samedi 27 février 2021

"Flash, la légende" : Carmine Infantino (tome 1/2) (Urban Comics ; janvier 2016)

Publié dans la collection "DC Archives" d'Urban Comics en janvier 2016, ce recueil est le premier de deux lourds et épais volumes consacrés à la période de Carmine Infantino (1925-2013) sur le personnage de Flash. L'album contient approximativement quatre cent quinze planches, plus cinq pages de bonus. Il compile les "Showcase" #4, 8, 13 et 14 (entre octobre 1956 et juin 1958) et les "The Flash" #105 à 116 (mars 1959 à novembre 1960, en continu). 
Les "Showcase" sont écrits par Robert Kanigher (1915-2002), les "The Flash" par John Broome (1913-1999). Kanigher est considéré comme l'auteur de la première histoire de l'Âge d'argent, "Mystery of the Human Thunderbolt!", extraite du "Showcase" #4, et au sommaire de cet album sous le titre "Le Mystère de l'éclair humain !"). Infantino réalise les illustrations. Joe Kubert (1926-2012), Frank Giacoia (1924-1988) et Joe Giella se partagent l'encrage des "Showcase" ; Giella, Giacoia, et Murphy Anderson (1926-2015) celui de "The Flash". Les mises en couleurs ne sont pas créditées. 

Central City, en fin de journée. Une tempête inattendue se déchaîne au-dessus de la ville. Des éclairs strient les cieux assombris et frappent en maints endroits. Au laboratoire de la police, le technicien Barry Allen déguste un en-cas et en profite pour lire un numéro de "Flash Comics". Il admire Flash, ce héros qui affronte le crime et l'injustice, "partout à la fois". Une "arme épatante", cette "vitesse supersonique prodigieuse". Allen se prend à rêver. Comment est-ce, d'être l'homme le plus rapide du monde ? Il ne le saura jamais, ce Flash n'est qu'un personnage imaginé par un scénariste. Sur ces pensées, Allen retourne à son expérience. Il a tous les produits chimiques connus sous la main, dans l'étagère ; il a de quoi faire. C'est alors que frappe la foudre : une lumière aveuglante emplit la pièce et le laboratoire explose dans un craquement assourdissant. Allen est assommé. Il reprend ses esprits un instant après. Certaines substances ont été renversées sur lui... 

Voici trente-deux récits - certains numéros en comprennent deux - qui inaugurent les aventures du Flash 2.0 et la période de l'Âge d'argent. Ces histoires comptent une douzaine de planches en moyenne : Kanigher et Broome doivent donc aller droit au but. Les trames sont construites en trois actes : le crime, le premier affrontement, remporté par le méchant, et la revanche et la victoire pour Flash, qui met son ennemi derrière les barreaux. Kanigher ne prend le temps d'éclaircir ni la confection du costume ni la maîtrise de la vitesse. Flash opère toujours en solo. Wally West - Kid Flash - n'apparaît que dans le #110 (janvier 1960) et a ses propres aventures, il n'est donc pas un véritable acolyte. Ralph Dibny - Extensiman ("Elongated Man" en VO), créé dans le #112 (mai 1960) - est d'abord un rival. Les personnages secondaires sont inexistants, à l'exception d'Iris West, la fiancée d'Allen, jolie jeune femme exigeante que la lenteur de ce dernier - retardataire pathologique - exaspère ; l'un des deux points faibles d'Allen, qui lui voit des prétendants partout. L'autre est la popularité de Flash, Allen n'appréciant pas que son alter ego ne remporte pas le prix d'Homme de l'année de Central City ! Flash combat des savants fous, des extraterrestres, des criminels ordinaires, des entrepreneurs corrompus et des super-vilains dont Gorilla Grodd, le Maître des miroirs, et Captain Cold sont les plus utilisés. Le poids de la Comics Code Authority et de ses critères de 1954 est marqué ; cela explique l'absence de violence. Peu ou prou de fusillades ou d'affrontements physiques, Flash frappe rarement les ennemis et crée plutôt - à l'aide de sa célérité - des tourbillons pour les neutraliser et les amener au commissariat. Passons sur les incroyables pouvoirs - toujours plus invraisemblables - qu'il tire de la super-vitesse. Enfin, c'est le crépuscule des florissantes années cinquante : ces aventures sont manichéennes. Les questionnements sur les thèmes sociaux seront l'apanage de la décennie suivante. 
Un seul artiste, et de talent : l'uniformité est donc bienvenue. Infantino dessine son Flash sans musculature outrancière, presque filiforme ; iconique et intemporel. La retranscription des mouvements est satisfaisante. Son découpage est limpide et ses plans sont variés, mais ses arrière-plans, parfois, sont pauvres en détail. 
La traduction a été confiée à Jean-Marc Lainé et Edmond Tourriol, et pour un "comic book" en français, elle est d'une qualité remarquable ! Seule une faute de syntaxe a été relevée ("Je garantis [...] de") ; il y en a une autre dans les bonus : "pallier à"

Ces histoires sont d'une qualité moyenne régulière et aucune n'émerge véritablement du lot. Malgré cela, les lecteurs se laisseront prendre par des aventures désuètes façonnées pour éviter la censure, mais qui fleurent bon la fin des années cinquante. 

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbüz 
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4 commentaires:

  1. J'avais également été attiré par ces épisodes. À l'époque, DC Comics avait initié une collection bon marché : Flash Chronicles 1 contenait les aventures de Flash parues dans les numéros 4, 8, 13 et 14 de la série "Showcase", ainsi que les épisodes 105 et 106 de la série "Flash".

    Du point de vue du lecteur lambda contemporain, il s'agit d'une collection d'épisodes sans grande tension narrative, avec un côté kitch très prononcé, mais pas pénibles à lire, juste datés. Du point de vue du lecteur curieux de l'histoire du personnage ou des comics, il s'agit d'une lecture indispensable en tant qu'origine historique du Flash, et témoignage d'une autre époque, ainsi qu'un artefact de la naissance de l'âge d'argent des comics. Cela permet de mieux comprendre le symbole représenté par la mort de Flash (Barry Allen) lors de Crisis on infinite earths (1985), l'importance de son retour 24 ans plus tard dans Flash rebirth (2009), et son rôle à nouveau symbolique dans la clôture de l'univers partagé DC dans Flashpoint (2011), avant son redémarrage à zéro dans le cadre de l'opération New 52.

    Moi aussi, je me suis laissé prendre par des aventures désuètes façonnées pour éviter la censure, mais qui fleurent bon la fin des années cinquante.

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    1. S'il est sorti et que tu l'as lu, peux-tu me confirmer qu'il y a - en VO - un second tome ?
      Car l'éditeur français, Urban Comics, présente ce tome comme le premier d'un diptyque, mais il est sorti il y a cinq ans déjà et rien n'est annoncé concernant la sortie du second (style : ça ne marche pas, alors on arrête, comme le faisait Panini Comics dans le temps).

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    2. En VO il y a eu 4 tomes des Flash Chronicles : tome 1 - épisodes 4, 8, 13 et 14 de Showcase + épisodes 105 & 106 de Flash ; tome 2 - épisodes 107 à 112, tome 3 - épisodes 113 à 118, tome 4 - épisodes 119 à 124.

      Il y a également eu une collection Flash Archives (2010-2012, 6 tomes) qui a réédité la série jusqu'au numéro 150 inclus.

      En 2018, DC Comics a initié une nouvelle collection en format Omnibus avec The Flash: The Silver Age Omnibus Vol. 1 qui contient les 4 tomes de la Chronicles + Flash Comics 104, et les épisodes de la série The Flash jusqu'au 132 inclus.

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    3. Merci de ces informations.

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