Le quatorzième tome de l'intégrale consacrée aux X-Men par Panini Comics est sorti en février 2008 ; il contient douze numéros complets et compte deux cent quatre-vingt-dix planches approximativement. Cet épais recueil cartonné avec jaquette amovible regroupe les "Uncanny X-Men" #209-212 (de septembre à décembre 1986), les "X-Factor" #9-11 (d'octobre à décembre 1986), le "New Mutants" #46 (décembre 1986), les "Thor" #373 et 374 (de novembre et décembre 1986), le "Power Pack" #27 (de décembre 1986) et, enfin, le "Giant-Sized X-Men Annual" #10 (janvier 1987).
Chris Claremont écrit les "Uncanny X-Men", illustrés par John Romita Jr. - avec le concours de Bret Belvins dans le #211 - puis par Rick Leonardi à partir du #212. Il scénarise aussi "New Mutants", dessiné par Arthur Adams, et l'annuel, par Jackson Guice. Louise Simonson scénarise "X-Factor" (illustrations de Terry Shoemaker, puis de Walter Simonson) et "Power Pack", "Puissance 4" en VF (illustrations de Jon Bogdanove). Walter Simonson écrit les "Thor", dessinés par Sal Buscema. P. Craig Russell, Dan Green, Al Williamson, Kyle Baker, Bob Wiacek, Josef (Joe) Rubinstein, et Al Gordon se répartissent la tâche d'encrage. Enfin, Glynis Oliver, Petra Scotese, ou Max Scheele se chargent de la mise en couleur.
À l'issue du tome précédent, les X-Men affrontent les mutants du Cercle intérieur du Club des Damnés en plein Central Park, et c'est là que Nemrod, la Sentinelle, choisit d'entrer dans la danse.
Nemrod survole la zone. Au sol, X-Men comme Lord cardinaux du Club des Damnés observent celui qui vient de prononcer une sentence de mort - la leur. Shaw ordonne à Tessa de l'analyser ; elle explique qu'il est très sophistiqué, mais ses aptitudes sont inconnues. Leland, guère rassuré, songe à fuir. Ororo et Kitty ne sont pas plus optimistes. Plus loin, Rachel Summers, épuisée, gît recroquevillée à terre, et s'abandonne à l'atonie qui l'envahit...
Le "faux arc" consacré à Nemrod, une intrigue secondaire finalement, se conclut de façon abrupte, mais spectaculaire ; Claremont semble vouloir tourner la page et passer à autre chose. Cela sera "Mutant Massacre" ; l'événement éditorial échappe néanmoins à son contrôle, les Simonson étant de l'aventure. En résulte un chapelet d'épisodes qui stagnent, s'enlisent, et un concept qui pâtit d'être dispersé entre plusieurs titres et qui perd vite en substance. Pourtant, Apocalypse et ses Maraudeurs, des mutants hauts en couleur qui en exterminent d'autres, suscitent un intérêt instantané. Cela est dissipé par ce qui plombe la série depuis quelques années, à savoir un éparpillement des histoires et une multiplication des protagonistes. Les Nouveaux Mutants et Puissance 4 sont à nouveau présents, hélas, mais cela va encore plus loin, puisque Thor intervient, comme si les mutants ne se suffisaient plus à eux-mêmes. Ce trop-plein de personnages a une conséquence : le manque d'émotion. Les morts ont beau s'enchaîner, suscitant des crises de larmes ou des monologues censés exprimer la tristesse, cela est trop rapide, forcé, et ne fonctionne guère. Autre point faible : la gestion du lieu. Tous les combats et les rencontres se déroulent dans les égouts de Manhattan ; l'endroit devient ainsi le huis clos d'affrontements qui, décuplés par le nombre de figurants, aboutissent rarement. Un aspect intéressant : cette notion de "respect de toute vie", répétitive à l'ennui, ici remise en question par un Colossus qui franchit le pas sans pour autant éprouver d'insurmontables remords. Si Wolverine est égal à lui-même, une Ororo larmoyante fait mine de fuir ses responsabilités et s'apitoie sur son sort ; elle est pourtant leader de l'équipe et une dure à cuire. La partie graphique est très satisfaisante, et la pléthore d'artistes ne nuit pas à une certaine forme de cohérence visuelle. Romita Jr. propose un trait fin et élégant, mais lisse. Guice (qui n'a que vingt-cinq ans) produit un style sombre qui combine le meilleur du réalisme et classicisme. Adams, de son coup de crayon riche et détaillé, met en scène des personnages très longilignes et tend à abuser de la surexpressivité. Buscema façonne des vignettes aux arrière-plans très sommaires.
Geneviève Coulomb, dans sa traduction, choisit de négliger la forme négative. Si le texte est appauvri, Coulomb montre pourtant ce dont elle est capable sur "Thor". Il y a un faux-sens, dans "Thor" : "physician" signifie "médecin", et non pas "physicien".
Malgré un concept particulièrement prometteur, "Mutant Massacre" déçoit non seulement par la gestion de son intrigue, car elle tourne en rond, mais aussi par celle de l'espace ; dommage que Claremont n'ait pas eu le contrôle de l'événement éditorial.
Mon verdict : ★★☆☆☆
Barbuz
J'avais été beaucoup plus clément que toi pour Mutant Massacre avec une note de 4 étoiles sur 5.
RépondreSupprimerCe qui m'avait plu : la qualité de la construction du crossover (Louise Simonson ayant été responsable éditoriale de X-Men, Walter Simonson étant son mari, sans oublier Ann Nocenti pour l'épisode de Daredevil qui ne figure pas dans cette intégrale), la découverte des Marauders, L. Simonson qui redresse la barre de la série X-Fatcor (débutée de manière idiote par Bob Layton), le ton plus sombre (une épuration ethnique par le biais d'exécution de sang froid, et des héros tuant leur adversaire faute d'autre solution), les dessins de Romita, Blevins, Davis.
Merci de partager tes contre-arguments. Cet événement semble jouir d'une très bonne presse auprès du public, de toute façon. Mais sa lecture m'a tellement ennuyé et agacé que je n'ai pas pu aller au-delà des deux étoiles. Après, il est probable que je lise peut-être trop de "X-Men" en ce moment.
SupprimerJe t'ai fait une brève synthèse de mon commentaire détaillé sur Babelio. Je me souviens qu'en tant que crossover, les interactions étaient bien gérées, même si Thor et Daredevil faisaient pièce rapportée.
RépondreSupprimerhttps://www.babelio.com/livres/Claremont-X-Men-Mutant-Massacre/720182/critiques/809326
Merci pour le lien.
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