Le treizième tome de l'intégrale consacrée aux X-Men par Panini Comics est sorti en octobre 2007. Cet épais recueil cartonné recouvert d'une jaquette amovible compile tous les bimestriels "X-Men" de l'année 1965, du #9 de janvier au #15 de décembre. Pour augmenter le nombre de pages, l'éditeur est sorti du cadre de l'année 1965 et a ajouté des histoires courtes complètes extraites des numéros #38 à 47 (novembre 1967 à août 1968). Il compte ainsi dix-sept "parties" pour un total de près de cent quatre-vingt-dix planches hors bonus (les couvertures d'origine).
Stan Lee (1922-2018) écrit les scénarios. Jack Kirby (1917-1994) signe six des sept premiers numéros (les #9-11, puis les #13-15), laissant le #12 à Alex Toth (1928-2006). Chic Stone (1923-2000), Vince Colletta (1923-1991), Joe Sinnott, puis Dick Ayers (1924-2014) se partagent l'encrage. Les extraits, eux, sont écrits par Roy Thomas, Gary Friedrich (1943-2018), ou Arnold Drake (1924-2007), illustrés par Werner Roth (1921-1973) ou George Tuska (1916-2009), et encrés par John Verpoorten (1940-1977), Herb Trimpe (1939-2015), ou bien John Tartaglione (1921-2003).
À l'issue du tome précédent, les X-Men vainquent Unus l'Intouchable en supprimant ses pouvoirs. L'ex-catcheur abandonne sa carrière de criminel costumé et revient à ses premières amours.
Dans l'Atlantique Nord, un paquebot émerge d'une zone couverte de brume. L'équipage aperçoit un iceberg massif devant le navire, mais il est trop tard pour faire marche arrière ; la collision est inévitable. Au dernier moment, la rafale d'un double rayon vient pulvériser l'obstacle, le réduisant en morceaux ; voyageurs et vaisseau sont sauvés sans que l'on sache qui est le providentiel sauveur. Sur le pont, un Scott Summers épuisé réajuste ses lunettes ; il est sur le point de s'effondrer, lorsque Warren Worthington III, son coéquipier, se précipite vers lui pour le soutenir et le ramener à sa cabine. Deux passagers plus âgés se moquent sans se douter que Cyclope leur a sauvé la vie...
C'est le treizième tome de l'intégrale, mais le deuxième consacré aux X-Men originaux. Bien que les scénarios soient sommaires et que les caractérisations n'évoluent guère (les X-Men - sans Angel - fonctionnent comme les Quatre Fantastiques, avec un couple platonique et deux figures fraternelles qui se chamaillent), l'imagination de Lee compense le manque de profondeur des intrigues par des inventions de personnages ou de concepts qui feront date. Le recueil s'ouvre sur un face-à-face avec Lucifer, dans lequel Xavier vient régler ses comptes ; les X-Men, eux, doivent contenir les Vengeurs. Lee présente ensuite un territoire culte : la Terre sauvage, et la création (ou recréation) de Ka-Zar et de Zabu, son smilodon (tigre à dents de sabre), un épisode plutôt réussi - par rapport à la moyenne de la franchise. Le numéro avec l'Étranger n'est guère captivant, mais il a le mérite d'opposer les X-Men à leur première entité cosmique et d'évoquer le départ de Pietro et Wanda Maximov de la Confrérie des mauvais mutants. C'est dans les pages suivantes que Lee crée un antagoniste important, qui sera repris par Claremont dans ses X-Men "2.0" : Cain Marko, le Fléau, avec Johnny Storm, la Torche humaine, en invité. Le lecteur y découvre un pan inédit du passé de Charles Xavier. Après, c'est au tour d'ennemis formidables et incontournables de faire leur apparition : les Sentinelles, invention mortelle du docteur Bolivar Trask. C'est véritablement là que la question mutante est lancée. Le concept avait déjà été vaguement évoqué, mais n'était jusqu'ici resté qu'une notion non approfondie. Les extraits qui suivent reviennent sur la rencontre entre les X-Men et le professeur X, et sur les origines des pouvoirs de Cyclope et d'Iceberg. Lee propose ainsi de la diversité et s'éloigne de la rengaine "X-Men contre Confrérie des mauvais mutants". La partie graphique est très honorable. Kirby n'est pas à son sommet, mais produit des planches de cinq à six vignettes dans un découpage classique limpide, avec des fonds de cases suffisamment détaillés et des plans souvent variés.
La traduction est de Geneviève Coulomb ; son travail est satisfaisant, une fois n'est pas coutume. Côté maquette, l'éditeur s'entête à réunir les couvertures d'origine à la fin du volume plutôt que de les insérer entre les récits. Il n'y a pas de pagination.
La troisième année de la franchise, bien que les caractérisations des personnages restent superficielles, propose des évolutions intéressantes. Les auteurs reviennent sur les origines de certains protagonistes et la question mutante se développe enfin.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
En lisant ton commentaire, je me dis que je n'ai pas lu ces épisodes. Il faudra que je les feuillette car je suis curieux de ce que peut donner l'association entre Kirby et Alex Toth. Dans la mesure où Kirby dessine ces épisodes, on peut supposer qu'il a apporté des petites choses de ci de là dans l'intrigue, dans une mesure qu'il n'est bien sûr pas possible de quantifier. D'un autre côté, il st fort vraisemblable que la prise de consistance de la question mutante doive beaucoup à l'emphase et au sens de la dramatisation de Stan Lee.
RépondreSupprimerKirby "se contente" des esquisses, des crayonnés, semble-t-il ; ses dessins semblent donc bien plus soignés et fouillés que d'habitude. Pour l'instant, je suis assez étonné de la qualité de cette série, même si elle affiche tous les tics narratifs et scénaristiques de Lee.
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