"Green Lantern et Green Arrow" est un album sorti en juin 2014 dans la collection DC Archives d'Urban Comics. Cet épais recueil cartonné (format 19 × 28 centimètres) compte approximativement trois cent quatre-vingts pages de papier mat. Il comprend les numéros "Green Lantern" #76 à 87 (d'avril 1970 à décembre 1971) et 89 (d'avril 1972), ainsi que les compléments des "The Flash" #217 à 219 (septembre 1972 à janvier 1973) et 226 (d'avril 1974).
Cette série bénéficiera d'une équipe artistique de légende. Au scénario, Dennis O'Neil. Au dessin, Neal Adams. À l'encrage, Frank Giacoia (1924-1988), Dan Adkins (1937-2013), Dick Giordano (1932-2010), Mike Peppe, et Bernie Wrightson. À la mise en couleur (lorsqu'il y a les crédits), Cory Adams († 2016), alors Mme Adams.
Le Green Lantern Hal Jordan effectue un vol de patrouille au-dessus des rues de Star City. Il pense à Green Arrow, dont il n'a pas de nouvelles ; la dernière fois qu'il l'a vu, l'archer était de mauvaise humeur. Mais puisque Jordan est dans le secteur, autant qu'il aille rendre visite à son ami. Son attention est attirée par une altercation qui se déroule sur un trottoir ; devant ses camarades, un gaillard malmène un homme vieillissant, corpulent et élégamment vêtu. Il le pousse, l'insulte, le fait tomber, et le menace de lui démolir le portrait si jamais il revient dans le coin. Choqué par les encouragements des autres, Jordan plonge pour intervenir, avec l'intention de donner une leçon aux agresseurs. Il actionne donc son anneau et fait virevolter l'offenseur dans tous les sens, avant de l'enfermer dans une cage d'énergie verte. Une fois son spectacle terminé, il aide la victime à se relever. Le quidam est reconnaissant ; il aurait pu être blessé. Avec des héros comme Green Lantern, le monde irait mieux. Une pluie de déchets divers (boîtes de conserve, bouteilles, canettes, etc.) s'abat alors sur les deux hommes. À l'aide de l'anneau, Hal parvient à matérialiser un parapluie qui les protège, mais la moutarde lui monte au nez...
Fin des années soixante ; les ventes de "Green Lantern" déclinent. Pour pallier cela, l'éditeur, Julius Schwartz (1915-2004), le confie à O'Neil et Adams, qui optent pour un changement radical ; ils dépoussièrent les super-héros en les rapprochant des défavorisés et en les connectant aux questionnements de leur époque. Le contexte ? L'engagement militaire américain au Viêt Nam atteint son paroxysme ; antimilitaristes, Black Panthers, et Amérindiens haussent le ton. Ici, Green Lantern, en policier de l'espace victime de sa candeur, de son ignorance des choses de la rue, est tancé par Green Arrow en activiste teigneux. L'archer "rééduquera" son ami en le faisant parcourir leur pays afin qu'il en comprenne les problèmes majeurs et rencontre les laissés-pour-compte : des locataires qu'un propriétaire sans scrupule veut expulser, des montagnards exploités dans des mines, ou des Amérindiens souhaitant récupérer cette terre qui leur a été promise. O'Neil évoque l'industrialisation outrancière, la pollution, et le racisme, ainsi que la surpopulation ou la robotisation de notre société en envoyant nos héros découvrir d'autres planètes. Enfin, la drogue, avec Speedy en acolyte désenchanté souffrant d'un manque d'attention, symbole d'une génération perdue. La mécanique du duo fonctionne bien, à la façon des deux voix opposées de la même conscience. Inspiré par l'œuvre de l'écrivain américain Norman Mailer, O'Neil opte pour la dénonciation plutôt que pour un naturalisme plus descriptif dans des "Relevant Comics" énergiques, mais aux intrigues parfois brouillonnes. Il force le trait, au risque de n'éviter ni l'écueil du misérabilisme ni celui de la naïveté. Bien que la parole soit donnée aux victimes, le propos demeure manichéen, comme si les super-vilains prenaient le visage des problèmes de société. Ces épisodes resteront pour leur valeur documentaire et comme témoignage du passage de l'Âge d'argent à celui de bronze, plus que pour les qualités de leurs scénarios. Enfin, ils bénéficient largement du talent d'Adams, qui produit des compositions superbes et pleines de dynamisme ; son trait réaliste, qui incarnera toujours un certain classicisme à la DC Comics, traverse les époques en conservant sa grâce, son élégance, et sa puissance.
La traduction de Martin Winckler est honorable, mais parfois plate. Le texte est pollué par une demi-douzaine de fautes (d'accentuation, d'accord) ou de coquilles. En bonus, une préface de Winckler et un entretien avec Giordano en guise de postface.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbüz
Merci pour ce commentaire car je n'ai lu qu'un ou deux épisodes contenus dans ce recueil et pourtant si renommés. J'ai bien sûr souvent la couverture avec Speedy en train de se faire un shoot, mais je n'ai pas lu ce numéro.
RépondreSupprimerCe qui me retenait était un a priori négatif sur les scénarios, ramassé je ne sais où. Ton article m'aide à mieux apprécier l'importance de ces histoires, et le relatif plaisir de lecture qui en découle.
C'est la deuxième fois que je lis cette compilation. J'avais été plus sévère à la suite de la première lecture. Quoi qu'il en soit, la réputation de ces épisodes n'est peut-être plus entièrement justifiée aujourd'hui. J'ai néanmoins un gros faible pour le #83, "And A Child Shall Destroy Them!", écrit dans une veine plus fantastique et mystère que sociale.
SupprimerJe n'arrive pas à accéder à ton article sur Bretagne, publié aux Humanoïdes Associés en février 1999.
RépondreSupprimerTu parles de celui-ci ?
RépondreSupprimerhttps://les-bd-de-barbuz.blogspot.com/2019/11/bretagne-les-humanoides-associes.html
Oui merci. Je ne sais pas pourquoi il apparaît comme dernier articles pour ton blog sur ma page. J'ai dû faire une fausse manipulation quelque part. Je vais essayer de trouver d'où ça vient.
RépondreSupprimerNe cherche pas. C’est moi qui ai fait une mauvaise manipulation. J’ai dû créer un double de mon article sur « Bretagne » que j’ai publié à la suite d’un bidouillage. C’est comme ça qu’il est apparu sur ta liste. J’ai même cru un instant avoir perdu mon article et les commentaires.
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