dimanche 10 mars 2019

"Fantastic Four" : L'Intégrale 1961-1962 (Panini Comics ; février 2003)

Le premier volume de l'intégrale consacrée aux Quatre Fantastiques par Panini Comics est sorti en février 2003, et a été réédité en 2004 et en 2018. Ce recueil cartonné avec jaquette amovible de deux cent dix planches compile les neuf premiers numéros de la série VO, du #1 de novembre 1961 au #9 de décembre 1962. 
La série "Fantastic Four" est créée en novembre 1961 par Stan Lee (1922-2018) et Jack Kirby (1917-1994), tandem légendaire que l'on retrouve respectivement au scénario et aux illustrations de ces épisodes. La tâche d'encrage a été partagée entre George Klein (1915/1920-1969), Christopher Rule (1894-1983), Sol Brodsky (1923-1984), Joe Sinnott, et Dick Ayers (1924-2014). Et enfin, c'est Stan Goldberg (1932-2014) qui a effectué la mise en couleur.

Un étrange signal lumineux éclaire le ciel au-dessus de la ville de Central City, suscitant une certaine agitation et des rumeurs folles. C'est la première fois que Red Richards utilise ce signal. Il espère également que ce sera la dernière. Jane Storm prend le thé chez une amie ; elle est première à répondre à cet appel. Un colosse engoncé dans un imperméable vert et dissimulant ses traits sous un feutre est en train de réaliser quelques emplettes. À la vue de l'alerte, il se débarrasse de ses frusques et défonce tout sur son passage afin de se rendre à l'endroit indiqué. Johnny répare une voiture de collection avec un ami. Lorsqu'il voit le chiffre "4" dans le ciel, il s'embrase instantanément et s'envole, réduisant l'automobile à l'état de cire fondue, causant surprise et spéculations chez les humains qui l'aperçoivent. Devant cette démonstration de force, le maire de la cité contacte le gouverneur afin de demander l’intervention de la Garde nationale. Et une petite heure plus tard, trois avions de chasse sont envoyés à la poursuite de Johnny Storm. Exposés à la température des flammes du héros, ils sont rapidement hors de combat. Les pilotes ont pu s'éjecter, mais l'un d'eux a eu le temps de tirer un missile nucléaire à tête chercheuse, qui suit la Torche à la trace et qui, attiré par la chaleur du jeune homme, approche implacablement... 

C'est la première équipe de super-héros Marvel ; leur série sera l'un des titres les plus longuement édités. Caractérisations de ces personnages dotés de super-pouvoirs à la suite d'une exposition à des rayons cosmiques, codes et mécanismes sont posés très tôt. Ce leader un peu plus âgé (inspiré du Plastic Man de DC Comics), dont l'élasticité du corps connaît peu de limites, cette femme qui ne maîtrise pas toujours son invisibilité, son frère cadet (pour qui la Torche humaine de l'Âge d'or a servi de modèle), capable de faire fondre n'importe quoi ou presque, et cet être au physique terrible, d'une force titanesque. Il y a tous ces aspects matériels : le Baxter Building, les véhicules devenus mythiques (le FantastiCar), etc. Le talent de Lee résidant davantage dans les caractérisations que dans les intrigues, c'est la facette familiale qui est la plus intéressante. Richards (prénommé "Reed" en VO, il s'appellera "Red" en VF) deviendra l'un des génies de l'univers Marvel, devant Stephen Strange, Tony Stark, ou Charles Xavier. Il en pince pour Susan Storm ; au départ, leur relation et leurs sentiments sont ambigus. La Chose souffre de son apparence, se sent rejeté, et éprouve de la rancune envers Richards, qu'il estime responsable de son malheur. Il claque plusieurs fois la porte pour revenir aussitôt. Johnny est un fanfaron hâbleur passionné de mécanique. Susan (d'abord Jane en VF) est le ciment, le liant de cette famille hors norme, sans pour autant jouer un rôle de mère de substitution. Ses sentiments sont tiraillés entre Red et Namor. Enfin, il y a cette brochette de super-vilains, monstres, savants fous : c'est en effet dans ses pages que l'Homme-taupe, le Dr Fatalis, ou les Skrulls seront créés. Graphiquement, Kirby, qui a quarante-cinq ans à l'époque, aligne des planches de six à dix cases en trois bandes. Il n'y a dans ses vignettes franchement rien d'extraordinaire. Son coup de génie est surtout de trouver à ces héros, d'emblée, une apparence durable, aisément identifiable, sur laquelle les équipes artistiques qui succèderont ne reviendront pas.
La traduction, vraiment satisfaisante, est signée Sophie Viévard. Dommage que l'éditeur ait conçu la maquette de ces intégrales à partir du même moule, avec les couvertures originales en fin du recueil plutôt que de les insérer entre les épisodes.

Lee propose ici des scénarios expéditifs, parfois terriblement naïfs, voire infantiles, construits sur des intrigues très rudimentaires. C'est néanmoins dans ces pages que se trouvent les fondements de cette équipe légendaire, première de l'écurie Marvel.

Mon verdict : ★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Ta conclusion met bien en lumière tout le caractère paradoxal de ces épisodes : rudimentaires et originels. Je me souviens de ma déception quand je les ai découverts pour la toute première fois encore adolescent : des dessins n'ayant rien d'extraordinaire (comme tu le dis) et des scénarios pour enfants. Rétrospectivement, il est étonnant de penser que les meilleures années de Kirby sur le plan graphique sont à venir.

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    1. Étonnant, en effet ; ça m'a surpris de voir que le type avait déjà quarante-cinq ans lorsqu'il produisit ces pages-là !

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