dimanche 3 novembre 2019

"Typhoon" : Tome 1 (Paquet ; mars 2015)

"Typhoon" est le titre d'un diptyque consacré à une célèbre page de l'aviation de la Seconde Guerre mondiale ; il est paru dans la collection Cockpit des éditions Paquet entre mars 2015 et août 2016 pour le second volet. Ce premier tome est un album cartonné (format 32,3 × 24,0) de quarante-six planches. 
Ce volume a été entièrement réalisé par l'Héraultais Christophe Gibelin : c'est-à-dire le scénario, les illustrations, le travail d'encrage, et enfin la mise en couleur. Gibelin est un collaborateur régulier du magazine Le Fana de l'Aviation. Né en 1967, il est surtout connu pour "Les Lumières de l'Amalou", série pour laquelle il reçoit le Grand Prix de la critique en 1991, "Le Traque mémoire", "Le Bateau feu", ou encore "Terres d'ombre".

Bruxelles, janvier 1943. Au sous-sol, dans une salle vide, un cadavre vêtu d'un uniforme d'officier de la Wehrmacht repose sur une table d'opération. Son visage a été masqué d'un linge blanc largement maculé de sang. Un sous-officier descend les marches du sous-sol ; à ses côtés, un général, et derrière eux, deux agents de la Gestapo. Le soldat lui explique que c'est en réalisant les démarches administratives nécessaires pour prévenir les victimes qu'ils ont découvert qu'ils ignoraient qui était l'inconnu de la cave. Malgré les recherches, ils n'ont rien appris sur l'individu ; les papiers, les documents qu'il portait sur lui étaient des faux. Le général en est estomaqué. Ils entrent dans la morgue improvisée. Le gradé exige de tout savoir de cet homme ; qui il est, d’où il vient, et ce qu'il faisait parmi eux. Cet étranger s'est fait passer pour l'un des leurs pendant des semaines, et s'il n'y avait pas eu cette attaque aérienne alliée, son infiltration serait toujours d'actualité. Le cadavre a été défiguré ; photographier son visage pour faire circuler le portrait ne servira donc à rien. De toute évidence, cet homme-là n'opérait pas seul, et il n'a pu réussir qu'avec une organisation...

"Typhoon", comme le précise la quatrième de couverture, est inspiré d'un fait authentique, celui du mitraillage du siège bruxellois de la Gestapo par Jean de Selys Longchamps (1912-1943), aristocrate belge pilote dans la Royal Air Force. La "légende" veut qu'un cadavre non identifié retrouvé parmi les victimes donnât lieu à une série de représailles contre la résistance locale. Gibelin transforme le nom de famille de l'aviateur en "de Seys" et exploite les failles de l'Histoire pour construire un scénario généreux en thèmes variés. "Typhoon" est une histoire d'amour fraternel, d'amitié entre de Seys et son mentor et ailier Raymond Desmoulin, autre Belge exilé pour continuer le combat. Le récit évoque aussi le dépassement, voire le surpassement de soi dans une quête éperdue de reconnaissance, sentiment profond qui finit par passer avant les ordres, avant la discipline. Ce premier volume met également en scène un triangle amoureux entre Jean, son frère Simon, et la jolie Mathilde. Gibelin offre une grille d'analyse en nous permettant de parcourir les lettres écrites par Jean à l'élue de son cœur, même s'il apparaît comme évident qu'elles ne seront pas envoyées. L'auteur remonte le temps pour présenter les souvenirs sans souci des années d'avant-guerre, puis l'impatience d'aller au combat et d'en découdre avec l'ennemi. Gibelin dévoile un jeu de miroir entre le pilote exilé continuant la lutte dans la Royal Air Force d'un côté, et, de l'autre, le résistant vivant dans l'ombre, la clandestinité, le secret, le danger permanent d'être dénoncé ou pris, sous l'œil omniprésent de l'occupant (la scène des mains dans le café - trois pages sans paroles qui élèvent la tension d'un cran et laissent présager le pire - est sans équivoque). L'auteur, bien que français, assaisonne ses dialogues de truculentes et authentiques expressions bruxelloises. Gibelin est passionné ; cela se voit instantanément lorsque les machines se révèlent au lecteur. Le Typhoon, superbe bête de métal, massive, puissante, colossale, laisse pantois devant le niveau de minutie ; rivets, train d'atterrissage, filtre à air, verrière, l'incroyable habitacle, le tableau de bord recouvert d'une fabuleuse tapisserie de cadrans. Quel que soit le plan, l'artiste semble être un maniaque du détail. Il officie dans un registre réaliste et présente un trait aux contours très fins, extrêmement net et soigné, avec un encrage très peu prononcé. Le dessin est cependant un peu froid ; sans doute à cause de la mise en couleur. Elle affiche une palette de tonalités terriblement pâles, quasiment "fantomatiques".

Ce premier tome prometteur, peut-être plus porté vers la mélancolie que l'action, offre une belle gamme de thèmes sur une page célèbre, mais néanmoins méconnue de l'aviation de la Seconde Guerre. Gibelin produit ici une partie graphique notable.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

9 commentaires:

  1. Je ne suis pas un fana des avions ni de la mécanique en général, sinon je sens que ce tome aurait été pour moi. Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur, ni de Les lumières de l'Amalou. Du coup, je n'ai pas hésité un seul instant à cliquer sur le lien que tu as mis pour aller voir les grands prix de la critique. Mon score n'est pas terrible : je n'en ai lu que 4 (L'art invisible, From Hell, Jimmy Corrigan, Blankets) et j'en ai encore un dans ma pile (Asterios Polyp).

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    1. Si ton score n'est "pas terrible", je ne sais que dire du mien, car je n'en ai lu qu'un. Tu devineras duquel il s'agit sans difficulté, je pense. Un indice : tu l'as lu aussi :-) .

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    1. Bingo, cher ami, Bingo.
      Tant que je t’ai « sous la main », peux-tu me dire si, chez Bruce Lit, vous avez des « règles » en matière de médias sociaux ? Par exemple, que poster, quand, dans quel groupe, etc.

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  3. Bruce a choisi de procéder ainsi.

    Le dimanche soir, il poste sur son mur le programme de la semaine, c'est-à-dire les 5 articles qui seront postés du lundi au vendredi.

    Le matin, il poste sur son mur et sur celui des groupes pertinents ce qu'il appelle le teaser de la journée, c'est-à-dire un petit mot accompagné le lien sur l'article. Il a recensé une vingtaine de groupes facebook comics, manga et BD et il partage le post sur ceux qui sont concernés en respectant le règlement de chaque groupe.

    Il m'a demandé de réaliser des posts le midi pour alimenter le compte dans la journée et je like également quelques posts qui m'intéressent.

    Le soir je fais un rappel de l'article du jour, uniquement sur le mur de Bruce, sans repartager.

    Quelques exemples de groupe
    - FANS DE COMICS (groupe francophone)
    - Fans de Comics Books et de Bandes Dessinées
    - BDGest
    - Editions LUG
    - La bibliothèque de Galactus
    - ...

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    1. Merci de ces précisions instructives. Et de tes "Likes" de mes articles postés sur Facebook (voilà un bon moment que j'en ai déduis que c'était toi).

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  4. Oui, c'est moi quand je vois passer tes posts.

    De ce que j'ai compris de ce que Bruce m'a expliqué, pour générer des réactions sur les posts facebook, il faut investir du temps dans du networking (faute d'un mot français qui recouvre cette notion).

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    1. Du "networking" ?... C'est-à-dire... du "relationnel" :-) ?...
      C'est un propos intéressant ; je pense que ça ne dure qu'un temps et que le retour sur l'investissement du temps consacré est éphémère et s'évapore rapidement.

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  5. Honte à moi pour ne pas avoir trouvé Relationnel.

    Il faut effectivement trouver le point d'équilibre entre le temps investi dans le relationnel sur facebook et le retour sur investissement. Les dés sont pipés dès le départ puisque facebook est conçu pour que l'utilisateur y reste et l'alimente. Mais d'un autre côté ce relationnel est un point de passage obligé pour se faire connaître, et se rappeler au bon souvenir des lecteurs potentiels.

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