samedi 12 juin 2021

"Justice League International" : Volume 1 (Urban Comics ; août 2016)

Cet album est le premier de la série qu'Urban Comics consacre au volume 1 de la "Justice League" ; il est sorti en août 2016 dans la collection "DC Essentiels" de l'éditeur. Cet épais recueil au format 19,0 × 28,5 centimètres et à couverture cartonnée contient trois cent quatre-vingt-quinze pages approximativement. On trouve à son sommaire les versions françaises des "Justice League" #1-6 (de mai à octobre 1987) ; du "Justice League Annual", de septembre 1987 ; puis des "Justice League International" #7-13 (de novembre 1987 à mai 1988) ; ainsi que du "Suicide Squad" #13 (de mai 1988)
Keith Giffen et John Marc DeMatteis écrivent tous les scénarios et Kevin Maguire en dessine la quasi-totalité sauf l'annuel, confié à Bill Willingham, et le "Justice League International" #13, réalisé par Giffen. Terry Austin encre le "Justice League" #1, mais ensuite Al Gordon devient le titulaire. Robert Campanella, Dick Giordano (1932-2010), Dennis Janke, Bruce D. Patterson, P. Craig Russell et Bill Wray encrent l'annuel. Gene D'Angelo signe la mise en couleur. Le "Suicide Squad" est écrit par John Ostrander, dessiné par Luke McDonnell, encré par Bob Lewis, mis en couleurs par Carl Gafford

Quartier général de la Ligue de Justice. Pour l'instant, Guy Gardner est encore seul dans la salle de réunion. Un pied sur la table, il répète son discours intérieurement, celui où il compte annoncer à ses camarades qu'il prend la direction de la super-équipe ; il est persuadé que cela passera à l'aise. L'excitation monte à l'instant où le téléporteur retentit ; c'est Black Canary. Elle ne s'étonne pas que Gardner soit le premier. Le Green Lantern répond qu'il aime la ponctualité ; "Comme Mussolini", rétorque Canary. Une salve de piques suivie par d'autres ; Gardner se moque de la nostalgie de Canary tandis qu'elle raille son coéquipier lorsqu'il fait référence à Sylvester Stallone. Le téléporteur vrombit à nouveau. Cette fois ce sont Mister Miracle et Oberon qui en sortent. Miracle avoue ses réserves à l'égard de la Ligue ; Oberon y voit surtout une aubaine... 

Les années quatre-vingt. Pour DC Comics, sans doute la décennie la plus créative. De toute évidence, "Justice League International" s'inscrit dans cette période dorée. Nouvelle équipe artistique ; nouvelle approche. Dès les premières pages, les lecteurs sentent qu'ils ont en main une série différente du comic book ordinaire ; "Justice League International", c'est une bande de grands enfants, de héros immatures, qui passent leur temps à se railler ou à se chamailler, certains pour s'affirmer ou diriger les opérations. Pas de soliloques introspectifs ici, mais des échanges souvent très drôles, inattendus, et extrêmement rafraîchissants. Le travail sur les caractérisations est surprenant : Batman, plus intransigeant et ronchon que jamais ; Guy Gardner, en véritable tête à claques ; Blue Beetle, toujours à se marrer ; Black Canary pour la touche féministe ; Captain Marvel pour le côté enfantin. Curieusement - ou peut-être pas -, le membre le plus adulte de la troupe est le Limier martien. Ce patchwork engendre une alchimie étonnante, qui se traduit dans des dialogues qui font mouche (les bulles de pensée prouvent là toute leur utilité), surtout lors des séquences se déroulant en dehors des gros combats. Un régal, d'autant que les scénarios sont intéressants, avec ces enjeux politiques en arrière-plan : les relations de l'Amérique de Reagan avec l'URSS de Gorbatchev et la Bialye du colonel Harjavti (la Libye de Kadhafi). Il y a ici une petite dose d'iconoclasme omniprésente. Pourtant à partir du #11 la mécanique montre des signes d'essoufflement. Le propos est moins percutant. Les auteurs font appel à la Suicide Squad pour un crossover court, mais il ne tient pas ses promesses et rien n'y fait, comme si le sérieux du comic book de superhéros ordinaire reprenait le dessus. Le deuxième tome confirmera-t-il cette tendance ? 
Le style de Maguire évolue dans le registre réaliste. Les personnages qu'il dessine répondent au canon super-héroïque, mais sans outrance ; tout est dans la mesure. En revanche, le travail de l'artiste sur les physionomies et les expressions faciales est d'autant plus marquant qu'il se met en osmose avec le texte et le ton des dialogues. L'annuel tranche, la qualité du fini des planches de Willingham étant inférieure ; idem concernant celles de McDonnell. La colorisation présente quelques bavures. 
La traduction a été déléguée à Jérôme Wicky, à l'exception du "Suicide Squad", dont est chargé Mathieu Auverdin : une double coquille ("Rider" au lieu de "Ryder"), une faute d'accord, une de langue, deux de conjugaison. Wicky nous a habitués à mieux. 

Même si la réussite de son modèle narratif s'étiole vers la fin et qu'il contient quelques petites faiblesses d'écriture, ce premier tome de "Justice League International" propose un divertissement de première classe, qui est devenu culte au fil du temps. 

Mon verdict : ★★★★☆

Barbüz

2 commentaires:

  1. Comme je te le disais, j'ai eu la chance de lire ces épisodes un par un au fur et à mesure de leur parution initiale alors que je débutais la VO, et que j'étais grand débutant en dans l'univers partagé DC. Je ne savais pas qu'il s'agissait du redémarrage juste après Crisis on infinite Earths. Autant dire que rien ne m'avait préparé à ces chamailleries irrésistibles.

    Je suis tout autant que toi tombé sous le charme du travail de Maguire sur les physionomies et les expressions faciales : là encore irrésistible, que ce soit la naïveté et la candeur sans borne de Captain Marvel, ou le sérieux adulte de J'onn J'onzz.

    Je suppose que c'était une découverte pour toi ?

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  2. Oui, c'est exact, c'est une découverte. D'ailleurs, je crois bien - c'est à confirmer - que ces épisodes étaient inédits en VO avant cette publication Urban Comics. En tout cas, je ne me souviens pas les avoir lus avant, ni chez Comics USA, ni chez SEMIC, ni chez Panini Comics.

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