Le deuxième tome de l'intégrale consacrée à Luke Cage par Panini Comics a été publié en novembre 2019 ; il réunit les numéros du titre régulier "Power Man" #17 à 28 (de février 1974 à décembre 1975), qui est encore bimestriel à cette époque. Cet épais recueil cartonné avec couverture amovible - tirée du #25 de juin 1975, elle est signée par Gil Kane (1926-2000) et Mike Esposito (1927-2010) - compte deux cent vingt-cinq planches, à peu près.
Len Wein (1948-2017) a écrit les trois premiers numéros, Tony Isabella, les cinq suivants (un avec Wein), puis Bill Mantlo (deux), Steve Englehart et Don McGregor, le reste. George Tuska (1916-2009) a illustré six épisodes, Ron Wilson, cinq, et George Pérez, un. Billy Graham (1935-1997), Vince Colletta (1923-1991), Dave Hunt (1942-2017), Fred Kida (1920-2014), Ricardo Villamonte et Al McWilliams (1916-1993) se sont distribué l'encrage, et la mise en couleur a été confiée à Glynis Wein, Stan Goldberg (1932-2014), Petra Goldberg, Phil Rachelson ou encore Diane Buscema.
À l'issue du tome précédent, Billy Bob Rackham et Madame Jenks meurent. Cette dernière, avant d'expirer, confesse le meurtre de Phil Fox, innocentant Claire Temple, qui retrouve enfin Cage.
Luke Cage, les bottes sur son bureau, lit le Daily Bugle, qui spécule sur l'éventuelle complicité entre Spider-Man et le Vautour, et évoque la victoire de Captain America sur le Phénix. Il s'emporte, déchire le journal et défonce le meuble d'un violent coup de poing. Des informations "dignes d'être imprimées" ? Il a innocenté Claire Temple du meurtre de Fox, a combattu Poignard, et il n'a pas droit à trois lignes ? Mais quand Captain America attrape un rhume, c'est en première page ! Qu'est-ce que ces types ont qu'il n'a pas ? Des pouvoirs ?... Un costume criard ?... Un nom qui claque ? Peut-être que "Héros à louer" est insuffisant. Eh bien si les journaleux veulent un nouveau nom, il en prendra un...
Le super-héros change de nom, son magazine aussi : "Hero for Hire" devient "Power Man" en février 1974. La numérotation continue là où celle de "Hero for Hire" s'est arrêtée. Power Man croise le chemin d'Orville Smythe, un espion industriel qui tente de s'emparer de prototypes de Stark Industries, puis stoppe le Riveteur, un fier-à-bras, stéréotype du "col bleu revanchard". Il affronte Cornell Cottonmouth, son reflet déformé. À défaut d'être passionnant, ce face-à-face est intéressant, car tous deux sont issus de la même minorité ; Cage, honnête, peine à se faire sa place au soleil, tandis que son adversaire, riche et puissant, travaille pour le crime organisé. "Mocassin d'eau" est la traduction de "Cottonmouth", une sorte de serpent venimeux du sud des États-Unis, d'où la dentition et le costume du malfaiteur. L'arc suivant oppose Cage à un autre Power Man, un super-criminel. Puis Cage retrouve Poignard, accompagné par Discus ; celui-ci rejoint la liste des seconds couteaux qui croisent le fer avec Cage. Vient la virée en Californie ; Cage et D. W. prennent le bus et partent sur les traces de Claire Temple, dans un récit qui peut être interprété comme une dénonciation gentille des communautés de reclus naïfs tombés sous l'emprise d'un guide malveillant, rôle joué ici par Gideon Mace. L'arc suivant oppose Cage au Cirque du Crime et à Black Goliath, une autre facette de la même figure. Il faut attendre "La Nuit du vampire" pour avoir un numéro captivant qui renoue avec le côté détective du personnage, cette fois dans une veine fantastique. Ce volume ne comprend que la première moitié de l'arc de fin. Le départ d'Englehart dessert le titre, confronté à une valse des scénaristes ; l'absence d'un fil conducteur se ressent dans ces épisodes qui se succèdent au rythme des bagarres et restent creux. La partie graphique, même s'il y a de superbes cases et planches, semble inaboutie en de mains endroits, malgré les talents en présence. Peut-être la "méthode Colletta" est-elle passée par là ? Le trait de Tuska est certainement moins soigné que celui de Pérez, mais il est plus expressif et plus dynamique dans ses compositions et dans sa retranscription du mouvement. Wilson est un poil en dessous, mais ne démérite pas.
La traduction et le texte de Nick Meylaender sont impeccables ; c'est malheureusement bien trop rare, dans le microcosme français des comics. L'éditeur intercale les couvertures originales en fin de volume plutôt que de les insérer entre les épisodes.
La traduction et le texte de Nick Meylaender sont impeccables ; c'est malheureusement bien trop rare, dans le microcosme français des comics. L'éditeur intercale les couvertures originales en fin de volume plutôt que de les insérer entre les épisodes.
La caractérisation du colosse n'évolue pas ; il est rageur, râleur, en colère, et fait d'abord parler ses poings. Ses galères et le côté social sont moins présents, bien que les relations avec la police restent malaisées. Les répliques sont parfois truculentes.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
Je lis toujours avec curiosité la liste des créateurs car je retrouve des noms qui ont bercé mon adolescence : Don McGregor un scénariste souvent étonnant (Killraven avec P. Craig Russell, Black Panther avec Rich Buckler & Billy Graham, Detective Inc. avec Marshall Rogers, Nathaniel Dusk I & II avec Gene Colan), Vince Colletta dont tu évoques la méthode à mots couverts. :)
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé les liens vers Marvel Fandom, site que j'utilise régulièrement pour mes propres commentaires, ainsi que son pendant DC Fandom. Ça m'a permis d'aller vérifier si je connaissais 2 personnages dont le nom semblait évoquer de vagues souvenirs. En découvrant la liste de ses ennemis, il est vrai que Luke Cage n'a pas été gâté de ce point de vue.
J'adore ces deux sites, Marvel Fandom et DC Fandom ; comme toi, je les utilise (systématiquement) pour écrire mes articles, dans lesquels j'ai récemment décidé d'ajouter plus d'hyperliens. C'est une somme qui m'est devenue indispensable. Et c'est uniquement pour compléter le propos, car je suppose que tu le sais déjà, mais Valiant dispose de son propre Fandom également. Et je suppose qu'il y en a bien d'autre encore.
SupprimerJe suis allé voir Valiant Fandom : je n'avais pas encore eu l'occasion de le consulter, sûrement parce que l'univers Valiant est moins étendu et moins ancien que ceux de DC et Marvel, donc je m'y retrouve plus facilement. Merci pour cette référence.
RépondreSupprimerÀ l'usage, j'ai eu l'occasion de consulter Image Fandom pour m'y retrouver dans les séries avec de nombreux personnages comme The Walking Dead (Robert Kirkman & Charlie Adlard) ou Deadly Class (Rick Remender & Wes Craig).
J'ai également utilisé le Hellboy Fandom pour retrouver la trace d'intrigues secondaires éparpillées dans des miniséries de personnages différents.
https://imagecomics.fandom.com/wiki/Image_Comics_Database
https://hellboy.fandom.com/wiki/Hellboy_Wiki