jeudi 18 octobre 2018

Batman (tome 2) : "La Nuit des Hiboux" (Urban Comics ; avril 2013)

"La Nuit des Hiboux" est un album cartonné de cent quatre-vingt-cinq planches, sorti dans la collection "DC Renaissance" d'Urban Comics en avril 2013. C'est le second tome du "Batman" de la "Renaissance DC" ("New 52"), une démarche de DC Comics pour rafraîchir son univers et relancer au numéro un une gamme de cinquante-deux séries. Ce volume comprend les "Batman", du #8 (juin 2012) au #12 (avril), ainsi que le "Batman Annual" #1 (juillet).
Scott Snyder écrit les épisodes du mensuel, avec James Tynion IV pour les compléments et l'annuel. Greg Capullo dessine la série régulière (encrage de Jonathan Glapion, mise en couleurs de FCO Plascencia). Les compléments des #8-11 ("The Call" / "L'Appel aux armes" et "The Fall of the House of Wayne" / "La Chute de la maison Wayne") sont réalisés par Rafael Albuquerque, avec une mise en couleurs de Nathan Fairbairn, puis de Dave McCaig. Le #12 ("Ghost in the Machine" / "L'Esprit dans la machine") est signé Becky Cloonan et Andy Clarke, avec Sandu Florea à l'encrage et FCO Plascencia à la couleur. Jason Fabok produit l'annuel ("First Snow" / "Premières neiges") - Peter Steigerwald à la couleur.

À l'issue du tome précédent, Batman réussit à échapper aux Hiboux, rentre à la Bat-Cave, et révèle à Nightwing qu'il était censé devenir un Ergot. Les Hiboux lancent leur attaque sur Gotham City.
Le Manoir Wayne, la nuit. Bruce Wayne, plongé dans ses pensées, fixe une maquette de Gotham City dans l'obscurité. Il porte une robe de chambre; un large bandage recouvre son abdomen et ses blessures récentes. Longtemps, Bruce a cru qu'arpenter les trottoirs de la ville et en sentir les pavés sous le pied étaient les meilleurs moyens de la comprendre ; qu'il fallait écouter le silence des parcs enneigés, le grincement du métro lorsqu'il traverse la voie aérienne de la 3e avenue, ou observer le cortège nocturne des voitures. Voilà des semaines qu'il a pris conscience que cela n'était que chimère et qu'il était possible de passer toute sa vie au cœur de Gotham City sans la connaître totalement...

Relire le premier tome sera utile afin de saisir toutes les références. La structure de cet album est disparate : y figurent la série régulière, un récit de complément consacré au père d'Alfred, un autre qui revient sur les origines de Freeze et qui n'a qu'un rapport distant avec la Cour des Hiboux, et un dernier centré sur le personnage d'Harper Row. Tout n'est pas bon, loin de là ; dommage pour ces trois bouche-trous. Concernant le scénario principal, la réussite est au rendez-vous dans une intrigue qui multiplie les surprises et le grand spectacle à l'occasion de l'inévitable affrontement final. Certes, c'est expédié (le Chevalier noir récupère vite et les enchaînements sont rapides) et ça aurait gagné à être moins condensé. Néanmoins, Snyder oppose Batman à un double maléfique crédible de lui-même, de son totem, et de Bruce Wayne, et révèle un pan de l'enfance du héros, une période encore vierge (à part la tragédie connue de tous) qui offre des possibilités à un auteur imaginatif. Au bout de quelques épisodes, Capullo a déjà marqué cette série visuellement ; les planches - même originales - d'Albuquerque semblent hors de propos. C'est là qu'intervient la suite ("La Chute de la maison Wayne"), également dessinée par Albuquerque, un thriller peu intéressant dans lequel le niveau de tension reste plat, peut-être parce qu'il met en scène un nouveau personnage dans une apparition unique, sans portée. Snyder révise ici soixante-dix ans de canon inutilement en faisant d'Alfred un majordome qui n'entre en service que quelques années avant la mort des parents Wayne. Et puis, fallait-il vraiment prénommer le père d'Alfred "Jarvis" ? Le retour sur les origines de Freeze n'est guère plus réussi, bien qu'il montre une facette peu amène du Bruce Wayne homme d'affaires. Le trait inexpressif de Fabok n'apporte rien et l'émotion ne parvient pas à éclore. Le dernier complément est plus intéressant ; la jeune femme explique en quoi sa rencontre avec Batman a fait naître une vocation. Dommage qu'il y ait deux dessinateurs pour un seul chapitre.
La traduction de Jérôme Wicky est satisfaisante, mais notons une faute de mode qui revient trop fréquemment. La pagination est irrégulière, mais la maquette, dans l'ensemble, est soignée : résumé du premier tome, présentation des personnages, etc.

Malgré un bon scénario principal et les illustrations de Capullo, Snyder s'éparpille en révisant le canon, en amenant de nouveaux personnages, et en voulant connecter l'existant à ses créations ; une démarche dont cette série pâtira jusqu'à sa conclusion.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. J'ai lu ce tome et j'ai compris que le Batman de Scott Snyder n'était pas pour moi. J'ai laissé tomber la série et n'y suis revenu qu'après le départ de Snyder. Je partage ton avis sur la qualité du grand spectacle, même si Capullo a tendance à forcer la dose jsuqu'à ce que le lecteur puisse se demander, au vu des images, si Batman n'aurait pas des superpouvoirs, comme celui de voler. La révision de la continuité m'a été insupportable, que ce soit ces Hiboux (une société secrète de plus) sortant de nulle part et que Batman n'aurait jamais été capable de détecter, ou la révélation d'un frère caché, mal amenée, et entre 2 chaises (peut-être que c'est vrai, peut-être pas... on verra bien en fonction de la puissance des cris d'outrage des lecteurs).

    Une autre particularité qui m'a exaspéré est la référence aux grands récits de Batman, par exemple quand il active Fido, comme Carrie Kelley dans Dark Knight Returns. Il avait déjà fait le coup dans Sombres reflets, comme s'il voulait indiquer que ses récits se fondent sur les plus grands, et s'inscrivent dans le même registre. De Scott Snyder, je n'ai réussi à apprécier que Wytches avec Jock. J'ai tenté de lire Metal de Snyder et j'ai entièrement regretté mon achat.

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    1. Je suis entièrement d'accord avec toi.
      J'avais déjà été surpris par l'assurance de Snyder lorsqu'il avait laissé sous-entendre, dans une interview, qu'il souhaitait que son "Year Zero" s'inscrive dans la lignée du "Year One" de Miller. Maintenant, on connaît le résultat. Cela confirme ce que tu écris.
      Il a malheureusement fallu que j'achète "Metal", moi aussi ; j'espère ne pas être trop déçu à la lecture. De toute façon, je ne le lirai pas avant plusieurs mois au moins.

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