudranski produit un style réaliste qui correspond à la noirceur de l'atmosphère de cette mini-série, avec un beau travail sur l'expressivité des visages ainsi que sur les contrastes entre ombre et lumière. Ses illustrations sont encrées et colorisées dans des tons sombres ; l'action n'est donc pas toujours aisément déchiffrable. La double page "Les Origines du Pingouin" présente des dessins peu soignés aux couleurs criardes. Il n'était pas nécessaire d'inclure ce complément ; le faire figurer au début du recueil, en guise d'introduction, aurait été plus approprié. "Rira bien..." est une histoire d'amour contrarié particulièrement réussie. Le trait de Pearson, inspiré de l'esprit cartoon, regorge de talent ; son Pingouin est inquiétant à souhait.
Dans l'ensemble, la traduction de Nick Meylaender est satisfaisante. Le texte compte une incohérence entre tutoiement et vouvoiement. La maquette est impeccable. Par exemple, les couvertures originales ont été insérées au début de chaque partie. 

L'éditeur propose un album conceptuel consacré au Pingouin, un super vilain qui attend son heure de gloire. Le résultat est moyen. La mini-série se répète et finit par tourner en rond. Le clou du recueil est l'histoire de complément d'Aaron et Pearson. 

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Mon ressenti pour l'histoire principale avait été un peu plus bienveillant, même si comme toi, j'ai souffert de la noirceur des dessins de Kudranski et qu'il m'a fallu une forte source d'éclairage pour distinguer tous les éléments représentés. J'avais également été sensible à l'humour noir de Hurwitz,, en particulier la popstar qui fait le nécessaire pour que plus jamais d'autres oreilles ne souffrent comme les siennes. :)

    Comme toi, j'avais beaucoup aimé la dernière histoire, similaire à la première et beaucoup plus piquante. Là encore, il était amusant de constater que DC (et Urban) ont regroupé dans un même recueil, une histoire pré Flashpoint, et une histoire post Flashpoint.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas de surprise de mon côté : j'ai le même ressenti à cette relecture qu'à la découverte de cet album lors de sa sortie. La seule différence vient du fait que je suis plus positif à l'égard du trait de Kudranski.
      À la première lecture, j'avais été sidéré en tentant de me représenter les représailles infligées par le Pingouin à ceux qu'il avait décidé de briser.

      Supprimer