lundi 26 juillet 2021

Ghost Rider (tome 1) : "Train d'enfer" (Panini Comics ; septembre 2002)

Publié en septembre 2002 chez Panini Comics France, dans la collection "100% Marvel" de l'éditeur, "Train d'enfer" est le premier volume d'une série en sept tomes qui couvre les quatrième et cinquième volumes de la franchise "Ghost Rider" ; elle inclut aussi quelques épisodes du sixième, et la minisérie "Ghost Rider: Trail of Tears". "Train d'enfer" est un ouvrage broché au format 26,0 × 17,3 cm. L'album contient les six numéros du quatrième volume, les "Ghost Rider" #1-6 (d'août 2001 à janvier 2002). Il compte environ cent trente planches en couleurs avec, en bonus, les couvertures de la version originale. Curieusement, l'éditeur n'a pas intégré le "Ghost Rider" (juillet 2001), par les mêmes auteurs. 
Le scénario et les dialogues de ces six numéros ont été écrits par Devin K. Grayson, une autrice qui est célèbre pour ses travaux sur des titres tels que "Gotham Knights", "The Titans", "Nightwing", et "User", chez Vertigo. Les dessins ont été réalisés par Trent Kaniuga. L'artiste s'est fait connaître avec "CreeD", un comics indépendant ; l'encrage a été effectué par Danny Miki. Enfin, c'est Jeromy Cox (du studio Avalon) qui a composé la mise en couleur. 

New York City, de nos jours, sur le plateau ouvert d'une entreprise. Heath, un employé, examine le prospectus d'un spectacle de cascades. Le jeune homme aux longs cheveux blonds de la photo - il n'a pas de casque - exécute une figure de roue arrière avec sa moto. D'un air sûr de lui, il sourit à l'objectif. Il est entièrement vêtu de noir. Sur le devant de son blouson sont dessinées des flammes rouges, présentes aussi sur les flans du réservoir. Admiratif, Heath hèle l'occupant du cube voisin. Johnny ? C'est lui ? Il n'avait pourtant pas vu la mention "cascadeur" sur son CV ! Il froisse l'imprimé et le lance par-dessus la paroi. De l'autre côté, un homme en costume-cravate dépareillé est au téléphone avec sa petite amie Chloé. Il essaie de la convaincre que le moment est mal choisi. Sandy, une autre collègue, se mêle à la conversation... 

Ces six numéros constituent la quasi-intégralité du quatrième volume ; ils forment un arc complet, intitulé "The Hammer Lane" en version originale. Malgré l'indéniable coolitude du personnage, Marvel n'a jamais réussi à installer durablement une équipe artistique de premier plan sur sa franchise "Ghost Rider" ; une sorte de deuxième malédiction pour Johnny Blaze et les autres incarnations du Motard fantôme. Hélas ! Cette minisérie ne changera rien au postulat. Elle pèche autant pour son scénario peu vraisemblable que pour sa partie graphique, absolument inadaptée au sujet. Néanmoins, Grayson a quelques bonnes idées. D'abord, elle déconnecte le superhéros de sa filiation avec l'enfer, et le cadre dans une vie ordinaire : le temps des cascades est loin, et Johnny Blaze est un employé de bureau en costume-cravate, qui vient de passer le cap des trois ans de boîte. Blaze désire toujours s'affranchir de sa malédiction. Bien qu'il songe à l'exorcisme dans une scène peu convaincante, Grayson le confirme dans son rôle d'esprit de la vengeance ; une expédition punitive va l'amener à s'attaquer à un gang d'usuriers dirigé par deux frères. Horrifié par l'ampleur des actes de son alter ego, Blaze élabore le plan de son propre assassinat. Pas de démons ni d'envoyés de Satan, juste un face-à-face entre des motards et leurs machines, le fantôme contre un tueur à gages, déterminé et intrépide. La fluidité de la narration pourra susciter le scepticisme ; quelques séquences sont invraisemblables, et le Motard fantôme déambule, au vu et au su de tous, sans réellement choquer ni impressionner quiconque ; un comble, pour un démon ayant l'allure d'un squelette, avec le crâne enflammé, et dont le costume est bardé de chaînes, de clous et de rivets. Enfin, la scénariste saupoudre son arc d'un léger humour qui n'est pas adéquat. 
Kaniuga enfonce le clou dans le cercueil. Son style semi-réaliste, qui accentue l'expressivité des visages avec exagération, tourne le Ghost Rider en caricature. Carrure trop massive (son torse est hypertrophié), pieds et poings énormes (deux, voire trois fois comme son crâne), jambes fluettes. Kaniuga ajoute des flammes partout dans les compositions, déjà détallées et très dynamiques, ce qui rend certaines cases difficiles à déchiffrer. La mise en couleur, enfin, s'avère particulièrement criarde. 
La traduction a été confiée à Laurence Belingard ; son texte n'est pas extraordinaire, mais elle nous a habitués à pire. Néanmoins, notons une faute de grammaire ("se souvenir DE quelque chose"), et une de conjugaison ("s'éteind" au lieu de "s'éteint"). 

Si l'intrigue n'est pas inoubliable, "Train d'enfer" pâtit surtout de la décision incompréhensible de l'éditeur de sélectionner un artiste comme Kaniuga pour une aventure du Ghost Rider ; l'affaire eut pris une tournure différente avec un autre dessinateur. 

Mon verdict : ★★☆☆☆

Barbüz

4 commentaires:

  1. Cette minisérie pèche autant pour son scénario peu vraisemblable que pour sa partie graphique, absolument inadaptée au sujet. - Ben au moins, comme ça, c'est clair. :)

    Kaniuga enfonce le clou dans le cercueil. - Jolie expression.

    L'affaire eut pris une tournure différente avec un autre dessinateur. - C'est une réflexion que je me fais de temps à autre, en fonction de la force de la personnalité graphique de l'artiste. Pour prendre un exemple facile, je suis incapable d'imaginer Watchmen avec quelqu'un d'autre que Dave Gibbons : pour moi, ce ne serait pas la même histoire.

    En ce qui concerne Ghost Rider, je partage ton avis : pas facile de trouver une histoire de plusieurs épisodes qui se tienne sur ce personnage si charismatique. Je désespère de mettre la main un jour sur les deux miniséries de Garth Ennis. Peut-être sont-elles dans ton programme de lecture ? Il m'avait fallu un peu de temps pour m'adapter à l'écriture de Jason Aaron sur la série en 2008-2010 (22 épisodes) et j'avais fini par trouver son approche Grindhouse très savoureuse.

    Je continue de guetter un Ghost Rider Epic collection qui reprendrait les premiers épisodes de ses apparitions pour me faire une idée sur ses débuts, mais aucune annonce en ce sens pour l'instant.

    Sans transition : Bruce aimerait beaucoup pouvoir accueillir un article de ta plume sur son site. Il peut s'agir d'un article déjà existant, d'une synthèse sur une série, ou de tout autre format qui t'agréerait. Si le cœur t'en dit, je peux écrire une introduction sur ton site, ou on peut faire une courte interview par courriel, à ta convenance.

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    1. "Le clou dans le cercueil" : Je ne sais pas si l'expression est jolie ni bien trouvée, en tout cas elle est de circonstance, et j'espérais bien que tu la relèverais. J'en glisse de temps en temps dans mes articles, pour tout te dire ☺.

      "Avec un autre dessinateur". Remarque intéressante. Je n'ai pas d'avis. Je pense que ton commentaire s'applique peut-être plus aux grandes œuvres, et il est vrai que ça se vérifie dans beaucoup de cas, mais je ne sais pas si c'est systématique. Ou alors c'est que j'accorde moins d'importance que toi au dessin ?

      J'ai les deux miniséries que tu cites en stock, enfin, si tu parles bien de "Road to Damnation" et de "Trail of Tears". Je compte bien les lire. De cette série-là, il me manque les tomes 6 (par Daniel Way et Javier Saltares) et 7 (par Jason Aaron et Roland Boschi) ; j'espère bien les trouver. Je me suis aussi payé le premier tome de l'intégrale que Panini Comics consacre au personnage (période 1972-1974) ; je les avais déjà lus dans une édition VO en noir et blanc.


      Concernant l'article, oui, avec grand plaisir ; j'apprécie beaucoup l'invitation, vraiment !
      Je veux bien que tu écrives une intro, mais je suis aussi ouvert à l'interview ; comment procédez-vous, d'habitude ?
      Et si je te laissais toi choisir un article, lequel serait-ce ?
      Je te propose de continuer la discussion sur Messenger à ton aise.

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    2. Bruce m'a indiqué qu'il allait te contacter en message privé.

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    3. Oui, il m'a contacté.

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