mardi 11 avril 2023

Ghost Rider (tome 3) : "Cercle vicieux" (Panini Comics ; octobre 2007)

Sorti en octobre 2007 chez Panini Comics France dans la collection "100% Marvel" de l'éditeur, "Cercle vicieux" ("Vicious Cycle" en version originale) est le tome trois d'une série de sept volumes, qui couvre les quatrième et cinquième périodes éditoriales de la franchise "Ghost Rider", et qui inclut quelques épisodes de la sixième, ainsi que la minisérie "Ghost Rider: Trail of Tears". "Cercle vicieux" est un récit complet qui comprend les versions françaises des "Ghost Rider" #1-5 (de septembre 2006 à janvier 2007), les cinq premiers numéros de la "saison" six. Cet ouvrage broché aux dimensions 26,0 × 17,3 centimètres compte approximativement cent dix planches, toutes en couleurs, avec, en bonus, les cinq couvertures de l'édition version originale, plus une variante. 
L'auteur du scénario est Daniel Way ; chez Marvel, Way a travaillé sur des franchises telles que "Deadpool" ou "Wolverine". Javier Saltares produit les dessins ; il a notamment travaillé sur "Wonder Man" ou "Moon Knight". Ses planches ont été encrées par Mark Texeira. Saltares et Texeira avaient déjà œuvré sur "Ghost Rider" (volume trois). Dan Brown a composé la mise en couleurs. 

Le Motard-Fantôme pousse sa moto pour échapper aux créatures démoniaques qui le poursuivent. Il franchit les portes de l'enfer dans l'espoir de pouvoir - enfin - s'évader. Il roule, sans s'arrêter, jusqu'à ce qu'il réalise qu'il n'y a nulle part où aller. Le diable lui a joué sa farce favorite et Johnny Blaze a été berné, encore une fois. Il s'agenouille à même le sol et hurle son désespoir. En son château, entouré d'une cour docile et flatteuse, Lucifer jouit de cet instant tout en étant conscient qu'il n'a pas encore trouvé la formule idéale pour manipuler totalement le Motard-Fantôme. De son côté, ce dernier est en pleine crise de lucidité ; il sait que le diable l'a battu, mais il refuse la fatalité. Ivre de colère, il martèle le sol de ses poings dans un vacarme assourdissant lorsqu'il découvre une étrange créature difforme - une larve au visage vaguement humain avec deux bras - qui pousse un cri ; apeurée, la petite chose semble pétrifiée. Blaze la prend par la gorge et lui demande si le "spectacle" lui plaît. L'autre implore sa pitié... 

"Cercle vicieux" commence comme une variation sur le thème du prisonnier cherchant à s'évader sans y parvenir. Un projet qui est devenu une raison de vivre. Mais ici, le maton - particulièrement retors - n'est autre que le diable. Le lecteur croit d'abord qu'il est sur le point d'assister à une course-poursuite entre les limiers de Lucifer et le Motard-Fantôme. Si les premières pages ne démentent pas cette hypothèse, Way prouve qu'il a de l'imagination et qu'il sait être créatif dans un cadre restreint et défini par les conventions du genre, car il ménage quelques surprises et rebondissements qui font leur petit effet. La lecture n'est pas sans friction. Certaines planches sont hermétiques au premier regard, un rendu accentué par les ellipses ; le pot aux roses dévoilé, le lecteur y revient pour en saisir le sens. Il y a aussi des scènes sans suite, donc inutiles, au fond. Mais le scénario est rythmé, avec de l'action, du spectacle et du grabuge. Way ne s'embarrasse pas de temps morts, cela rend la linéarité à peine perceptible. Ça brûle, ça explose, ça se castagne, et il y a des dommages collatéraux : ambiance de série B, renforcée par les dialogues acerbes entre Blaze et Lucifer. La caractérisation de Johnny Blaze sonne juste, un perdant à l'humeur sombre, autrefois poster boy pour les filles du Midwest, sans cesse ballotté entre l'enfer et la Terre, et qui ressasse sans arrêt la tragédie qui a fait de lui le Ghost Rider, sans rien pouvoir y changer. Le dernier chapitre inclut une analepse qui revient sur les origines du personnage, qui furent actualisées dans le volume trois ; une démarche intelligente qui comble des lacunes éventuelles. La caractérisation de l'alter ego de Blaze est impeccable : coriace, intrépide, et nullement impressionnable, en témoigne la scène avec un Dr Strange particulièrement psychorigide. Bien sûr, conventions du genre obligent, un quiproquo les pousse à s'affronter, et les deux gaillards ne retiennent pas leurs coups... C'est là que Way crée le deus ex machina de son récit : le personnage de Numecet, qu'il utilise d'une manière qui ne persuadera pas complètement. Enfin, Lucifer, perfide et sadique à souhait, est plutôt convaincant. 
Les dessins sont suffisamment réussis pour faire facilement illusion. Le lecteur apprécie le sens de la composition de l'artiste, sa mise en page cinématographique avec une majorité de bandes de la largeur de la planche, des pleines - voire des doubles - pages spectaculaires, son Ghost Rider qui crève l'écran (quelle allure !), et un bon niveau de lisibilité. Mais le travail de Saltares n'est pas exempt de faiblesses : notons par exemple la légèreté des finitions (est-ce à cause de l'encrage de Texeira ?), la tendance à négliger les arrière-plans, ou encore la densité de détail généralement faible. Quant à la mise en couleurs de Brown, elle est particulièrement efficace lors des scènes nocturnes, nettement moins lors des séquences diurnes. Le combat entre le Ghost Rider et le docteur Strange est le grand moment visuel de l'arc. 
C'est Laurence Belingard qui a effectué la traduction. Chez elle, la forme négative n'existe plus. Aucune faute à relever, mais son texte n'est quand même pas terrible.

"Cercle vicieux" est une série B horrifique dont les lacunes de la construction narrative sont d'autant moins rédhibitoires qu'elles sont compensées par de bonnes idées. Haletante, musclée, parfois passionnante, elle met le Motard-Fantôme face à Lucifer, le seul et unique ennemi qui compte et qui a toujours compté pour lui. 

Mon verdict : ★★★★☆

Barbüz
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Ghost Rider, Johnny Blaze, Lucifer, Dr. Strange, Numecet, Daniel Way, Javier Saltares, Mark Texeira, Dan Brown, Marvel, Panini Comics

3 commentaires:

  1. Ce sont donc les premiers épisodes de la saison écrite par Daniel Way, ce qui explique que tu n'ais pas mis de lien vers l'article consacré au tome 2 sur ton site.

    Way ne s'embarrasse pas de temps morts, ambiance de série B : je n'aime pas beaucoup l'écriture de Daniel Way, et effectivement cette ambiance de série B, voire Z. C'est la raison pour laquelle je n'avais pas tenté la lecture de Wolverine: Origins, ou de sa série Deadpool. Mais…

    … mais sa série Ghost Rider m'a longtemps tenté, surtout que Marvel avait sorti un tome Complete collection. Je n'ai pas sauté le pas, n'ayant pas envie de lire autant d'épisodes écrits par ce scénariste (19 au total), éprouvant toujours une once de regret du fait de l'artiste des épisodes 6 & 7.

    Son Ghost Rider qui crève l'écran - Le retour de Javier Saltares sur la série : je gardais un bon souvenir des premiers épisodes de la saison de 1990, consacrée à Danny Ketch, personnage qu'il avait cocréé avec Howard Mackie.

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    1. L'écriture de Way - Je comprends, il m'a fallu revenir plusieurs fois en arrière pour saisir ce qui se cachait derrière certaines de ses ellipses, et encore, je n'ai pas eu toutes les réponses à mes questions. Je m'étonne même qu'il ait tant écrit pour la franchise "X-Men".

      Les épisodes 6 et 7 : tu parles de Richard Corben (j'ai déjà feuilleté le prochain tome).

      Danny Ketch - Je ne sais pas sous quelle forme les lecteurs de VF auront ces épisodes (qui étaient sortis en magazine, sauf erreur de ma part) ; en omnibus ou l'intégrale en cours ?

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    2. Richard Corben : bon, si vraiment je ne veux pas rester sous l'emprise de regrets éternels, je pourrais toujours aller chercher sur internet… ou les lire en français.

      https://www.amazon.fr/Banner-Cage-Punisher-Richard-Corben/dp/2809476241/ref=cm_cr_srp_d_product_top?ie=UTF8

      Visiblement la 1ère saison du Ghost Rider version Danny Ketch avait été publiée par Semic.

      https://www.bedetheque.com/serie-5610-BD-Ghost-Rider-Semic.html

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