dimanche 17 janvier 2021

The Punisher (tome 14) : "La Résurrection de Ma Gnucci" (Panini Comics ; septembre 2009)

"La Résurrection de Ma Gnucci" est le quatorzième volet de "The Punisher", série regroupant les versions françaises des soixante-quinze numéros de la VO (de mars 2004 à octobre 2009) en dix-huit volumes publiés chez MAX - le label adulte de Marvel - entre avril 2004 et janvier 2011. Cet album, sorti en mai 2009, ne s'intègre pas dans la série régulière ; il s'agit de la VF de la minisérie "The Resurrection of Ma Gnucci", constituée des "Punisher: War Zone" (le volume 2) #1-6, sortis sur deux mois, en février et mars 2009. Le sujet de ce billet est la première édition en version française, soit un recueil broché, format 26,0 × 17,5 centimètres, à la couverture flexible, d'à peu près cent quarante-cinq planches. 
L'Américain Garth Ennis ("Preacher", "The Boys" ou "Hellblazer") écrit le scénario dans son intégralité ; le Britannique Steve Dillon illustre les six chapitres (le dessin et l'encrage). Ils avaient déjà collaboré sur les cinquième et sixième volumes de "Punisher". Le Californien Matt Hollingsworth façonne la mise en couleur, enfin. 

Une plage à quelques kilomètres de New York, un soir. Charlie Schitti et son meilleur ami Andy marchent dans le sable ; Andy est armé d'un fusil à pompe. Il exprime ses regrets à Charlie, qui ne doit rien y voir de personnel. Charlie comprend, même s'il ne se sent pas moins mal pour autant. Andy n'en revient pas : Pete Alceno qui lui a ordonné de descendre son pote. Charlie estime que "c'est mieux comme ça" ; il préfère que ce soit lui, Andy, plutôt qu'un inconnu, un parfait étranger. Andy pense que la réaction de Charlie est "sympa". C'est un sacré mec, Charlie. Andy stoppe. Ils se trouvent dans une zone dissimulée par des dunes herbeuses ; l'endroit est parfait. Charlie demande comment procéder. Andy répond qu'il pourrait s'agenouiller au bord de l'eau face à l'océan. Il n'a pas envie de voir ça. Charlie obtempère, mais précise à Andy qu'il n'est pas obligé de le faire. Ils pourraient quitter la ville, s'installer ailleurs tous les deux, ne jamais remettre les pieds ici... 

Panini Comics France intègre donc dans sa collection cette minisérie sans rapport avec les autres recueils, si ce n'est qu'elle est a été écrite par Ennis. Étrange décision éditoriale, qui n'est qu'une parmi toutes celles de cette maison ; beaucoup sont coutumiers du fait, malheureusement. C'est dommage, car elle correspond à une vision d'Ennis qui n'est pas celle du septième volume (2004-2009). Elle fait référence au cinquième (2000-2001), qui met Frank Castle aux prises avec la famille Gnucci. Cette mini est donc une séquelle. Inutile d'espérer retrouver l'atmosphère réaliste, crue, et violente de la période 2004-2009. Tout cela est présent, mais un cran en dessous. Une fois que les lecteurs se seront conditionnés à ces différences, ils pourront apprécier l'histoire. Car "La Résurrection de Ma Gnucci" est un divertissement bien ficelé conçu par une équipe artistique - et surtout par un scénariste - qui a largement fait ses preuves sur cette franchise. Dans ces pages, Castle en découd avec Ma Gnucci - une ennemie teigneuse pourtant censée être morte - et la progéniture de l'Élite - tué par le justicier lui aussi. Malgré ces références à une certaine continuité, l'album se lit sans gêne et il n'est pas indispensable de connaître le cinquième volume. Ennis brille souvent par les personnages secondaires : le récit ne fait pas exception à la règle. Il y a Charlie Schitti, ce mafieux pas méchant qui s'éprend d'une citrouille ; et surtout Molly von Richthofen, agent du NYPD et lesbienne jalouse qui renferme en elle un fond de domination et de violence. Ennis ne résiste pas à ses pulsions graveleuses et outrancières, en témoignent la scène du singe et l'explication finale. Entre les deux, von Richthofen trouve à qui parler dans une séquence très grivoise, qui a dû hérisser le poil des activistes féministes. Le trait de Dillon se marie parfaitement avec cette atmosphère. Ses portraits sont expressifs, et ses compositions dynamiques. Le style est réaliste, mais laisse place à l'exagération : gerbes de sang criardes à l'impact des projectiles, fusillades et explosions spectaculaires, etc. Si le coup de crayon est soigné, arrière-plans et fonds de case sont rationalisés. L'artiste varie peu les perspectives. Il a une préférence affirmée pour les plans de taille et de poitrine. 
La traduction est à nouveau de Nicole Duclos. Son boulot est globalement très honorable, malgré une petite faute de français. L'éditeur, encore une fois, regroupe les couvertures originales à la fin ; il aurait dû les insérer au début de chaque chapitre. 

"La Résurrection de Ma Gnucci" est une minisérie qui porte indubitablement le sceau d'Ennis : tour à tour jubilatoire, outrancière, et violente, mais avec des moments comiques, elle est cependant éloignée de la noirceur profonde du septième volume. 

Mon verdict : ★★★★☆ 

Barbüz 
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3 commentaires:

  1. Panini Comics France intègre donc dans sa collection cette minisérie sans rapport avec les autres recueils : étrange, comme tu dis, puisque Ennis revenait à la version Marvel Knights, bien distincte de la version MAX.

    Un divertissement bien ficelé : oui, même impression que toi, Ennis tire quelques ficelles qu'il a déjà usées et l'intrigue est assez mince. Dillon s'applique mais il n'a pas beaucoup progressé depuis la fois dernière (sauf pour la mise en scène). L'intrigue secondaire liée à Elite m'a semblée aussi fade que dans Welcome back, Frank!. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver ce Punisher plus simple et plus radical, avec un humour plus trash.

    Comme toi, j'ai eu l'impression qu'Ennis s'était pris d'affection pour Molly von Richthofen.

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    1. J'ai pensé un instant à lire le cinquième volume de la série, mais je crains que le côté "trash" finisse par me lasser. Je vais d'abord finir ce volume-là ; nous verrons ensuite.

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    2. A de rares exceptions près, je n'ai pas réussi à m'intéresser aux versions de Punisher après Garth Ennis. Par contre, j'ai bien aimé retracer son évolution à partir de sa première apparition dans Amazing Spider-Man : Steve Grant & Mike Zeck, puis Mike Baron.

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