dimanche 2 février 2020

Olympus Mons (tome 3) : "Hangar 754" (Soleil ; janvier 2018)

"Olympus Mons" est une série de bande dessinée de science-fiction en six numéros. Créée en 2017 par le Français Christophe Bec et l'Italien Stefano Raffaele, elle a été publiée dans la collection Fantastique Soleil de l'éditeur Soleil (qui a été vendu à Delcourt en juin 2011) entre janvier 2017 et septembre 2019. "Hangar 754" (janvier 2018) est le titre du troisième tome. Cet album cartonné grand format comprend quarante-six planches.
Bec, qui a écrit le scénario, est connu pour "Androïdes", "Bikini Atoll", "L'Aéropostale, des pilotes de légende", ou "Carthago", entre autres. Raffaele réalise les illustrations et l'encrage ; il a non seulement œuvré sur de la BD européenne, mais aussi sur des comics, en particulier "Hellboy", "X-Factor", "Batman", "Birds of Prey", "Conan the Barbarian", "Eternal Warrior", ou encore "Hawkeye". La mise en couleur a été déléguée aux Indiens de Digikore Studios, qui travaillent souvent avec Soleil. Enfin, les couvertures de la série ont toutes été confiées à Pierre Loyvet

À l'issue du tome précédent, Henning et ses plongeurs ouvrent l'écoutille de "l'Anomalie", mais ils sont aussitôt cernés pas des drones. Hantée par ses visions, Marta Kulgina fuit son domicile. 
Mars, il y a longtemps. Trois astronefs, identiques en tous points à l'Anomalie de la mer de Barents, décollent de leur planète et, en formation, traversent l'espace à une vitesse fulgurante, vraisemblablement en direction de la Terre. Île d'Hispaniola, à la péninsule de Samaná (située en actuelle République dominicaine). Peu après, quelques silhouettes humanoïdes émergent de la jungle. Une armure intégrale et dorée recouvre leur corps. La visière de leur casque est animée par un écran diffusant des idéogrammes inconnus. Ils parcourent une vaste clairière, puis continuent leur chemin, avant d'arriver en vue d'une cité lacustre qui a été bâtie à côté d'une chute d'eau spectaculaire... 

Bec s'emploie à démêler les multiples fils chronologiques de son intrigue, révélant quelques éléments au compte-gouttes. L'album commence par une série de quatre planches sans paroles, à l'exception du cartouche de la toute première case. Devant ces scènes qui défilent, le lecteur, captivé, ne pourra pas s'empêcher de se livrer aux spéculations les plus folles. Le scénariste alimente les autres lignes temporelles : l'exploration des côtes américaines par les navires de l'expédition de Christophe Colomb ou encore la mission russe de 1949 en Turquie sur le mont Ararat. "Hangar 754" est le premier tome dans lequel l'auteur ne lance pas de nouvelle sous-intrigue. C'est également le plus spectaculaire, en tout cas jusqu'ici. L'un des membres de l'équipe de Tracker Legends subit le même sort terrifiant que ces soldats soviétiques soixante-dix-sept ans plus tôt. Bec dépeint ces courses folles et ces incroyables prises de risque : d'un côté, les autorités militaires de l'URSS qui, sans grande émotion apparente, doivent faire face aux dégâts collatéraux parmi leurs propres troupes, et de l'autre, les trois jeunes aventuriers, prêts à tout pour conserver l'exclusivité de la découverte de la mystérieuse épave, sans oublier le groupe de plongeurs d'Oceans' Pathfinder, résolus à percer une ouverture malgré tous les avertissements. Enfin, les premiers affrontements physiques ont lieu, apportant une rupture narrative et une légère et temporaire dissipation de cette atmosphère d'inéluctable apocalypse. Tout en parvenant à happer le lecteur, le scénario souffre de quelques faiblesses en matière de narration ; ainsi, le sous-marin soviétique (il rappellera la tragédie du K-141 Koursk) est soudainement bloqué dans les profondeurs à la suite d'un enchaînement d'événements qui manque de limpidité. Idem avec Marta Kulgina ; le lecteur sera tenté de revenir quelques pages en arrière pour s'assurer qu'il n'a rien raté. L'affrontement entre hommes-grenouilles pâtit de ce même défaut. "Olympus Mons" et "Hangar 754" présentent néanmoins une approche rafraîchissante (si elle se confirme, toutefois) : les véritables héros de cette saga seraient donc les Russes plutôt que les Occidentaux. La partie graphique est moins satisfaisante que celle des deux numéros précédents. Les visages, surtout, souffrent d'une irrégularité chronique dans les traits des protagonistes ; Raffaele brosse des portraits aboutis, mais il est probable qu'il soit moins à l'aise avec les plans plus éloignés, à moins que cela ne soit dû à l'encrage ou à la mise en couleur, qui tapisse les illustrations d'une pellicule terne. 

"Hangar 754" présente quelques faiblesses narratives. La partie graphique ne parvient pas à convaincre entièrement et montre également des irrégularités. La qualité de l'intrigue est toujours réelle ; elle réussit, en partie, à combler ces insuffisances. 

Mon verdict : ★★★☆☆

2 commentaires:

  1. Je n'avais jamais entendu parler de l'anomalie d'Ararat, merci pour le lien.

    Je ne m'étais pas rendu compte que cette série est terminée, avec du coup un rythme rapide pour du franco-belge : 6 albums en 3 ans et un seul dessinateur.

    A te lire, l'entremêlement des différentes intrigues à l'air assez particulier.

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    1. Je suis surpris par l'ampleur du scénario de Bec, et par toutes les références de type "histoire secrète" qu'il y incorpore. À l'issue du troisième tome, la partie graphique me déçoit un peu.

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