lundi 20 mai 2019

Faith (tome 1) : "À la conquête d'Hollywood" (Bliss Comics ; avril 2017)

Faith Herbert, alias Zephyr, est une super-héroïne créée en 1992 pour Valiant Comics par Jim Shooter et David Lapham pour les besoins de la série "Harbinger". Valiant Entertainment, née de ses cendres en 2005 et rachetée en 2018 par DMG Entertainment, offrira d'abord une mini-série au personnage, puis développera un titre régulier. Ce volume contient les quatre parties de ce premier arc, soit les #1 à 4 de "Faith" (publiés entre janvier et avril 2016 en VO). Cet album à la couverture cartonnée compte, approximativement, une centaine de planches (bonus non inclus).
Jody Houser écrit les quatre chapitres ("Faith Begins", "Une véritable héroïne", "Le Moment", "Son histoire"). Ils sont illustrés par Francis Portela, sauf les séquences de rêves, par Marguerite Sauvage, parfois avec l'encreur Terry Pallot. Andrew Dalhouse produit la mise en couleurs, avec Michael Spicer ou Pete Pantazis.

Quelque part aux États-Unis, par une nuit de pleine lune. Deux humains, un jeune homme et une femme déjà plus âgée sont en fuite. Tous deux portent un ensemble pour patients d'une institution médicale ; ils sont pieds nus. Fixé à leur poignet gauche, un étrange bracelet gris, sur lequel brillent plusieurs diodes rouges, peut-être d'une technologie extraterrestre. Le garçon intime à sa camarade de se presser, car ils doivent quitter ces lieux. Celle-ci ne suit pas le rythme et finit par trébucher. Elle le supplie de l'aider. Il marque un temps d'hésitation, puis il lui tend le bras pour lui permettre de se relever. Elle le remercie. Ce n'est qu'à ce moment qu'ils échangent leurs prénoms : Sam et Lucy. Elle le complimente, ajoutant que ses parents doivent être fiers de lui. Il rétorque qu'à l'heure qu'il est, ceux-ci doivent surtout être inquiets. Elle s'appuie sur lui et ils continuent à avancer, sans s'apercevoir qu'ils sont observés par des créatures humanoïdes tapies dans l'ombre, dont on ne distingue que les yeux, ronds et phosphorescents. Sam suggère qu'ils trouvent de l'aide ou appellent la police. Lucy écarte l'idée ; ils doivent se planquer. Ils ne peuvent se fier à personne, ils ignorent encore qui est avec "eux"...

"Faith" nous conte les vicissitudes d'une héroïne qui mène une vie parallèle banale, voire morne. Se dissimulant sous une perruque rousse et derrière une paire de lunettes, ronde à souhait, se déplaçant dans un costume tenant autant du pyjama que de "Cosmos 1999", à l'extrême opposé des canons habituels (Catwoman, la Veuve noire, ou Wonder Woman), l'ex-Renégate tente de maintenir son poste dans l'équipe éditoriale d'un petit magazine en ligne sur les célébrités. Ses collègues ignorent d'abord tout de sa double vie. La généreuse et bienveillante Faith Herbert vit dans un appartement à Los Angeles, se nourrit de plats à emporter, est accro aux séries télévisées, décore son intérieur de produits dérivés de toutes sortes, et, en attendant que le grand amour frappe à sa porte, laisse libre cours à ses fantasmes fleur bleue, notamment sur des acteurs de cinéma. Un pirate informatique la rencarde, à distance, sur des affaires potentielles, car celle qui a révélé au public le véritable visage de Toyo Harada espère une occasion de briller et, pourquoi pas, de sauver le monde. "Faith" bouscule sagement les codes, mais les aventures plan-plan de cette jeune femme ingénue ne captivent pas longtemps. L'ambiance est légère, et le ton qu'utilise Houser est celui d'une satire gentillette qui manque d'acidité. L'humour, bien que ce poil de causticité fasse donc défaut, fait mouche (les clins d'œil sont nombreux) et le personnage est foncièrement sympathique, mais l'atmosphère reste lisse. Le rythme de l'intrigue est faiblard, les enjeux ne convainquent guère, et la tension ne s'installe pas ; ces cent pages défilent néanmoins sans déplaisir. Graphiquement, Portela propose un trait vaguement inspiré de celui de Frank Quitely qui pourra être qualifié de réaliste malgré une pointe caricaturale (des expressions faciales exagérées). Sa Faith est moins réussie que celle de Sauvage ; dommage. Le découpage est cristallin. Les arrière-plans ne sont traités que lorsque le format de la vignette le justifie. La mise en couleurs de Dalhouse est fade, terne.
La traduction est de Mathieu Auverdin (des studios MAKMA). Il produit un travail satisfaisant dans le respect du texte. La maquette comprend une table des matières, les couvertures originales insérées entre les chapitres, mais pas de pagination hélas.

"Faith" est davantage un concept "girly" qu'un véritable scénario, l'intrigue étant secondaire. Rafraîchissant au début, cette mini-série, qui contient de bonnes idées, finit pas s'essouffler. Le contraste avec les autres franchises de la maison est patent.

Mon verdict : ★★★☆☆

2 commentaires:

  1. J'avais également relevé l'utilisation de codes de type Girly, sans qu'ils ne me gênent. Je présume que j'avais été plus sensible que toi à la personnalité très positive de Faith Herbert et à sa gentillesse, même si les enjeux ne m'avaient pas passionnés non plus (encore des extraterrestres). Les dessins propres sur eux de Francis Portela sont peut-être un peu impersonnels, un peu dans le style de la maison imposé par Valiant. C'est vrai que les pages de Marguerite Sauvage présentent plus de personnalité. J'avais également beaucoup aimé les couvertures de Jelena Kevic-Djurdjevic. J'avoue que le jeu des références geek a bien fonctionné avec moi.

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    1. Je dois reconnaître que je m'attendais à quelque chose de plus débridé, avec une satire plus mordante. J'ai été sensible moi aussi aux références "geek", mais j'ai quand même trouvé cela sage, dans l'ensemble.
      Les références à "Harbinger" m'ont gêné dans ma lecture, parce que je n'ai pas encore lu cette intégrale-là - j'avoue que l'épaisseur du volume me décourage toujours.
      J'avais profité d'une promotion d'Izneo pour prendre les quatre tomes ; maintenant, je ne suis plus aussi pressé de les lire.
      La couverture de ce premier tome est splendide, c'est vrai.

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