"Décennies" est une collection créée à l'occasion des quatre-vingts ans de Marvel, et qui a pour but de montrer l'évolution de cet univers au fil du temps en quelques morceaux choisis. Couvrant les années soixante-dix, ce troisième recueil, intitulé "La Légion des monstres", est consacré aux séries d'horreur Marvel. Cet album relié au format 17,5 × 26,5 cm compte deux cent trente-cinq pages. Programme : les versions françaises des "Legion of Monsters" #1 (septembre 1975), "Marvel Preview" #8 (septembre 1976) et "Marvel Premiere" #28 (février 1976), du récit "Night of Full Moon: Night of Fear" tiré du "Marvel Spotlight" #2 (février 1972), du "Tomb of Dracula" #1 (d'avril 1972), du "Marvel Spotlight" #5 (août 1972) et du "Frankenstein" #1 (janvier 1973). Seuls les cinq derniers numéros sont en couleurs ; le reste est en noir et blanc.
Parmi les scénaristes figurent les noms de Doug Moench, Marvin Wolfman, Gerry Conway, Roy Thomas, Bill Mantlo ou encore Gary Friedrich (1943-2018) ; parmi les dessinateurs, il y a ceux de Dave Cockrum (1943-2006), Dick Giordano (1932-2010), Gene Colan (1926-2011), Frank Robbins (1917-1994), et Mike Ploog. Parmi les encreurs, ceux de Dan Adkins (1937-2013), Sam Grainger (1930-1990), Pablo Marcos, Steve Gan. Les coloristes sont peu crédités.
Une nuit, dans une grande ville. Le Monstre de Frankenstein, désœuvré, est assis à même le sol ; il rumine ce terrible sentiment de solitude qui l'étreint. Soudain, il aperçoit, à la lumière des réverbères, une silhouette gracieuse ; il se décide à la suivre. Elle laisse un sillon de paillettes derrière elle. Pour lui, pas de doute : il s'agit d'une princesse. Le chemin que suit la jeune femme le mène jusqu'à un manoir, situé à l'extérieur de la ville. Dans sa précipitation, la princesse a perdu un morceau de sa robe, qui est resté accroché à la branche d'un arbuste. La créature maudite pourra-t-elle se contenter de ce fragment ? Non, pas cette fois. Il doit suivre la princesse ; elle vient juste d'entrer dans la maison...
Voilà un recueil bienvenu, dont la plupart des histoires accrochent les lecteurs dès la première planche. Tout y est, les vampires, les loups-garous, les monstres divers, les extraterrestres, et bien d'autres encore. Toutes les grandes légendes répondent présent, Dracula, le monstre de Frankenstein, et Anubis. Certains récits mettent en scène des personnages à mi-chemin entre les genres horrifique et super-héroïque : Morbius, le Motard fantôme et, dans une moindre mesure, L'Homme-Chose. La seule absente de taille est N'Kantu, alias la Momie vivante, créée en août 1973 dans le "Supernatural Thrillers" #5. Ne voir dans ces épisodes qu'une référence aux films de la Hammer est d'une évidence telle qu'elle en devient éculée. Quoi qu'il en soit, le ton et l'atmosphère sont bien plus adultes que les séries de superhéros, qui s'adressent traditionnellement à un public plus juvénile. Ce qui est marquant, dans plusieurs de ces numéros, c'est que les monstres ne sont pas forcément toujours ceux auxquels on pense en premier lieu. Ils peuvent être victimes (le Monstre de Frankenstein, Manphibian) et antihéros (Blade, le Ghost Rider, le Loup-Garou et Morbius) autant que bourreaux (Dracula). Une sélection subjective d'aventures de ce tome très réussi, "The Monster and the Masque", "The Flies!", "Death Be Thou Proud", "The Madman of Mansion Slade", et "Into the House of Terror!". Le format dépasse rarement la vingtaine de pages en vigueur dans l'industrie. Petite note : "Where Gargoyles Dwell!", la seconde histoire du "Marvel Spotlight" #2, n'a pas été ajoutée à la somme, alors que le volume reprend l'intégralité de tous les autres numéros. La raison est qu'il s'agit d'une réimpression d'un récit des années cinquante - publié à l'origine dans le "Venus" #16 d'octobre 1951 - et donc pas des années soixante-dix.
La qualité moyenne des dessins est très élevée, bien que les styles ne soient pas uniformes. Val Mayerik, Cockrum, Giordano, et Sonny Trinidad, par exemple, évoluent dans le répertoire classique de l'âge de bronze. Le trait de Paul Kirchner se situe dans un registre assez proche de la caricature, sans réellement franchir le pas. Faut-il souligner ce clair-obscur qui caractérise les numéros signés Colan ? Ploog, lui, accentue l'expressivité des visages de façon un brin outrancière.
Benjamin Viette, Stéphane Le Troëdec, Khaled Tadil et Jérôme Wicky se divisent une traduction de qualité malgré une petite faute d'accord, une coquille et une forme négative un peu malmenée ; une page est assez mal scannée, mais elle reste lisible.
Cet album est une bénédiction pour les amateurs d'histoires horrifiques de l'âge de bronze. Produites ici par les plus grands, elles raviront leur public, mais l'offre en la matière demeure très sommaire. Cinq étoiles pour le contenu, quatre pour l'édition.
Mon verdict : ★★★★★
Barbüz
La seule absente de taille est N'Kantu : et dans les superhéros il manque Daimon Hellstrom, le fils de Satan.
RépondreSupprimerPour la 1ère partie, les épisode en noir & blanc, j'ai trouvé une partie des scénaristes un peu pesant, avec des gros pavés de texte, mais des dessins très bien exécutés.
Pour la 2nde partie, la saveur est plus superhéros. Je n'avais pas beaucoup apprécié le 1er épisode de Tomb of Dracula par Conway, ayant préféré les épisodes de Wolfman et Colan, une fois qu'ils avaient trouvé leur rythme, après quelques épisodes.
Comme toi, j'avais apprécié de pouvoir ainsi disposer d'un pot pourri d'histoires horrifiques de l'âge de bronze, tout en regrettant un goût de trop peu.
J'aimerais beaucoup que Panini Comics France propose d'autres pots-pourris de ce genre ; je suis sûr qu'il y a suffisamment de matière.
SupprimerEn attendant, j'ai réussi (car il est épuisé) à mettre la main sur la compilation MAX qui était sortie il y a quelques années et qui porte le même titre : "La Légion des monstres" : https://www.bedetheque.com/serie-21375-BD-Legion-des-monstres.html
Je n'ai pas lu cette version de la Légion des monstres dont certains épisodes ont une très bonne réputation. Certains noms me font saliver : Ted McKeever, Mike Carey, Charlie Huston, Jonathan Hickman, Michael Gaydos, Klaus Janson.
SupprimerAvant ces Décennies, Marvel avait édité de grosses anthologies Marvel Firsts pour les décennies 1960, 1970, 1980 et 1990. L'idée était de regrouper des épisodes qui constituaient des premières. Donc pour les années 60, les épisodes 1 des séries les plus connues, puis par la suite des numéros 1, ou des premières apparitions de superhéros n'ayant pas encore leur titre. J'avais globalement bien aimé cette rétrospective plus copieuse et plus orientée superhéros, malgré son caractère très hétérogène.
Par exemple :
https://www.babelio.com/livres/Stan-Lee-Marvel-Firsts-The-1960s/744381/critiques/848345
Pou avoir ceux sur lesquels j'ai laissé un commentaire, il faut taper les mots Marvel Firsts dans la barre de recherche Babelio.
Que de titres évocateurs !
SupprimerMerci pour ce complément d'information.