vendredi 29 mars 2024

Infamous Iron Man (tome 2) : "Fatalis, notre allié" (Panini Comics ; mai 2019)

Intitulé "Fatalis, notre allié", cet album est le second tome d'un diptyque consacré au docteur Fatalis. Au sommaire, les versions françaises des six derniers épisodes de la minisérie "Infamous Iron Man" : les #7-12 (de juin à novembre 2017). Cet ouvrage a été publié en mai 2019 par Panini Comics France dans la collection "Marvel Now!" de l'éditeur. Le recueil relié - de dimensions 17,5 × 26,7 centimètres ; avec couverture cartonnée - compte approximativement cent vingt et une planches, toutes en couleurs. 
Ces numéros (comme les précédents) ont été écrits par Brian Michael Bendis, le scénariste nord-américain. Au dessin (crayonnés et encrage), un compère de longue date, le Bulgare Alex Maleev. C'est Matt Hollingsworth qui compose la mise en couleurs. 

Précédemment, dans "Infamous Iron Man". Sonné par le Sorcier, Fatalis réussit cependant à échapper à la tentative d'arrestation menée par Sharon Carter, désormais directrice du SHIELD. Apprenant cela, Ironheart (Riri Williams) part aussitôt en chasse. 
À Philadelphie, le Herbie's accueille une réunion de super-vilains, dont le Démolisseur, le Laser vivant, Jigsaw, Razor-Fist et bien d'autres. Tous sont pendus aux lèvres du Sorcier, qui essaie de les convaincre de l'impossible : "Victor von Fatalis s'est rangé" ! Le Sorcier leur assure qu'il ne ment pas. Hood apparaît juste à temps pour confirmer que c'est la vérité ; mais "s'il y avait une chose dans ce putain de monde sur laquelle on pouvait compter, c'est que Fatalis soit égal à lui-même". Le Sorcier ricane : ainsi, Hood a reçu son message. Il ne pouvait faire autrement que de prévenir "absolument tout le monde". Fatalis "a eu le Penseur fou, il a eu Diablo". Aucun d'entre eux n'est à l'abri. Shockwave observe que le Sorcier, lui, a pu filer. L'autre ne se laisse pas déstabiliser, il a eu "de la chance". Hood confirme qu'ils ont vu les images. Le Sorcier continue son briefing. Fatalis dispose de sa technologie, en plus de celle de Stark et de sa magie noire. Étant au courant de nombreux secrets de ses anciens associés, il peut facilement les faire tomber. Il sait où sont enterrés leurs cadavres et où ils habitent ; pour le Boulet, il s'agit de "leur pire cauchemar"... 

Cela commence avec une superbe réunion de seconds couteaux tels que l'amateur du genre - même s'il ne les connaît pas tous - peut les affectionner. Passé un premier chapitre savoureux (le Herbie's, la Chose, l'interrogatoire du Démolisseur), Bendis tombe un peu dans le travers qui lui est habituellement reproché, ça tourne en rond. C'est d'abord imperceptible, car l'auteur communique vite cet amour de son péché mignon : les dialogues (au détriment de l'action - faut-il le préciser). C'est ainsi sans déplaisir aucun que le lecteur assiste à une succession de discussions, Fatalis et Ironheart, Ben et Reed (celle-là relève davantage du monologue), puis Fatalis et Stark, et enfin Ben et Johnny. Un peu d'action quand même, avant deux échanges supplémentaires, assez longs : entre Victor et sa mère, puis avec le Dr Strange. La question en filigrane n'est plus tant de savoir si Fatalis est sincère, mais plutôt de comprendre quelle figure est susceptible de soutenir sa démarche et de lui donner sa chance. Insistons à nouveau sur la qualité de l'écriture, car ce n'est pas d'un comic book ordinaire : toutes ces scènes donnent de la profondeur aux personnages et l'humour est loin d'être absent, quel que soit le protagoniste. Mais au fil des pages et des chapitres, il y a un risque que le lecteur commence à éprouver une certaine lassitude (ah, ces histoires de dimensions parallèles !) et à guetter des longueurs. Évidemment, au moment où tout cela commence à tourner en rond arrive le dernier numéro : c'est le clou absolu du spectacle, car Bendis s'y lâche. À peine l'antagoniste majeur est-il révélé, que le voilà qui brise le quatrième mur et s'adresse directement au lecteur. C'est aussi inattendu que bien pensé, car ce dernier pourra même se demander si ce n'est pas Bendis lui-même qui s'adresse à lui, en fin de compte. Cet exercice aussi drôle qu'inhabituel conclut une minisérie qui se distingue davantage par la qualité de ses dialogues et ses quelques séquences touchantes (conf. la Chose à Amsterdam) que par une action débridée (cela ne signifie pas qu'il n'y en a pas, mais elle est brève) ; autant d'ingrédients qui achèvent de placer "Infamous Iron Man" à part. 
La partie graphique de Maleev est sans faiblesse majeure. Le lecteur appréciera l'élégance du trait, le dosage savant de détail (cf. l'appartement de Ben ou la chambre de Victor) et surtout (dans le #8) la double page en gaufrier de dix-huit vignettes aux dimensions et cadrages identiques, chacune présentant une expression différente du visage de Reed. La magie est hélas réduite à de banals faisceaux d'énergie sans grande imagination, comme dans beaucoup de comic books : ce sont plus des rayons laser que des sorts originaux, malheureusement. Enfin, le lecteur devra prendre conscience de l'importance du travail de Hollingsworth. Sa contribution à l'atmosphère générale et son apport aux planches de Maleev sont cruciaux, surtout dans les derniers numéros. Ses magnifiques effets lumineux sont d'une indéniable réussite. 
Ce tome bénéficie de la présence de Jérémy Manesse à la traduction. Cela aurait été un sans-faute s'il n'y avait eu une vilaine boulette : Cynthia est "fière", pas "fier".

Voilà un dénouement probablement moins prévisible que ce qu'on attendait ; globalement réussie et plutôt plausible, la mini traite la question de la rédemption par le prisme super-héroïque de façon intéressante, mais laisse quelques points en suspens (la Latvérie). Évidemment, elle porte indiscutablement la griffe de l'auteur. 

Mon verdict : ★★★★☆

Barbüz
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Dr Fatalis, SHIELD, Sharon Carter, La Chose, Dr Strange, Cynthia von Fatalis, Reed Richards, Tony Stark, Ironheart, Le Sorcier, Le Démolisseur, Hood, Méphisto, Marvel Now!

2 commentaires:

  1. Visiblement une réussite d'un niveau supérieur à la moyenne.

    Le lecteur pourra même se demander si ce n'est pas Bendis lui-même qui s'adresse à lui : je présume que j'aurais fait la même remarque.

    Cette mini porte indiscutablement la griffe de l'auteur : c'est souvent le cas avec les récit de Brian Michael Bendis. Je me souviens par exemple avoir bien aimé son Moon Knight de 2011, où la aussi il écrivait à sa manière. Tout est alors question de dosage : entre ses tics d'écriture (facilement identifiable car il a beaucoup écrit) et le degré d'originalité de son approche (ou l'intensité de sa voix d'auteur dans le projet considéré).

    https://www.babelio.com/livres/Bendis-Moon-Knight-Marvel-KnightsTome-1--Vengeur/375040/critiques/714819
    https://www.babelio.com/livres/Bendis-Marvel-Knights-Tome-2--Moon-knight/437989/critiques/714821

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    1. Pour quelqu'un qui n'apprécie pas Bendis plus que ça, tes articles sont plutôt élogieux.
      Je vais ajouter ces "Moon Knight" à ma liste. En plus, avec Maleev et Hollingsworth, ça ne gâte rien.

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