Le second volet de l'intégrale consacrée à Spider-Man par Panini Comics est sorti en juin 2002 ; ce tome à couverture cartonnée avec jaquette amovible compte trois cent trente planches, et il regroupe les versions françaises des "Amazing Spider-Man" #8-19 (janvier à décembre 1964) ainsi que l'annuel (#1) d'octobre 1964.
Stan Lee (1922-2018) écrit tous les scénarios, et Steve Ditko (1927-2018) réalise les dessins et l'encrage de tous les épisodes, à l'exception de la seconde partie du #8, dans lequel il encre le travail de Jack Kirby (1917-1994). Concernant la mise en couleur, aucun artiste n'a été crédité : peut-être était-ce Stan Goldberg ?
À l'issue du tome précédent, Spider-Man neutralise le Vautour et vient taquiner J. Jonah Jameson. Puis Parker revient au bureau et flirte avec Betty Brant, pendant que Jameson calme ses nerfs.
La Midtown High School. À l'occasion de son cours, monsieur Warren, le professeur, présente à ses élèves un bien étrange robot. Des déménageurs l'installent dans le laboratoire. La mécanique impressionne fortement nos lycéens, y compris Flash Thompson, ce qui lui vaut une raillerie de Peter Parker. La réponse de Thompson est cinglante : d'une baffe, il envoie valser les lunettes de Parker, qui se brisent au sol. Malgré l'intervention de Liz Allan, le ton monte et les deux jeunes hommes se promettent de régler leurs comptes après leur classe. Intérieurement, Parker fulmine. Il en a assez de jouer les tocards afin de préserver son identité secrète. L'enseignant les rappelle à l'ordre et déclare que le cours de travaux pratiques du jour va sortir de l'ordinaire. Monsieur Petty, de la compagnie International Computing Machines, est venu faire une démonstration du robot. Il leur présente d'abord la machine, appelée le Cerveau vivant : des pieds montés sur roulements à billes, pour se déplacer, des bras conçus pour effectuer des opérations simples. La nouveauté ? L'androïde peut réfléchir...
En 1964, Spider-Man capitalise sur son démarrage en trombe. Certes, tous ces épisodes sont loin d'être inoubliables : Spider-Man y affronte le Cerveau vivant, un robot doté d'intelligence artificielle dans un récit sans intérêt et fait face au Ringmaster dans un autre qui ne vaut guère mieux. Il continue de lier des connaissances au sein de la communauté naissante des super-héros ; s'il se chamaille avec la Torche, il rencontre également Daredevil, se bat contre des répliques des X-Men, doit ruser pour échapper à Hulk. Lee invite ainsi ses créations récentes dans l'objectif de faire du placement de produits et de soutenir des franchises fragiles. En revanche, c'est dans ces pages que le Tisseur croise Electro (dans le #9 de février), le fabuleux Mysterio (dans le #13 de juin), l'incontournable Bouffon vert (dans le #14 de juillet) ainsi que Kraven le Chasseur (dans le #15 d'août). Voilà une magnifique et très imaginative kyrielle de super-vilains de premier plan qui marqueront davantage les esprits que les intrigues parfois rudimentaires que conçoit Lee. Cependant, pour captiver les lecteurs, le scénariste ne permet à Parker de souffler à aucun moment. Le jeune homme accumule les difficultés et ne sait plus où donner de la tête. Il est accablé autant par sa solitude que par ses responsabilités, non seulement en tant que justicier, mais aussi en tant que dernier "homme de la famille". Lee lui impose un rythme infernal : santé vacillante de sa bien-aimée tante May, soucis financiers, craintes liées à son identité secrète, peines de cœur, désamour de la foule, haine tenace de J. Jonah Jameson, ou perte de ses pouvoirs. Et comme si cela ne suffisait pas, six de ses pires ennemis s'allient pour l'éliminer. Toutes les facettes de la vie du jeune super-héros sont habilement mélangées dans un cocktail narratif à la cadence très soutenue, qui bénéficie des illustrations de Ditko. Bien qu'il y ait un travail remarquable sur l'expressivité, le trait de ce dernier n'a rien d'extraordinaire. Son découpage est standard et le niveau de détail des arrière-plans est à peine satisfaisant dans le meilleur des cas ; en revanche, ses compositions emplies de punch, d'incessantes cabrioles et de postures pleines d'énergie auront très largement contribué au Spider-Man "définitif".
La traduction est de Geneviève Coulomb. Outre le vocabulaire désuet, il y a des fautes (accord, ponctuation, incohérence tutoiement-vouvoiement). Il faut retraduire ces histoires. Côté maquette, les couvertures sont encore insérées en fin de recueil.
Le plaisir de lecture à l'issue de ce deuxième volume reste toujours aussi vif. Peter Parker vit sa première véritable descente aux enfers, face à des super-vilains hauts en couleur. Le ballet du Tisseur de Ditko est intemporel. Ces pages sont essentielles.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbüz
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Un commentaire plein d'entrain qui transcrit un grand plaisir de lecture. Visiblement dans ces épisodes, Stan Lee s'est éloigné de la source d'inspiration animalière pour les ennemis, même s'il y a le retour du docteur Pieuvre. :)
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé tes phrases sur Steve Ditko car je trouve qu'il est difficile de pointer du doigt en quoi ses pages sont remarquables et en les raisons pour lesquelles sa version du personnage s'est imposée comme la référence, au-delà du fait qu'il ait été le premier à dessiner ses aventures.
Oui. Ce qui m'a étonné le plus, c'est la différence entre les planches qui mettent en scène Peter Parker et celles où Spider-Man est en action. Si les premières sont banales, les secondes me semblent comme... habitées : des compositions formidables qui traversent les âges avec une grâce immaculée. Cela m'a fait penser à Robert E. Howard, qui prétendait être dans un état presque second lorsqu'il écrivait les nouvelles avec Conan. Là, j'ai vraiment l'impression que Ditko s'est surpassé, et qu'il n'a eu aucun mal à le faire. Étrange.
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