"Ragnarok" est une histoire complète consacrée à l'univers de Thor. Cet album à couverture cartonnée d'un peu moins de cent trente planches (sans inclure les bonus) est sorti en octobre 2017 dans la collection Marvel Vintage de Panini Comics. Il compile les numéros 272 à 278 (juin à décembre 1978) de la série "Thor".
Le scénario est écrit par Roy Thomas, l'une des grandes figures du Marvel de cette période-là. Les dessins sont signés par John Buscema (1927-2002). Tom Palmer et Chic Stone (1923-2000) (un seul chapitre) se partagent l'encrage, et George Roussos (1915-2000), Bob Sharen, Ben Sean, et Glynis Wein, la mise en couleur.
Thor survole New York City. Il est témoin d'une agression : un jeune garçon s'en prend à autre un plus petit que lui, Joey, et menace de lui infliger une raclée devant ses camarades. La victime, décidée à ne pas se laisser faire, montre du courage malgré le déséquilibre évident. Thor intervient. Dès qu'il pose le pied à terre, le voyou file sans demander son reste. Pour Thor, en fuyant, il a révélé sa véritable nature, celle d'une brute. Joey lui rétorque que vu son gabarit, Thor ne doit pas être souvent chahuté ; d'ailleurs, personne ne l'a jamais battu. Le dieu du Tonnerre n'est pas si catégorique. Devant l'insistance des garçons, il accepte de conter une aventure dans laquelle il a été aux prises avec un adversaire supérieur. Lui et Loki parcouraient une étrange forêt où tout était de taille colossale : les arbres, feuilles, ou les champignons. Loki était inquiet ; ils s'étaient de toute évidence perdus, s'éloignaient d'Asgard, et, en plus de cela, le jour déclinait. Thor railla son absence de bravoure, ajoutant que lui n'encensait que son bras vaillant. Loki lui reprocha son manque d'humilité. Mais pourquoi être humble lorsque l'on détient un marteau magique qui renferme le pouvoir de la foudre ? Le soir étant tombé, Thor affirma qu'ils ne trouveraient pas de logis, mais Loki l'interrompit et lui montra l'entrée d'une grotte. Malgré sa curieuse forme, ils décidèrent d'y passer la nuit pour être à l'abri de créatures sauvages. L'entrée était étrangement sombre...
Cet album est une histoire complète en un prologue et six chapitres, avec quelques références à la Continuité. Elle évoque Ragnarök et sa prophétie, cette série de catastrophes qui annonce la mort des dieux et la fin du monde. En 1978, Thomas arrive à la quarantaine et dispose d'une petite quinzaine d'années d'expérience dans l'industrie des comics. Dans cet arc, il tente de rapprocher, en partie, l'authentique mythologie scandinave et l'univers Marvel. Malheureusement, l'œuvre procure peu de plaisir à la lecture. L'histoire est linéaire et se déroule presque en huis clos (les scènes à l'extérieur d'Asgard sont peu nombreuses) ; malgré quelques intrigues de palais prévisibles et répétitives, peu de choses se passent en attendant le dénouement ; le scénario finit par s'étirer et susciter une forme d'ennui et de détachement, d'autant que les prétendues conséquences de Ragnarok manquent de puissance évocatrice. La présence de l'équipe de télévision est une idée à la qualité discutable, mais elle permet à Thomas de justifier ce double de Thor. Qu'a-t-il voulu faire avec ce dernier ? Faut-il voir là une satire du dieu du Tonnerre version Marvel ? Le public pourra être sceptique devant la caractérisation de ce protagoniste. L'auteur a cependant suffisamment de métier pour livrer une intrigue globalement cohérente et équilibrée ; il sait gérer les événements. Le lecteur pourra se rattraper en contemplant les planches de Buscema. L'artiste a dépassé la cinquantaine et est l'un des illustrateurs récurrents de la série régulière. Il n'est donc pas en terrain inconnu, et le mélange entre fantaisie et merveilleux convient à merveille à celui dont le nom restera longtemps associé à Conan. Son trait réaliste incarne une certaine idée du classicisme marvelien et de la bande dessinée fantastique de l'Âge de bronze. L'expressivité de ses visages, bien que parfois forcée, est remarquable. Son découpage est d'une lisibilité parfaite. Dommage, néanmoins, que la scène avec Balder soit expédiée et que les émotions en dérivant ne soient pas suffisamment convaincantes.
La traduction est de Laurence Belingard. Dans l'ensemble, le résultat est satisfaisant, malgré une faute d'orthographe, une de mode, et une de langue. Côté maquette, l'éditeur - pour une fois - a intercalé les couvertures originales en début de chapitre.
Le scénario est écrit par Roy Thomas, l'une des grandes figures du Marvel de cette période-là. Les dessins sont signés par John Buscema (1927-2002). Tom Palmer et Chic Stone (1923-2000) (un seul chapitre) se partagent l'encrage, et George Roussos (1915-2000), Bob Sharen, Ben Sean, et Glynis Wein, la mise en couleur.
Thor survole New York City. Il est témoin d'une agression : un jeune garçon s'en prend à autre un plus petit que lui, Joey, et menace de lui infliger une raclée devant ses camarades. La victime, décidée à ne pas se laisser faire, montre du courage malgré le déséquilibre évident. Thor intervient. Dès qu'il pose le pied à terre, le voyou file sans demander son reste. Pour Thor, en fuyant, il a révélé sa véritable nature, celle d'une brute. Joey lui rétorque que vu son gabarit, Thor ne doit pas être souvent chahuté ; d'ailleurs, personne ne l'a jamais battu. Le dieu du Tonnerre n'est pas si catégorique. Devant l'insistance des garçons, il accepte de conter une aventure dans laquelle il a été aux prises avec un adversaire supérieur. Lui et Loki parcouraient une étrange forêt où tout était de taille colossale : les arbres, feuilles, ou les champignons. Loki était inquiet ; ils s'étaient de toute évidence perdus, s'éloignaient d'Asgard, et, en plus de cela, le jour déclinait. Thor railla son absence de bravoure, ajoutant que lui n'encensait que son bras vaillant. Loki lui reprocha son manque d'humilité. Mais pourquoi être humble lorsque l'on détient un marteau magique qui renferme le pouvoir de la foudre ? Le soir étant tombé, Thor affirma qu'ils ne trouveraient pas de logis, mais Loki l'interrompit et lui montra l'entrée d'une grotte. Malgré sa curieuse forme, ils décidèrent d'y passer la nuit pour être à l'abri de créatures sauvages. L'entrée était étrangement sombre...
Cet album est une histoire complète en un prologue et six chapitres, avec quelques références à la Continuité. Elle évoque Ragnarök et sa prophétie, cette série de catastrophes qui annonce la mort des dieux et la fin du monde. En 1978, Thomas arrive à la quarantaine et dispose d'une petite quinzaine d'années d'expérience dans l'industrie des comics. Dans cet arc, il tente de rapprocher, en partie, l'authentique mythologie scandinave et l'univers Marvel. Malheureusement, l'œuvre procure peu de plaisir à la lecture. L'histoire est linéaire et se déroule presque en huis clos (les scènes à l'extérieur d'Asgard sont peu nombreuses) ; malgré quelques intrigues de palais prévisibles et répétitives, peu de choses se passent en attendant le dénouement ; le scénario finit par s'étirer et susciter une forme d'ennui et de détachement, d'autant que les prétendues conséquences de Ragnarok manquent de puissance évocatrice. La présence de l'équipe de télévision est une idée à la qualité discutable, mais elle permet à Thomas de justifier ce double de Thor. Qu'a-t-il voulu faire avec ce dernier ? Faut-il voir là une satire du dieu du Tonnerre version Marvel ? Le public pourra être sceptique devant la caractérisation de ce protagoniste. L'auteur a cependant suffisamment de métier pour livrer une intrigue globalement cohérente et équilibrée ; il sait gérer les événements. Le lecteur pourra se rattraper en contemplant les planches de Buscema. L'artiste a dépassé la cinquantaine et est l'un des illustrateurs récurrents de la série régulière. Il n'est donc pas en terrain inconnu, et le mélange entre fantaisie et merveilleux convient à merveille à celui dont le nom restera longtemps associé à Conan. Son trait réaliste incarne une certaine idée du classicisme marvelien et de la bande dessinée fantastique de l'Âge de bronze. L'expressivité de ses visages, bien que parfois forcée, est remarquable. Son découpage est d'une lisibilité parfaite. Dommage, néanmoins, que la scène avec Balder soit expédiée et que les émotions en dérivant ne soient pas suffisamment convaincantes.
La traduction est de Laurence Belingard. Dans l'ensemble, le résultat est satisfaisant, malgré une faute d'orthographe, une de mode, et une de langue. Côté maquette, l'éditeur - pour une fois - a intercalé les couvertures originales en début de chapitre.
"Ragnarok", un arc qui n'est guère captivant. Seul le premier numéro (ou prologue), construit à la façon d'une fable moralisatrice, recèle d'excellentes idées. La suite n'a pas bénéficié de la même qualité d'inspiration. Restent les planches de Buscema.
Barbuz
Je ne m'attendais pas à ce que tu reviennes à des comics de cette époque. Je ne pense pas avoir lu ces épisodes.
RépondreSupprimerAutant j'ai beaucoup apprécié les récits de Roy Thomas quand j'étais plus jeune, en particulier sa série Avengers (70 épisodes), autant j'ai jeté l'éponge avec ses séries se passant pendant la seconde guerre mondiale écrites pour DC Comics comme All-Star Squadron de 1981 à 1987, ou sa série générationnelle Infinity Inc.
C'est une période que j'affectionne ; lorsque j'ai vu que Panini Comics créait cette nouvelle collection, Marvel Vintage, j'ai su que j'allais en lire quelques albums choisis. Ça a été le cas avec "Une réalité à part", avec le Dr Strange. Une petite déception quand même. C'en est une ici aussi, malgré les noms à l'affiche.
SupprimerIci, Panini Comics a annoncé le lancement d'une nouvelle collection, "Décennies", des adaptations françaises de "Marvel Decades" ; je vais m'y intéresser.
J'avais également adoré les "Avengers" de Thomas.